Un peu d’aide nous fait grand bien | Peter & Bertram

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i les BUSE et les résultats catastrophiques dont avait écopé Peter avaient eu le mérite de réduire assez drastiquement son emploi du temps et de le débarrasser d'un sacré nombre de matières dont suivre l'enseignement avait été un petit enfer pour lui (la métamorphose en tête - en même temps, McGonagall était hyper-stressante), elles avaient aussi réduit très drastiquement ses perspectives d'avenir. Quand ses meilleurs amis pouvaient espérer devenir des Aurors talentueux, des chasseurs de mages noirs réputés, Peter, lui... n'avait pas la moindre idée de ce qu'il allait faire de sa vie. Sa seule certitude, c'était qu'il devait briller autant que possible dans les matières qu'il poursuivait encore. C'était le seul moyen... et ce n'était pas gagné.

Car ce n'était pas parce qu'il avait réussi certaines de ses BUSE qu'il les avait obtenues haut la main non plus, loin de là, même. Oui, il avait réussi, par exemple, à obtenir un honorable Efforts exceptionnels en étude des moldus, mais il n'y avait pas spécialement de mérite à en retirer... et pour le reste... c'était globalement assez délicat. Il avait besoin qu'on l'aide à se mettre la tête au travail. Et pour ça, quand il ne se tournait pas vers Remus (ce qui était le cas la plupart du temps, mais il craignait souvent que son ami se lasse de ses questions - quant à James et Sirius, il n'osait même pas le leur demander), il demandait son aide à Bertram, qui en plus d'être un élève sympathique, intelligent et studieux, semblait toujours enthousiaste à l'idée d'aider les personnes en difficulté.

Ils avaient donc convenu qu'ils se retrouveraient à la bibliothèque pour travailler ensemble. Peter n'était pas spécialement impatient de s'y mettre, et en attendant le bleu et bronze, il imaginait mille manières de passer son temps qui n'impliqueraient aucun devoir et aucune révision, mais quand faut y aller...

-Salut... Hum... j'ai un devoir à rendre en sortilèges et je patauge totalement.

Ce qui était une manière délicate de dire qu'il était en dessous de tout. Les enchantements était l'une des rares matières "essentielles" qu'il était parvenu à poursuivre, avec la défense contre les forces du mal, alors il savait qu'il n'avait pas le droit de se louper.

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eter adressa un sourire reconnaissant à Bertram, il ne savait vraiment pas comment il ferait sans la patience proverbiale du bleu et bronze. Sans doute ne ferait-il pas grand-chose, en fin de compte, il faut bien le reconnaître, car le jeune homme lui communiquait le courage de croire un peu en lui dans les moments où il galérait le plus. Oh, bien sûr, ses meilleurs amis étaient les maîtres quand il était question de l'aider à s'affirmer, mais même si Bertram était singulièrement plus intelligent que lui (ce qui au passage n'était pas difficile), il ne souffrait pas du même complexe d'infériorité à son égard que concernant James, Sirius et Remus.

Malgré tout, le complexe d'infériorité était tout de même bien présent et justifiait que le rouge ait autant de mal à tirer quoi que ce soit de convenable de son devoir depuis qu'il s'y était attelé. Ce qui était tout de même un comble quand on savait qu'il n'avait plus tant de matières que ça sur lesquelles se concentrer, en fin de compte. Ca devrait être d'autant plus facile pour lui de se focaliser sur celles qui restaient. Mais non, pas du tout. Il était un cas désespéré... Ou en tout cas finissait-il par s'estimer comme tel.

-C'est sur les différents sorts agissant sur la mémoire, lui apprit-il alors.

