Une amitié qui dure et ne vieillit pas c'est quelque chose d'extraordinaire | Regulus & Barty

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egulus ne l'admettrait jamais à voix haute, mais la reprise était toujours difficile. Ce n'est pas qu'il avait glandé toutes les vacances, pourtant, au contraire, il s'était montré particulièrement appliqué et studieux, mais il était des domaines dans lesquels il était difficile de s'exercer hors des murs de Poudlard. Le vol sur balai en faisait partie. Le vert et argent s'entraînait autant que possible durant ses vacances, mais trouver un terrain approprié n'était pas évident, et on ne peut pas dire que l'ambiance au 12, square Grimmaurd l'ait vraiment invité à s'éclipser trop longtemps pour exercer ses talents d'attrapeurs. En l'absence de Sirius, il savait qu'il devait se montrer le plus présent possible, pour son père mais surtout pour sa mère, afin de prouver à ses géniteurs qu'il restait un Black, au sein de ce foyer, qui tenait véritablement la route, et dont les exploits futurs sauraient faire taire pour de bon le seul souvenir de leur fils indigne, rayé de la carte et de l'arbre généalogique.

Sans être rouillé, il reconnaissait que ses performances lors de l'entraînement, ce soir-là, n'avaient pas été aussi... exceptionnelles qu'il l'aurait voulu. Oh, il n'avait pas été mauvais (en même temps, Regulus considéré qu'à moins de lui couper un bras et une jambe, il resterait le meilleur attrapeur de Poudlard, toutes équipes confondues), mais il savait qu'il aurait pu faire mieux malgré tout. Il avait tout intérêt de mettre les bouchées double en dehors des cours, même s'il ne devait pas non plus négliger ses devoirs, surtout une année aussi cruciale que celle des BUSE (mais Regulus se sentait parfaitement capable de tenir la distance).

C'était un peu frustré, donc, qu'il avait retrouvé sa salle commune après son entraînement. Un regard circulaire lui permit de repérer la présence de son meilleur ami, occupé à éplucher les articles du journal du jour. Sans hésiter, Regulus vint s'installer à côté de lui. S'il y avait bien une personne dans l'école de magie qui le comprenait lui ainsi que ses ambitions, c'était bien Barty, et il avait une petite idée des raisons qui faisaient qu'il était à ce point plongé dans sa lecture. Tout événement lié au maître, à leur futur maître, était bon à prendre en considération.

-Salut, répondit-il dans une esquisse de sourire, rare chez lui. Des infos intéressantes ? demanda-t-il en désignant le journal d'un léger geste de la tête.

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a passion commune de Regulus et Barty pour Lord Voldemort pouvait passer pour singulièrement malsaine, admirer cet homme n'était pas comparable à l'admiration que l'on peut vouer à un chanteur célèbre ou à un grand joueur de Quidditch, mais Regulus estimait qu'elles ne l'étaient pas parce que la fascination qu'exerçaient ces célébrités de pacotille sur le lecteur moyen de Sorcière Hedbo était forcément futile, abstraite. Eux, ils avaient choisi de s'intéresser à un individu qui changerait à coup sûr la face du monde, et ils ne se contentaient pas de l'admirer en silence.

Ils faisaient de mille et des cents pour rejoindre ses rangs le moment venu. Ils avaient de vrais projets, des projets qui changeraient la face du monde. Aussi, même si certains ne comprenaient peut-être pas, rechercher ne serait-ce qu'un semblant d'information dans le journal du jour au sujet du seigneur des ténèbres, ce n'était pas un passe-temps anodin ou superficiel, c'était une façon de se rapprocher encore davantage de leurs ambitions respectives.

Malheureusement, Barty lui apprit n'avoir rien dégotté d'intéressant dans la Gazette... Regulus n'était pas surpris. Il ne s'écoulait pas un jour sans que l'on entende parler du mage noir, c'est vrai, mais il fallait attendre un vrai coup d'éclat, un vrai changement pour que ces idiotss de la presse décident d'en faire leurs choux gras. Si c'était frustrant pour eux, le vert et argent se consolait en se disant que ce devait, en revanche, être entièrement calculé de la part de leur futur maître. Il était sans doute entièrement capable de gérer sa couverture médiatique, de décider que l'on parle de lui ou non, de choisir d'être discret quand il le fallait, magistral quand il le décidait... Il n'empêche, malgré tout, Regulus n'aurait malgré tout pas craché sur une info ou deux à se mettre sous la dent, prétendre le contraire serait mentir.

