Sunny ❀ Guide pratique de l'inaction réfléchie.

Tap-Tap. Tap-Tap. Tap-tap.
Les doigts de Jay Blackwood ne cessaient de rencontrer le quartz clair du plan de travail de la cuisine et ce depuis  15 longues minutes. Son regard sombre fixait l’horloge avec une telle détermination , qu’il aurai pu la convaincre de faire avancer le temps plus vite si elle avait eu une conscience. Malheureusement pour lui, loin d’être magique , c’était sans doutes l’instrument le plus moldu de la maison. En face de lui , sa jeune sœur , assise en tailleurs sur sa chaise, le regardait avec autant d’application, jouant avec les céréales multicolores dans son bol.

« Tu ne veux pas arrêter ? Tu es perturbant. Je veux dire il n’est même pas encore 8 heures du matin , comment tu peux être aussi stressant ?
– On verra comment tu te comporte quand tu attendra les résultat de tes BUSEs l’été prochain. En attendant soit mignone mais continue de manger tes trucs de petite fille et fiche moi la paix! »

Sunny avait écarquillé les yeux de façon exagérée et levé les mains en signe de paix, mais il était clair même de cette façon qu’elle se moquait de lui. A son tour il avait soupiré et avait fini par poser son front sur la table en désespoir de cause. Avec un rire qui sonnait encore comme celui d’un enfant, sa petite sœur s’était penchée et avait tendue une main pour lui caresser les cheveux. Après quelques instant de silence il s’était finalement redressé, un peu plus dignement et avec un petit rire, tirer a lui le bol de céréales.  

La vie était douce.
Elle l’avait toujours été.
Même s’il avait pour sa part plus que l’âge de se rendre compte de la précarité de cette stabilité politique, de la violence qui commençait a saisir l’air a l’extérieur de ce cocon que leur parents avaient construit pour eux, il ne pouvait pas s’empêcher de penser qu’il aurait été bien, que Sunny, elle puisse être épargnée de tout cela.

Comme lui, elle avait grandi libérée de toute pression. Enfants d’une diplomate coréenne a la confédération des Mages et des sorciers, et d’un Juge-sorcier de l’application des peines, ils avaient grandi dans un milieu qu’ils savaient privilégiés. Ils n’avaient jamais manqué de rien, ni d’argent, ni de la présence de leur parents, ni de leur amour. Si le couple avait eu des ambition pour eux , ils avaient toujours fait en sorte de ne pas les laisser transpirer , de ne pas leur mettre ce poids sur les épaules. Et ça avait toujours marché. Ils avaient veillés a ce qu’ils ne soient pas totalement coupé de leurs deux cultures, alors qu’ils grandissaient en Écosse, ils avaient rendu de très régulières visite a leur famille en Corée. Une situation plus stressante pour les deux enfants, et il était évident que Sunny était celle qui avait toujours le plus mal vécu ces rencontres.

Leurs grands-parents, issus d’une vielle famille de Sang-pur , n’avaient jamais accepté tout à fait le fait que leur fille cadette aie choisis un sang-mêlé, pire, un occidental. Et ils avaient quelques peu rejeté cette frustration sur les petits-enfants , se donnant pour mission de leur donner une éducation plus stricte qui n’entacherai pas la dignité de la famille. Un cadre auquels ils n’étaient pas habitués et Sunny était comme un cheval sauvage, elle avait rué de toutes ses forces face à la bride qu’on lui avait tendu et refusé le mord. L’année précédente , elle avait demandé à ne plus y aller et sa demande avait été entendue.

Lui , il avait tenu le coup.
Peut- être que si elle était plus détendue sur le plan scolaire qu’il ne l’était c’était parce qu’elle, n’accordait aucune importance a la reconnaissance que pouvait lui accorder cette partie de la famille qu’elle rejetait. Lui, il s’en était rendu malade.