Un sujet qui n'était pas inintéressant du tout mais qui comportait pas mal de subtilités, et même si ce n'était que de la théorie et qu'il y avait bien quelques ouvrages sur le sujet, Peter avait bien du mal à rédiger une dissertation qui se révèle véritablement cohérente et qui puisse lui valoir autre chose qu'une note relativement médiocre. Il était capable, à quelques occasions (relativement rares), d'élaborer un travail tout à fait correct, mais c'était toujours la confiance que le jeune homme avait en lui-même qui faisait obstacle à tout progrès. Il n'avait tout simplement pas confiance en son intuition, il appréhendait toujours de prendre des initiatives parce qu'il appréhendait qu'elles soient mauvaises. Il était de manière générale beaucoup plus simple de suivre le groupe, tout simplement, et de se noyer dans la masse, plutôt que de véritablement se lancer et faire quelque chose de son propre cru. Le risque de se planter était bien évidemmet présent, et c'était un risque que le jeune homme avait peur de prendre.

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e sujet n'avait pas l'air de rebuter le bleu et bronze, c'était déjà ça de gagné. En même temps, le jeune homme n'avait pas l'air d'être du genre à trouver quelque sujet de devoir que ce soit trop éprouvant pour lui, ce qui faisait une grande différence entre eux deux. Même s'il devait avoir affaire à un sujet qu'il était techniquement parfaitement susceptible de maîtriser (les animagi ou les loups-garous, par exemple, au pif), il réussissait tout de même à perdre ses moyens et à ne pas savoir exactement quoi faire. C'était absurde, c'est sûr, mais chez lui, c'était habituel. Et ce n'était pas prêt de s'arranger.

Il serait sans doute capable de ne pas être si mauvais que ça, du moins dans certains domaines, s'il prenait ne serait-ce qu'un peu la peine de croire en lui, mais ce n'était jamais le cas, et comme il se comparait toujours intellectuellement à ses trois meilleurs amis, ça n'arrangeait jamais les choses. Même quand il rendait un devoir disons... correct, il n'avait jamais la précision que pourrait avoir celui de ses camarades.

En l'occurrence, tandis qu'il hochait la tête et tendait mollement à Bertram le morceau de parchemin sur lequel il avait griffonné son plan, il avait presque honte de soumettre le plan en question au jugement de son interlocuteur. Il fallait bien en passer par là, sans quoi il ne progresserait évidemment jamais, mais quand même, il n'en menait pas large (comme à peu près tout le temps, certes). Il n'avait vraiment pas l'impression de briller par la qualité des quelques idées qu'il était parvenu à coucher sur le papier, et ces dernières, qui plus est, manquaient cruellement de substance et de précision. En tout cas selon lui. La vérité, c'est que Peter n'était même pas si bête, mais il se gâchait lui-même à force de se rabaisser. Quant à ses notes... le moins qu'on puisse dire est qu'elles n'étaient pas bien lisibles. Peter avait toujours eu une écriture brouillonne et peu soignée. Là, il avait une excuse, il n'était pas supposé montrer son plan de dissert à grand-monde, mais ses devoirs rendus étaient rarement plus beaux à voir, en fin de compte.

-Je suis pas vraiment convaincu. J'ai parlé du sort d'oubliette, de la pensine. De l'impact des sorts d'attaque sur la mémoire à court-terme, mais je suis pas sûr de ma conclusion et de mon ouverture sur les potions de mémoire et les rapeltouts. J'ai l'impression d'oublier tout un tas de truc.

Ce qui était un comble quand on traitait d'un sujet sur la mémoire, justement.

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e simple fait que Bertram lui apprenne qu'il n'était pas totalement à côté de la plaque rassurait déjà très largement le rouge et or. Quand il était question de taper à côté du sujet, Peter était un pro, et parfois, c'était pour des raisons complètement stupides, parce qu'il se laissait rattraper une fois de plus par sa fichue confiance en berne qui lui laissait imaginer qu'aucune idée émanant de sa petite tête ne pouvait en valoir la peine.

Aussi, il pouvait avoir une idée, et la rejeter en ne l'assumant pas alors que c'était, en fin de compte, la bonne idée, celle qui aurait pu lui permettre d'obtenir autre chose qu'un piètre ou un désolant. Il savait que pour éviter ce genre d'écueils, il pouvait toujours demander l'opinion de ses meilleurs amis, qui n'avaient jamais refusé de l'aider, mais en vérité, se tourner constamment vers eux en bon ignare de service n'arrangeait pas du tout ses problèmes de confiance... au contraire, ça avait plutôt tendance à les empirer. Avec Bertram, c'était plus simple, parce que même s'il avait fini par l'apprécier, il l'avait bien davantage considéré comme une grosse tête (parce que gros cerveau, pas parce que gros ego) que comme un ami véritable.