-Son prestige n'en sera que plus grand le moment venu, assura Regulus d'un ton confiant.

Et pour cause, que l'on parle ou non de leur futur maître, rien n'y changeait, il restait l'homme qui avait la pleine maîtrise de la situation, celui qui bouleverserait enfin l'ordre du monde dans le bon sens. Alors, évidemment, ils ne pouvaient que lui faire confiance, et se reposer sur cette certitude. Même si l'attente n'en était pas moins diablement longue.

-Comment tu vas, sinon ?

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Regulus n’était pas étonné du tout d’entendre la réponse de Barty, ce dernier ne lui avait jamais rien caché de ses déboires familiaux, tout comme Regulus avait toujours été très transparent auprès de son meilleur ami sur sa propre vie… exception faite de son attachement à Sirius, qu’il prenait grand soin de nier… Mais puisqu’il s’efforçait de se le cacher à lui-même, il ne fallait pas s’étonner qu’il n’en parle pas à Barty. Alors oui, Regulus savait quels rapports conflictuels Barty Sr et Jr entretenaient tous les deux, et le parti de Regulus était vite pris dans l’affaire.

Il n’avait jamais connu ce genre de rapports conflictuels avec ses propres parents, mais il comprenait bien que pour son ami, ce devait être une véritable respiration que de retourner à Poudlard, où il pouvait se concentrer pleinement sur son objectif sans être constamment parasité par son géniteur, incapable de le comprendre, moins capable encore de le soutenir. Au moins, il avait sa mère. Mais Regulus comprenait que Barty se sente mieux ici que chez lui. L’air de rien, Regulus avait attendu avec la plus grande impatience de revenir lui aussi, même si revenir à Poudlard, c’était s’infliger à nouveau la présence de son grand frère après deux mois d’absence.

-Je suis pas mécontent d’être revenu moi aussi, répondit-il honnêtement. Ce qui était vrai, il avait été impatient de revenir. Certes, il n’avait aucune raison de se plaindre de ses parents, parce que même s’ils avaient… leur caractère (surtout sa mère), mais l’ambiance avait été très particulière, et pesante, à la longue. Ma mère n’a pas décoléré de tout l’été, c’était un peu… redondant, répondit-il dans un haussement d’épaules.

Quiconque avait déjà vu Walburga Black en colère savait pertinemment qu’elle était clairement redoutable dans ces moments-là, et qu’il valait mieux laisser couler et attendre que ça passe. Regulus ne pensait pas nécessaire d’expliquer les raisons de la colère de Mrs Black, Regulus avait écrit à Barty durant l’été, et forcément, quand Sirius était parti, il lui en avait parlé. Sans aucune forme d’émotion, à titre informatif, plutôt, le tout suivi d’un « bon débarras », qui était à peu près la seule conclusion possible à la situation. Et effectivement, que dire sinon « bon débarras » ? C’était le cas. Et il le pensait, objectivement. Il avait entaché assez longtemps la réputation de sa famille. A présent, ils pouvaient repartir sur des bases bien plus saines tous autant qu'ils étaient.

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n effet, Barty pouvait croire Regulus sur parole, et pour cause, s'il en était un qui en avait entendu des vertes et des pas mûres au sujet de Walburga Black (de sa part en tout cas), et qui avait pu voir le phénomène en personne, qui pls est, c'était lui.

Certes, Regulus gardait un respect profond et un amour immense pour sa mère, et il ne supportait pas le moindre faux pas qui pouvait éventuellement faire baisser l'estime qu'elle avait de lui, et jamais il ne la qualifierait effrontément de folle comme se permettait de le faire Sirius, mais bon... il fallait admettre qu'elle avait du caractère. Et pour le coup, on pouvait dire qu'elle avait de bonnes raisons d'être en colère. Certes, Sirius était un cas désespéré, et ils auraient tous dû lâcher le morceau depuis bien longtemps (dès l'instant où il avait atterri chez les Gryffondor, en fait), mais c'était toujours plus facile à dire qu'à faire, ce genre de choses. Regulus ne pouvait pas franchement blâmer sa mère alors que lui aussi avait espéré que son frère reviendrait à la raison. Sans succès. Mais pour la peine, oui, son été n'avait de toute évidence pas été reposant. Comme celui de Barty Jr. avait pu ne pas l'être (quand on voyait quel phénomène il se coltinait, lui aussi, en tant que paternel)...