Sunny tenait de leur père une certaine nonchalance qu’il lui avait envié dans le passé et qu’il observait encore aujourd’hui avec une grande curiosité. Elle avait montré ses premier signes de magie quelque part entre ses 4 et 5 ans. Il n’était plus certain et en tout honnêteté sans doutes que personne ne le savait vraiment, ils avaient grandi dans une maison remplie de magie , qu’elle n’en fasse pas preuve aurai été bien plus surprenant que l’inverse, assurément.  Comme lui , elle avait fini par entrer à Poudlard et la ou il avait été admit a Serpentard, elle avait rejoint – a la surprise générale, la table des Bleu et Argent.

Surprise générale oui.
Pas que cela ait eu une réelle importance dans leur famille mais s’il y avait bien une personne qui y avait sa place c’était elle.  Et depuis toute petite elle s’était toujours illustrée par sa pratique artistique de ce qu’elle appelait « Inaction réfléchie ». Sunny pouvait passer des minutes, des heures parfois à analyser une situation , une tension et à chercher toutes les solutions pour la désamorcer , lister toutes les raisons d’agir, de ne pas agir pour finir par ne jamais mettre en œuvres ses idées.  Jamais. Si elle aimait la réflexion, le calcul que cela impliquait , elle n’avait aucun attrait pour l’action qu’elle soit bonne ou mauvaise.

Enfin,
peut-être que c’était précisément la raison pour laquelle elle avait sa place a Serdaigle. Peut-être. Dès sa première année elle s’était montrée, brillante, sinon, perspicace et avait sus comment se placer en tête des classements en choisissant avec précautions les sujets dans lesquels elle avait l’intention de s’investir en fonction de ce qu’il en était de ses facilités naturelles dans certains domaines.  Sa curiosité, faisant le reste.

Parce qu’elle avait une façon si particulière de se conduire, il avait gardé un œil sur elle les premières années, sans doutes qu’il avait conçu cette crainte qu’elle ne soit la cible de certains autres élèves mais a sa grande surprise ça n’était pas arrivé.  Si ça avait été le cas elle avait mené ses propres combats.

Le tic-tac de l’horloge continuait d’égrainer le temps. Immuable et impitoyable. Cette année serai la première ou il ne serai pas avec elle. Une nouvelle sorte d’angoisse s’était emparée de lui. Est-ce qu’elle serai bien sans lui ?  Et si la situation politique se dégradait encore ? Les écoles étaient souvent visées dans les premier temps, parce que s’en prendre a la jeunesse était une revendication forte.  Est-ce qu’elle irai bien ?

Son regard se posa une nouvelle fois sur elle, mangeant les céréales directement dans le paquet, feuilletant vaguement les pages d’un magazine pour jeune sorciers, ses prunelles avaient rencontré les siennes avec curiosité. Il espérait réellement qu’elle n’aurai jamais a se battre pour autre chose que des histoires de cour d’école.

« Vous êtes bien matinaux ... »

La voix encore rocailleuse de leur père avait léché les murs de la cuisine. Alors qu’il les détaillait avec attention.

« Jay avait peur de rater le hiboux des résultats de ses ASPICs.
– N’importe quoi ! Je voulais manger avant qu’il arrive parce qu’en suite je ne suis pas sur que j’arriverai à avaler quoique ce soit ! « 

Il avait nié avec assez peu de conviction. Le Juge avait rigolé franchement et avait passé ses mains dans les cheveux de son fils pour le décoiffer.

« Tout ira bien, mais honnêtement , je ne pense pas qu’il arrivera avant encore une heure. Merlin quand est-ce que je suis devenu vieux au point d’avoir un fils qui a fini Poudlard ?
– ça dépend, tu es né en quelle année déjà ..? »

La voix mutine de sa sœur avait retenti une nouvelle fois et il avait retenu un rire devant le visage de leur père.

« Sunny ? Cours ! »

Il avait conseillé alors qu’elle se sauvait dans un nouvel éclat.

Et alors ?
La vie était douce.