Peter s'empressa de noter les idées neuves que lui donnait Bertram, et qui étaient évidemment très intelligentes (et auxquelles Peter n'aurait pas pensé une seule seconde), afin de ne pas les oublier ou omettre par erreur de les intégrer à son devoir.

-Génial, décréta-t-il en notant, merci. "Génial", le terme était peut-être un peu fort, parce qu'il ne s'agissait jamais que d'un simple devoir, mais c'était quand même déjà beaucoup. Il allait sûrement grapiller plus d'un point supplémentaire pour la peine. Ce ne serait définitivement pas du luxe. Même si avoir de bonnes idées ne suffirait évidemment pas. Il fallait encore savoir les organiser et les articuler, et là encore, Peter ne s'estimait pas forcément doué pour ça. Même si je sais pas grand-chose sur les oubliators et leur mode opératoire, en fait...

Il devinait en gros comment ça se passait, mais pas dans le détails, comment ils déterminaient, notamment, quelle parcelle de mémoire retirer, et après, il y avait les questions morales qui accompagnaient ce genre d'action.
Tiens, ça ferait une bonne conclusion, non ?

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our cette fois (et ce serait certainement la seule, selon lui), Peter en savait autant que Bertram sur un sujet. Si on lui avait demandé de décrire le métier d'oubliator, il se serait sans doute arrêté sur une description assez similaire à celle que lui fit le bleu et bronze. C'était assez symptomatique du comportement de Peter de manière générale. Il n'était pas rare qu'il ait les idées, voire les connaissances, mais il rechignait toujours à les formuler malgré tout. Par crainte, bien souvent, de taper à côté, de dire des bêtises, et de passer pour plus crétin qu'il avait déjà le sentiment de l'être. L'histoire de sa vie, en somme. Mais bref, oui, il aurait donné effectivement une description assez équivalente si on l'avait interrogé sur la question. Des employés du ministère qui se servaient du sortilèges d'Oubliette pour effacer la mémoire des témoins moldus afin de respecter le mieux possible le secret magique international.

Bon, en même temps, il n'y avait pas forcément besoin de beaucoup plus de détails. Il serait peut-être intéressant qu'il se renseigne sur le processus préalable à l'emploi du sortilège d'oubliette, car les uns et les autres étaient sans doute sondés, d'une façon ou d'une autre, avant d'être amnésiés, afin d'éviter les erreurs, mais en même temps, il n'était pas utile non plus de trop rentrer dans les détails (ce qui pour le coup arranger le rouge et or). Juste en parler, même en surface, ainsi que l'avait suggéré Bertram, afin de potentiellement grapiller des points en plus. Il hocha la tête. Il remercierait bien Bertram une fois de plus, mais il allait peut-être éviter de trop en rajouter malgré tout.

-Il faudrait que je trouve des bouquins pour étoffer un peu tout ça.

Traduire : pour faire du remplissage et donner l'impression d'être un peu plus intelligent. Un effort de recherche, dans tous les cas, était toujours apprécié. Et même s'il n'était pas un rat de bibliothèque (juste un rat, ça suffisait), et qu'il avait tendance à galérer dès qu'il s'agissait de faire un effort du genre, il pensait tout de même être capable de quelque chose s'il avait les bons ouvrages en mains. Il ne demandait pas la lune, qui plus est. Rien qu'un "acceptable", pour lui, c'était déjà très bien.

-T'en aurais à me conseiller ?