-Je te le fais pas dire, répondit Regulus quand son meilleur ami observa que leurs étés (et leurs vacances en général, en réalité) seraient beaucoup plus supportables s'ils décidaient de les passer ensemble. Regulus ne pouvait qu'être de cet avis. Et maintenant qu'il en parlait, ce n'était pas une perspective si improbable que ça. C'est pas impossible, tu sais. Tu pourrais venir chez nous, si tu veux. Je suis sûr que mes parents seraient d'accord. L'un et l'autre appréciaient Regulus, en même temps, il était digne de son sang, et sa famille descendait des Black, il y avait des Croupton sur la tâpisserie familiale, après tout, ça jouait en sa faveur. En plus, on a une chambre de libre, maintenant.

Autant faire contre mauvaise fortune bon coeur. Si Regulus devait accepter d'avoir perdu pour de bon son frère de soeur, autant se satisfaire d'avoir un frère de coeur, ce qui valait beaucoup mieux, en fin de compte.

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egulus hocha la tête quand Barty affirma que lui-même serait ravi de cette proposition, si ses parents étaient d'accord de leur côté. Le vert et argent ne se faisait aucune inquiétude à ce sujet. Ses parents n'étaient pas franchement du genre arrangeant (enfin, soyons honnêtes, sa mère, surtout, n'était pas du genre arrangeant), mais il savait qu'ils appréciaient son meilleur ami, et surtout, à l'heure où leur second fils était une déception constante au point de ne plus être un fils du tout, ils seraient sans doute ravis d'avoir sous leurs yeux la preuve que les fréquentations de Regulus, elles, étaient absolument irréprochable. Alors non, ça ne devrait définitivement pas poser de problème. Et au bout du compte, ça devrait même arranger tout le monde.

Bon, ils avaient effectivement le temps d'en reparler, ce n'est pas comme si les prochaines vacances étaient proches de pointer le bout de leur nez, en effet, et tant qu'ils étaient à Poudlard, ces problématiques ne se posaient pas réellement, mais c'était toujours bien d'avoir ce genre de perspectives à l'esprit. Disons que ça avait le mérite d'enthousiasmer un peu Regulus, qui pressentait qu'en l'absence de compagnie, ses vacances seraient certainement insupportables. Il serait le premier à défendre bec et ongles Walburga Black contre tous ceux qui la qualifieraient de folle (Sirius en tête), il reconnaissait malgré tout que passer son été ou les fêtes à l'entendre râler n'était pas non plus l'idée la plus réjouissante qu'on puisse concevoir. Si son meilleur ami était là pour lui tenir compagnie, en revanche, ça changeait bien évidemment la donne. Enfin, chaque chose en son temps. Ils avaient déjà fort à faire ici, même si Regulus continuait d’estimer qu’il aurait bien davantage à faire ailleurs, pour tout dire, mais ce n’était pas à lui d’en décider. Il devait de toute façon en finir avec sa scolarité pour acquérir le plus de compétences possible et devenir le plus utile possible, par la même, au seigneur des ténèbres. Il y pensait tout le temps, et pourtant, ça lui paraissait terriblement lointain, malheureusement. Mais ça changerait, et ce jour-là, il serait sans doute satisfait d’avoir su développer les acquis qu’il pensait déjà posséder pour certains.

-Il faut que je mette les bouchées doubles, cette année, il est hors de question que j’obtienne moins d’Optimal dans toutes les matières à mes BUSE. Et il est hors de question qu’une autre maison remporte la coupe de Quidditch cette année.

Regulus avait déjà un programme bien établi, une vision précise de ce que serait son année scolaire. Il tablait sur l’excellence. Et il ne pouvait pas être question qu’il ne l’atteigne pas.

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egulus adressa un sourire à Barty quand ce dernier l'encouragea, lui assurant qu'il ne se faisait aucun souci le concernant. Il appréciait d'autant plus ces encouragements qu'il les savait sincère. Barty n'était pas du genre à brosser les autres dans le sens du poil, il estimait tout un chacun à sa juste valeur, ni plus ni moins, et c'était une chose que le futur mangemort appréciait chez lui. Pour autant, l'assurance que Barty avait concernant l'excellence de ses résultats à venir et la réussite de ses projets futurs ne constituait pas un tapis de lauriers sr lequel le vert et argent irait se vautrer sans plus faire aucun effort.