« On peu savoir ce que tu fait ici, Blackwood ?
– Mes devoirs, dans la salle commune, visiblement. Vraiment tu régresse Thorney.
– Sérieusement , j’ai encore des yeux , ce que je demande c’est ce que tu fais dans la salle commune de Poufsouffle.
– Mes devoirs. Je viens de te le dire. »
Pendant une seconde et demi environ, Cillian Thorney avait hésité a répondre quelque chose de profondément offensant mais il s’était retenu. Honnêtement il n’était pas certain que cela aurai changé quoique ce soit à la situation. Comme beaucoup d’autre cela faisait longtemps qu’il avait arrêté d’argumenter face aux excentricités de la serdaigle, ce n’était pas comme si elle était du genre à entendre les plaintes qu’on pouvait avoir a son endroit. Il la soupçonnait même d’en tirer une sorte de plaisir malicieux. Sunny Blackwood , du reste  était une personnalité lumineuse. Le cœur sur la main et pas la langue dans sa poche, beaucoup disaient qu’elle gagnait à être connue.

Elle avait un certain sens de l’humour et si on ne pouvait pas nier qu’elle pouvait être franchement acide, voir dangereusement cynique , il y avait quelque chose dans la douceur de son visage qui rendait cette morgue dangereusement drôle. Finalement on lui cédait sans doutes plus souvent pour cette particularité qui la rendait attachante que pour une supposée autorité.  Ce n’était pas qu’elle ne voulait pas être autoritaire, mais elle arrivait seulement a ressembler a un enfant ou un genre de poupée en train de faire une manière de caprice. Quelque part elle aurai eu tors de s’en priver, la plupart de leurs camarades étaient relativement heureux de lui céder dans une certaine mesure.  Et elle était assez avisée pour s’en être rendue compte et pour s’en servir. Assez maligne aussi pour ne pas dépasser la limite de ce qui était acceptable et de ce qui ne l’était pas.

Sunny était perspicace. Dans une pièce elle était souvent la première a additionner un et un et à agir en conséquence. Son sens commun pouvait être remis en cause mais les résultat qu’elle obtenait finissaient toujours par forcer une sorte de respect. Ou peut-être qu’elle avait seulement de la chance. Beaucoup de chance. Cillian ne savait pas trop. Il avait beau la connaître depuis 4 ans il n’était sur de rien a son sujet. À part peut-être de sa franchise ravageuse. Elle était ce genre de personne, dénuée de « politiquement correct » , il ne savait pas trop si c’était quelque chose de personnel ou si cela venait de son éducation , mais en ce qui la concernait elle considérait qu’elle pouvait dire n’importe quoi , du moment que c’était vrai. De la même façon qu’elle finissait toujours par dire ce qu’elle pensait ou ressentait sans trop de considération pour ses locuteurs qu’elle pouvait – et c’était assez souvent le cas – heurter. Sunny par exemple pensait qu’on aime parce qu’on aime , sans raison particulière et qu’on aime pas justement pour les mêmes raisons. Elle choisissait d’ailleurs ses amis sur le même genre de critères qui dépassaient l’entendement humain la plupart du temps et pour être parfaitement sincère : cela faisait longtemps que ses camarades avaient arrêtés de chercher a comprendre ce qu’il en était de son échelle de valeur.

Sunny était le genre de personne qui vous disait de vous taire si vous disiez un mot de trop ou qui lui déplaisait, ou qui pouvait produire des confessions spontanées de sentiments diverse. « je t’aime » ou «  je ne t’aime pas » le dire a voix haute n’était pas une difficulté particulière pour elle. Souvent, on lui pardonnait ses maladresse à la grâce d’un de ces sourires désarmants. En dépit d’une tendance a ignorer les doléances sur son comportement parfois dur a interpréter, la jeune sorcière avait le sens des responsabilités et elle savait reconnaître ses erreurs, s’excusant avec difficulté de les avoir commises mais payait toujours les pots cassés. Plutôt appliquée, studieuse, elle pouvait même se montrer pédagogue quand la situation l’exigeait. Plutôt généreuse aussi.

Mais son rire et sa joie de vivre valaient certainement la peine de passer outre sa singularité.
Plus que certainement.

« N’empêche que, c’est bientôt le couvre-feu.
– Je ne sais pas si on te la déjà dit, Torney : mais tu tue ma bonne humeur! »
Elle avait soupiré en le regardant , l’air relativement contrarié avant de finalement céder , ramassant ses affaires pour partir non sans lui avoir tiré la langue avec toute la maturité que l’ont pouvait attendre d’elle.