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ertram apparaissait, aux yeux de Peter, comme un jeune homme si intelligent, érudit et cultivé qu'il avait parfois le sentiment que le bleu et bronze devait avoir, par la force des choses, réponse à tout, avoir tout lu et tout savoir, raison pour laquelle profiter de son savoir et de sa pédagogie quand lui-même pédalait dans la semoule dans le cadre de l'un ou l'autre devoir n'était jamais une perte de temps mais, bien au contraire, une chance infinie. Aussi il s'était un peu attendu à ce que Bertram ait quelques titres d'ouvrages à lui proposer et fut presque déçu de constater que ce n'était pas le cas.

Bien sûr, le rouge et or savait que Bertram n'était pas réellement une encyclopédie vivante, mais en l'occurrence, il aurait bien aimé qu'il puisse d'autant plus lui prémâcher le travail. Ceci dit, il en avait déjà fait beaucoup à l'heure actuelle. Parler avec Bertram des devoirs sur lesquels il travaillait, c'était stimulant au sens où Peter réussissait presque à se sentir intelligent, par moments. Il savait mettre en valeur ses (rares) idées et leur apporter un nouvel éclairage. Il avait déjà l'impression d'y voir beaucoup plus clair sur son devoir, et le reste, il réussirait sans doute à l'étayer avec quelques livres (s'il ne cédait pas à la tentation du copier-coller, ce qui était un véritable risque). Bien sûr, la phase de rédaction serait forcément la plus délicate, car au panthéon de tous les talents que Peter ne possédait pas, il y avait l'écriture, mais il essaierait du moins de s'en sortir du mieux qu'il pouvait.

-Non, t'embête pas, ça je devrais réussir à le faire tout seul, répondit Peter avec un fin sourire.

Même si, en vérité, se documenter convenablement n'était pas toujours aussi simple qu'on le soupçonnerait, et Peter estimait lui-même qu'on ne saurait jamais trop présumer de son degré d'incompétence, dans quelque domaine que ce soit. Mais dans tous les cas, et même si Bertram acceptait de bon coeur de prendre sur son temps libre pour l'aider, le rouge et or avait déjà la nette impression de lui en avoir fait perdre beaucoup trop, et il n'avait aucune envie d'en rajouter encore.

-Tu m'as déjà bien aidé, là, je crois que je devrais pouvoir m'en sortir à peu près.

En ce qui le concernait, cela restait toutes proportions gardées, disons, mais peut-être qu'il réussirait à frôler la note "acceptable", pour cette fois, et déjà, ça suffirait à rebooster sa confiance en lui.

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l en faudrait bien plus à Peter qu'un vague sursaut d'intelligence pour reconnaître qu'il pouvait être bon à quelque chose, qu'il pouvait éventuellement être un bon élève et qu'il était capable de s'en sortir par ses propres moyens, sans réclamer de l'aide, sans se dévaloriser, et surtout sans se planquer dans l'ombre de qui que ce soit. Non, clairement, ce n'était pas cet épisode qui allait le révéler à une quelconque estime de lui-même. D'ailleurs, s'il devait prendre un risque quelconque et se reconnaître un quelconque talent, il déchanterait vite, parce que même en donnant le meilleur de lui-même, ses meilleurs amis le cloueraient toujours au poteau, indéniablement, inexorablement... et c'était aussi pour cela qu'il les avait choisis sans avoir jamais compris pourquoi, eux, l'avaient choisi. Parce qu'ils étaient tout ce qu'il ne réussiraient jamais à être, parce qu'ils valaient mieux que lui.

Mais ce n'étaient pas des mots que Bertram avait besoin d'entendre (même si ça ne ferait aucun mal à Peter que de dire les choses une bonne fois pour toutes, risquant par conséquent une pénible accumulation), et ce n'étaient pas des mots que Peter se sentait capable de prononcer dans tous les cas. Comme toujours, il allait ronger son frein, et faire comme si tout allait bien, comme si son absence totale de confiance en lui n'était pas le noeud de tous ses problèmes. Et plus on l'encouragerait à être quelqu'un d'autre, plus il s'obstinait à rester le même, parce qu'en plus d'être sacrément maladroit et peu confiant, il était capable de prendre la mouche pour un oui ou pour un non. Et il n'était pas loin de demander à Bertram, qui était pourtant d'une gentillesse absolue avec lui, de se mêler de ses oignons. Mais il allait faire de son mieux pour contrôler son fichu tempérament.