Le jeune homme avait de l'ambition à revendre, et ne manquait certainement pas de confiance en lui. S'il voulait être le meilleur, c'est parce qu'il savait que ce n'était pas une ambition inaccessible pour lui. Mais elle exigeait de la discipline et un travail constant, et de ne jamais se reposer sur ses seuls acquis. Alors quand bien même ni ses parents, ni ses amis, ni ses professeurs ne s'inqiétaient de le voir réussir tout ce qu'il choisissait d'entreprendre, lui-même n'accepterait de le croire qu'une fois les résultats de ses BUSE obtenus, qu'une fois la coupe de Quidditch entre ses mains, qu'une fois la marque des ténèbres gravée à l'encre noire sur son avant-bras.

Il voulait réussir dans tous les domaines possibles, du moins ceux qui lui permettraient d'être me meilleur serviteur de son futur maître possible (être champion de bavboules ou pro du point de croix ne lui serait certainement pas très utile dans son futur, du moins l'espérait-il), et il restait un domaine qu'il ne faisait qu'effleurer pour le moment, mais qui le passionnait malgré tout terriblement, et c'était bien évidemment l'un de ses traits communs avec Barty : la magie noire.

Regulus récupéra avec avidité le livre que Barty lui tendit. En apparence, c'était un bouquin comme n'importe quel autre, mais Regulus savait très précisément ce qu'il renfermait. Sa chance, c'est que sa famille à lui n'était pas réfractaire du tout à la magie noire, ses parents lui avaient déjà organisé quelques sorties sur l'allée des embrumes, et ils avaient une collection d'objets ensorcelés qui de toute évidence n'étaient pas à mettre entre toutes les mains. Mais ses parents, malgré tout, et même s'ils encourageaient Regulus à s'y initier, ne la pratiquaient pas vraiment. Pas simple, en autodidacte, de maîtriser cet art subtil et dangereux, mais il n'était pas seul. Barty et lui pouvaient s'entraider dans cetapprentissage.

-Merci beaucoup, répondit Regulus en commençant à feuilleter l'ouvrage avec précaution. Est-ce qu'il y a un chapitre par lequel tu me conseillerais de commencer ?

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egulus hocha la tête en entendant son meilleur ami lui suggérer de commencer sa lecture par le septième chapitre. Certes, le vert et argent avait bien l'intention de lire l'intégralité de ces pages, car il était convaincu que tous les sujets abordés le fascineraient (et dans tous les cas, même si un sujet devait moins l'intéresser qu'un autre, ce n'est pas pour autant qu'il ne s'y intéresserait pas. Le but de la manoeuvre était d'acquérir un savoir et des compétences qui le rendraient indispensable aux yeux du seigneur des ténèbres).

Regulus avait vu juste. Tout ce qui avait trait à la magie du sang le fascinait. Et c'était bien normal. C'était une forme de magie extrêmement puissante et pourtant sous-exploitée... Quand on choisissait de l'utiliser pour une juste cause, on pouvait être certain d'atteindre son but. Lord Voldemort, qui qu'il fut avant d'être Lord Voldemort, n'en serait jamais arrivé là s'il n'avait pas su sortir des sentiers battus, s'il n'était pas parvenu à atteindre des seuils de compétences jamais égalés. Certes, Regulus n'avait pas la prétention de croire qu'il arriverait un jour à sa hauteur, mais il voulait tout du moins être le plus efficace et le plus performant possible. Il voulait devenir le mangemort sur lequel l'on pourrait compter à coup sûr. Celui à qui l'on confierait les missions prestigieuses, celui qui par son talent et sa présence serait capable de faire une différence.

Le vert et argent parcouru en diagonale le chapitre, surtout pour isoler les différentes thématiques abordées et le degré de précisions des mots inscrits dans cet ouvrage. Barty avait décidément déniché une perle rare, c'était... impressionnant. Il avait hâte de s'y mettre plus en détails, mais ça attendrait. Pour le moment, il voulait surtout profiter de la compagnie de son meilleur ami, envers qui il éprouvait une sincère reconnaissance pour cet empreint. Il comptait bien lui rendre la pareille, et le faisait bien souvent. Il avait cette chance de ne pas être le premier de sa famille à avoir trempé un orteil ou deux dans la magie noire... Personne n'avait fait le grand saut suffisamment profondément. Mais il estimait à présent que c'était son rôle, et il le remplirait avec fierté et honneur.