-C'est plus facile à dire qu'à faire, répondit-il à la place en tentant une esquisse de sourire, même s'il n'était pas sûr d'être convaincant. Quand bien même ça restait vrai. C'était plus facile à dire qu'à faire, mais on ne pouvait pas dire qu'il soit véritablement motivé à faire des efforts non plus. Mais merci. C'est sympa... de penser ça.

Et rien que prononcer ces mots en disait long sur tout ce qu'il y avait à changer dans son comportement.

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onstat ou pas, ça n'empêchait pas, dans tous les cas, Peter de trouver son interlocuteur sympathique, plus que ne l'était la moyenne des personnes qui daignaient lui adresser la paroles en règle générale. Et Peter ne pouvait s'empêcher de se dire que son discours était plus une façon comme une autre de l'encourager que l'expression pure et nette du fond de sa pensée. Peter avait bien trop peu confiance en lui, et certainement pas assez pour se dire qu'un compliment à son égard puisse être totalement sincère sans qu'il y ait à dénicher l'un ou l'autre vice caché.

Il grimaça en entendant Bertram ajouter qu'il était son pire ennemi. Il préférait largement se dire que Servilus était son pire ennemi, la cible était plus facile. Quoi que pour ce qui était de se détester lui-même, il était effectivement vrai que le rouge et or en connaissait un rayon. Il était passé largement maître dans l'art de l'autoflagellation permanente et du dégoût de soi constant. Et il faudrait sans doute bien plus que les propos pourtant lucides de son interlocuteur pour le convaincre d'avoir une autre vision de lui-même. Tout changerait dans la vie de Peter Pettigrow s'il devait accepter de se faire confiance et de croire en lui-même. Mais voilà, ça n'arriverait pas. L'adolescent en était tout bonnement incapable. Les compliments de Bertram lui faisaient plaisir, lui faisaient du bien, mais ils ne résolvaient certainement pas des problèmes que le jeune homme s'était construit pour lui seule au terme d'années et d'années d'autodestruction presque programmée.

-Oui enfin, faut pas abuser non plus, je suis loin d'être spécialement doué, ça aide pas non plus.

D'accord, il devrait plutôt tenir les propos de son interlocuteur pour dits et les apprécier à leur juste valeur. Il ne faut pas croire, il les appréciait, mais en même temps, même s'il avait clairement quelques capacités qu'il avait tendance à négliger par manque total de confiance en lui-même, il avait aussi tout un tas de tares et de défauts. Ce n'était pas juste son manque d'assurance qui entravait ses résultats scolaires. Il manquait aussi singulièrement de capacités mémorielles, d'esprit d'analyse, d'intelligence des nombres et des lettres. Bref, il n'était pas un cadeau pour lui-même. Et pas forcément pour les autres.

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eter haussa les épaules quand Bertram observa que même si l'adolescent n'était peut-être pas le plus doué (c'était une chose que même ceux qui cherchaient à le rassurer ne pouvaient nier manifestement), il n'était pas non plus la catastrophe qu'il prétendait être, il n'était pas un incapable fini. C'était une affirmation que le rouge et or ne pourrait s'empêcher de vouloir nuancer, mais sans doute son camarade n'avait-il pas tort. On ne pouvait pas, après tout, être nul en tout. Personne n'était un cas désespéré à ce point là. La preuve, c'est qu'il y avait tout de même des matières où il ne s'en sortait pas si mal, et des domaines qu'il avait le sentiment de maîtriser.

Le souci, certainement, c'est qu'il cherchait à soutenir la comparaison avec ses pairs, et quand on a pour philosophie de vie de toujours s'entourer de plus forts que soi, il ne faut pas se plaindre ensuite de faire éventuellement un complexe d'infériorité. Enfin... Dans tous les cas, il ne chercherait pas à contredire Bertram, sur ce point. Il n'avait pas vraiment d'arguments valables qui ne tiennent pas de l'autoapitoiement. Bon, s'apitoyer sur son sort n'était définitivement pas un souci pour Peter, mais il allait quand même se l'épargner en l'occurrence.

-Ouais, t'es pas le premier à me le dire. Même moi je me demande comment j'ai atterri à Gryffondor, répondit Peter dans un fin sourire.

Ce qui était vrai. D'autres lui avaient déjà fait la remarque, par curiosité ou dans l'intention d'être franchement blessant, mais la vérité, c'est que Peter avait souvent du mal à comprendre ce qui l'avait conduit dans cette maison. Oh, il était on ne peut plus fier de porter les couleurs rouge et or, c'était à ses yeux la meilleure maison entre toutes, mais tout de même, il ne pouvait s'empêcher de s'interroger. Bon, clairement, il n'aurait pas fait un bon Poufsouffle, son sens de la justice était bien souvent limité à ses seuls intérêts. Vu son désarroi face au travail scolaire, il aurait été un déplorable serdaigle.

En vérité, la maison qui lui aurait éventuellement correspondu, c'était les serpentards. Il n'était pas roublard, mais il était... ambitieux à sa manière, et du genre à faire les choses en douce. Mais le choixpeau avait choisi Gryffondor. Peut-être parce qu'il avait plus de courage qu'il n'acceptait de le voir, ce courage qui lui permettait de passer chaque nuit de pleine lune en compagnie d'un loup-garou sans vouloir être où que ce soit ailleurs. Et puis, de l'ego, il en avait, suffisamment pour se préoccuper très cruellement de l'opinion des autres à son sujet. Il ne l'affichait pas de la même manière que ses meilleurs amis, surtout.

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eter haussa les épaules, pas forcément convaincu par les propos de son interlocuteur quand ce dernier affirma que si le choixpeau l'avait envoyé à Gryffondor, c'est qu'il avait de bonnes raisons... très franchement, la seule vraie explication que l'adolescent voyait à la décision finale du couvre-chef parlant, c'était l'insistance avec laquelle Peter s'était répété en pensées qu'il voulait finir à Gryffondor. Il se disait forcément que le vieux bout de tissu avait eu pitié de lui, tout simplement. Et pourquoi ça ?

Parce que le gamin qu'il était à l'époque avait rencontré d'autres gamins dans le Poudlard-Express qu'il avait trouvé cools et sympathiques, et que leur compagnie lui avait permis d'avoir un peu moins peur à l'idée de se retrouver à Poudlard, avec peut-être même la promesse de ne pas être persécuté et harcelé comme il l'avait été durant toutes ses années primaires. Sirius avait été envoyé à Gryffondor, Remus aussi, il avait voulu suivre. Qui sait, si le choixpeau avait fait le choix de les envoyer à Serdaigle, voire même à Serpentard, sa vie aurait pris une tournure très différente... Peter n'était pas sûr que le choixpeau soit incorruptible, ou même que sa parole soit parole d'Evangile, surtout quand on décidait de sonder la personnalité d'un gamin de onze ans. A cet âge-là, on évoluait encore beaucoup, et encore heureux, d'ailleurs, parce qu'il y avait définitivement des efforts à faire.

-Oh bah c'est pas que je refuse le voir, hein, je demande que ça, mais pour l'instant, c'est pas flagrant. La preuve, même toi t'en as aucune idée.

Et généralement, les personnes autour de soi étaient plus à même que soi-même pour jauger de nos qualités et de nos compétences. Peter était le pire juge que l'on puisse imaginer pour se définir lui-même, mais en même temps, Bertram n'était pas forcément meilleur juge : ils ne se connaissaient pas si bien que ça tous les deux, même s'ils s'entendaient bien. En attendant, à partir du moment où il affirmait que le choixpeau avait "probablement" ses raisons, Peter avait forcément du mal à se sentir complètement convaincu pour ne pas dire qu'il ne l'était pas du tout, mais ça c'est encore une autre affaire.