-Je veux passer à la pratique, observa Regulus en relevant le nez de l'ouvrage. La théorie, c'est très bien, mais j'ai envie de m'entraîner. Si on attend d'être sortis de Poudlard pour se familiariser concrètement avec ce genre de magie, on ne sera jamais prêts.

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ien sûr, quand Regulus parlait de passer à la pratique, il ne parlait pas de le faire là, maintenant, dans l'enceinte même de Poudlard, ce serait pure folie. Certes, il fallait certainement qu'il soit fou, plus qu'il n'acceptait de l'admettre, pour tenir aussi avidement à rejoindre les rangs de Lord Voldemort, mais en attendant, il tenait à sa réputation impeccable d'excellent élève et de vert et argent bien sous tout rapport. S'amuser à faire joujou avec des sortilèges de magie noire qu'ils n'avaient en plus aucune chance de maîtriser convenablement, c'était non seulement risqué, mais c'était proche de suicidaire, sachant que cela induisait plus ou moins de le faire sous le nez de Dumbledore, qui semblait au fait d'absolument tout ce qui se passait dans l'école.

Regulus avait déjà entendu dire que quand un élève éternuait en lisière de la forêt interdite, Dumbledore était capable de lui répondre "à tes souhaits" depuis son bureau. Non, il ne s'agirait pas de griller leurs chances aussi facilement. Sans oublier que le château devait être protégé par des dizaines de sorts de protection et de détection pour empêcher ce genre de situations de s'envenimer. S'ils se faisaient pincer, c'était pas un avertissement qu'ils risqueraient, c'était bien pire, et ils pourraient dire adieu à toutes leurs perspectives d'avenir. Alors non, il n'était évidemment pas question de faire ça à Poudlard, et Regulus espérait que son meilleur ami le savait suffisamment intelligent pour ne pas s'être imaginé qu'il puisse avoir sous-entendu une chose pareille.

Non, lui, il tenait surtout à exprimer le fond de sa pensée. Et si ce n'était pas à Poudlard qu'ils pouvaient s'entraîner, ça ne voulait pas dire qu'ils ne pouvaient pas faire leurs armes ailleurs, comme le suggérait à juste titre Barty. Ils n'avaient pas le choix, de toute manière. Ils pourraient être les élèves les plus brillants que Poudlard ait jamais connu, ça ne suffirait tout de même pas au moment de faire valoir la place de choix qu'ils tenaient à occuper au côté du seigneur des ténèbres.

-Dans le coin, ça va pas être évident. Le plus "sûr", c'était la forêt interdite, partant de ce principe... ce n'était donc pas sûr du tout. J'imagine que si on faisait ça chez moi, mes parents diraient rien, ils savent que c'est pour la bonne cause. Et ils pourraient les couvrir si on devait finir par les soupçonner de quoi que ce soit. Mais pour être efficace, il faudrait qu'on puisse s'entraîner le plus régulièrement possible, les vacances scolaires, ça suffit pas. On devrait s'arranger pour y aller le week-end, aussi.

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ace aux nouvelles perspectives qui s'offraient à eux, Regulus se sentait regonflé à bloc. C'était pile ce dont il avait besoin, de quelque chose de concret, de tangible, sur quoi s'appuyer. Il était sûr à la fois de ses convictions et de ses allégeances, de ce dont serait fait son avenir, mais il avait besoin de davantage.

Il avait besoin de se sentir prêt, de quitter Poudlard avec à l'esprit la conviction qu'il était capable de rivaliser avec n'importe quel mangemort qui avait pris sa place au côté du seigneur des ténèbres. Il ne voulait pas être le petit arriviste qui ne devrait sa place qu'à son sang-pur, il voulait briller parmi les mages noirs, il voulait faire partie de l'élite, et pour cela, quelques connaissances théoriques et une intelligence qu'il estimait plus importante que la moyenne. Donc bref, il était préférable de se préparer davantage, et Barty était totalement partant.

Oui, il avait eu besoin de ça pour se rappeler de se focaliser sur l'essentiel. Qu'est-ce qu'il en avait à faire, après tout, d'avoir perdu Sirius ? Il ne devrait vraiment pas se monter la tête pour si peu, c'était même plutôt ridicule. Un frère, il en avait un sous les yeux, pas de sang, certes, mais il l'avait choisi. Un frère qui ne l'avait jamais trahi, qui avait les mêmes convictions que lui, qui voyait le monde du même oeil. Oui, il avait des projets, et tous ces projets étaient parfaits, viables, en concordance totale avec ses rêves et ses aspiration.

-Parfait, dès demain j'envoie un courrier à mes parents et je te tiens au courant, mais il n'y aura aucun problème.

Il était peut-être un peu trop sûr de lui, mais il y avait de quoi. En ce qui concernait sa mère, c'était du tout cuit, elle serait infiniment fier de lui, et c'était la chose la plus importante aux yeux de Regulus, d'autant qu'il se devait par tous les moyens possibles de rattraper les nombreuses et innommables erreurs de son frère.

-Tu voudrais qu'on commence par quoi ?

Il y avait tant de choses à essayer, à expérimenter, comment savoir par quoi commencer exactement ? Tout lui paraissait être de la plus haute importance.

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ommencer par le commencement, par ces étapes qui semblaient insignifiantes et même, par certains aspects, une perte de temps, était sans doute la chose à faire, en effet. Regulus n'était pas très enthousiaste à l'idée de ne pas rentrer suffisamment immédiatement dans le vif du sujet, mais le jeune homme savait néanmoins que s'ils grillaient les étapes, ils n'auraient que l'illusion d'avancer un moment, avant d'être finalement bloqués. En bref, Barty était la voix de la sagesse en cet instant. Sans compter qu'ils ne devaient pas oublier qu'ils avaient respectivement quatorze et quinze ans. Autant dire que ce n'était rien du tout. Et qu'à ces âges-là, même si Regulus voulait croire qu'ils étaient capables de soulever des montagnes... ils restaient tout de même singulièrement limités.

-Oui, tu as raison, autant procéder point après point. C'est comme ça que ça marche, après tout... Mais si on veut être rapidement au point, il faudra qu'on puisse se libérer le plus de week-ends possibles. Il ne voulait surtout pas perdre de temps, il voulait être le sorcier le plus opérationnel qui puisse être quand viendrait le moment de se présenter auprès du seigneur des ténèbres dans l'espoir de rejoindre le groupe de ses fidèles. Il marqua une pause. Tu aimerais savoir maîtriser quel impardonnable en premier ? Moi, c'est l'imperium. Avoir le contrôle total sur l'esprit de quelqu'un d'autre, je trouve ça... fascinant.

Avada Kedavra, c'était expéditif, c'était vif, c'était brutal... ce serait sans doute utile, mais à la perspective de donner un jour la mort, Regulus n'était pas vraiment enthousiaste. La mort des autres était à ses yeux un mal nécessaire, et il cautionnait chacun des meurtres du seigneur des ténèbres en estimant que c'était la seule méthode valable pour asseoir son autorité et s'imposer comme le maître ultime.

Quant au sortilège de torture, il était sans doute celui qui rebutait le plus Regulus. Là encore, il comprenait l'usage pratique qu'il était possible de faire d'un doloris, sur le principe, bien sûr, cela permettait de mettre une victime au supplice, de punir ou d'obtenir des aveux... mais ce n'est définitivement pas ce qui l'intéressait le plus à l'heure actuelle. Et il s'interrogeait sur ce que pouvait être le point de vue de Barty sur la question.

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l n'y avait qu'avec Barty que Regulus pouvait se lancer tout naturellement dans débats aussi obscurs et dérangeants que la valeur des impardonnables. Il était convaincu que si d'autres attrapaient au vol leur conversation, ils en seraient horrifiés, mais en ce qui concernait le vert et argent, il prenait la chose avec un certain détachement. Il faut dire que quand c'était présenté de cette manière, il y avait quelque chose d'impersonnel, de détaché au débat.

Il était bien différent d'en discuter tranquillement autour d'une table et de vraiment infliger ces sortilèges à quelqu'un d'autre. Le moment venu (car ce moment viendrait forcément, il ne pourrait en être autrement, quand il serait enfin au service du seigneur des ténèbres), il était convaincu que ça ne lui poserait aucun problème, qu'il saurait parfaitement s'y prendre et ne ressentirait aucune émotion ni aucun scrupule à l'égard de ses victimes, mais bien évidemment, tout ça était parfaitement théorique. Il était bien plus possible - et logique - qu'il n'en mène pas large le jour où il devrait utiliser un impardonnable sur quelqu'un. Mais pour l'heure, il se pensait indifférent, et surtout, il se croyait invincible. Loin, bien loin d'imaginer que quoi que ce soit de tout ceci ne puisse franchement l'atteindre en quoi que ce soit.

-C'est un pouvoir illusoire, je trouve, répondit Regulus. La souffrance physique, c'est fort, bien sûr, mais ça ne vaudra jamais la torture psychologique. Je sais pas... je trouve ça... plus vulgaire. Pas toi ?

Il posait vraiment la question pour lancer le débat (oui oui, parce qu'il n'y avait rien de plus normal que de lancer tranquillement un débat sur la torture après tout - et pourquoi pas, hein), pas parce qu'il avait forcément une opinion arrêtée sur la question. Il avait son avis, mais l'opinion de Barty avait toujours beaucoup importé pour lui, et il était très curieux de savoir ce que son interlocuteur pouvait bien en penser de son propre côté.

En tout cas, ils étaient d'accord sur un point : l'impardonnable le plus redouté, celui que beaucoup aimeraient sans doute le plus naturellement maîtriser, n'était pas celui qui les intéressait le plus. Bien sûr, un avada kedavra, c'était toujours bien utile et bien pratique, mais ça ne les attirait pas outre mesure malgré tout. Il faut dire que c'était une méthode brève, expéditive. Elle manquait sans doute de panache.

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l est certain qu'il n'y avait pas grand monde d'autre avec qui il pourrait avoir une conversation à ce point sérieuse, un débat même, pourrait-on dire, sur les sortilèges impardonnables à privilégier ou non. Et oui, Regulus prenait toute cette conversation très au sérieux, et absolument sans en mesurer l'horreur. Il trouvait absolument normal que d'en discuter puisque l'usage de ces sortilèges impardonnables feraient partie de leur quotidien ensuite. On n'obtenait rien sans rien, il fallait consentir à ces méthodes, et tant qu'à faire les apprécier et les approuver si l'on tenait réellement à progresser sur le chemin de la grandeur et faire de ce monde ce qu'il pouvait être.

Est-ce que Regulus était en quoi que ce soit inquiet de discuter si légèrement du mal qu'il pourrait infliger à d'autres ? Pas le moins du monde. A vrai dire, il adorait opposer son opinion à celle de Barty et entendre ce que dernier avait à dire. En même temps, forcément qu'il ne pouvait pas penser autrement. Ils n'étaient pas devenus meilleurs amis pour rien, les deux. Ils savaient très précisément où ils allaient et pourquoi ils tenaient tant à y aller. Après, peu importe que leurs avis divergent sur certains points tant que leur dessein final demeurait le même. Et ça, ça ne faisait absolument aucun doute.

Oui, Regulus avait raison de faire remarquer que dans certains cas, les séquelles pouvaient devenir psychologiques, logique si on torturait quelqu'un sur le long terme, mais ça restait malgré tout relativement aléatoire. Ce n'était pas une chose sur laquelle Regulus, de son côté, prendrait la peine ou le risque de se reposer, en tout cas. Même s'il y passerait sans doute. La torture physique direct était tout de même un bon moyen de punir et d'obtenir rapidement ce que l'on voulait.

-Oui, ça semble logique qu'une torture sur le long terme et des séquelles psychologiques, mais ça laisse une part d'inconnu, tu n'as pas exactement la main sur la nature de ces séquelles, et à partir de là, tu n'as pas totalement le contrôle, répondit Regulus qui gardait tout de même un très grand intérêt pour les arguments que son interlocuteur pouvait lui donner. Après, c'est vrai que j'ai entendu ça aussi, qu'il était possible de résister à l'imperium... mais je pense pas que les gens qui y parviennent doivent être si nombreuses que ça... enfin j'imagine. Il sourit. C'est pour ça que je dois continuer de me renseigner. D'ailleurs, s'il y a un moyen de résister à l'imperium, on devrait sûrement s'appliquer à l'apprendre, tu crois pas ?

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