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ertram n'était en effet pas le premier à faire remarquer à Peter qu'il avait des qualités, et qu'il refusait simplement de les voir. Ses meilleurs amis lui avaient d'ailleurs fait part des qualités en question, mais à chaque fois que ça avait été le cas, il refusait de les considérer comme telles, soit parce qu'il estimait que ces qualités lui correspondaient si mal que le compliment ne pouvait en aucun cas être pensé, soit parce qu'il réussissait à prendre cette qualité comme un défaut, car pas assez prononcé ou au contraire poussé à l'extrême. Oui, clairement, Peter avait des œillères, et même quand il acceptait de se reconnaître l'une ou l'autre qualité, ça ne servait au final pas à grand-chose, car dans l'intervalle, il considérait que tous les défauts qu'il possédait autrement, et qui eux étaient si faciles à lister, occultaient naturellement et d'office tout ce qu'il pourrait autrement posséder de qualités.

Et quand on lui disait qu'il avait des œillères, même si c'était dans le but de l'encourager et de lui faire comprendre qu'il valait bien plus que ce qu'il pouvait imaginer, eh bien, ça réussissait à avoir l'effet inverse sur lui. Il se disait qu'il devait agacer tout le monde, à se plaindre constamment, et qu'il devait passer pour quelqu'un de stupide et insupportable, à se dénigrer sans arrêt, ce qui le faisait se sentir encore plus bas que terre. Oui, il n'y avait absolument aucun cas de figure duquel il était vraiment possible de ressortir gagnant en fin de compte. C'était toujours la même chose.

-Moui, c'est possible, répondit-il dépité, en partie parce que Bertram avait raison, et en partie pour ne pas passer pour le râleur de service.

Au bout du compte, il ne savait pas vraiment ce qu'il faudrait qu'il fasse pour se sentir mieux dans sa peau. Il en venait à culpabiliser de se montrer à ce point réticent aux discours comme celui du bleu et bronze alors qu'il n'était pas le seul à en proférer. Est-ce qu'il était stupide de ne pas voir en lui-même ce que les autres avaient l'air de voir en lui alors qu'il était pourtant le principal concerné ? Oui... oui, ça devait être ça, en fait. Il était complètement stupide, c'était pas possible autrement. - On était pas sortis de l'auberge, on est bien d'accord.

-Bon, de toute façon, on est pas obligés de s'éterniser là-dessus, pas vrai ? J'aime pas parler de moi...

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-J'

ai remarqué, répondit Peter, pas pour se montrer antipathique, loin de là, mais parce que c'était le cas, en effet, Bertram était d'une franchise désarmante, pas le genre à garder les choses pour lui, ce qui était bien évidemment tout l'inverse de ce que le rouge et or était lui-même.

Ce n'était pas forcément agréable pour lui que de se retrouver en présence de ces personnes désarmantes de sincérité (mais ses meilleurs amis étaient pareils, même si Remus se révélait plus discret, pour des raisons absolument évidentes). Lui-même avait pour habitude de toujours tout garder pour lui. Ce n'était pas forcément qu'il n'avait pas envie de s'exprimer, mais il avait le sentiment que ce qu'il avait à dire allait forcément être mal interprété ou déplaire, il n'arrivait pas à imaginer que cela puisse vraiment intéresser quiconque dans tous les cas.

Peter était clairement de nature à se dévaloriser en n'importe quelle circonstance, y compris celle-ci. Ce n'était pas forcément agréable pour lui, non, mais ce n'était pas très juste de le reprocher aux autres, surtout quand ces autres voulaient seulement être attentifs à son ressenti : oui, certainement, mais cette situation était vraiment déplaisante néanmoins. Donc ce n'était pas de la faute si Peter s'était senti mal à l'aise : il était comme ça, c'est tout. Et s'il avait déjà du mal à partager et à s'ouvrir avec ses meilleurs amis, forcément, avec les autres, c'était encore plus difficile. Il préférait s'effacer au profit des autres et exister à travers eux, ça lui semblait être, à dire vrai, la meilleure des planques... Même si c'était loin de le rendre heureux ou franchement satisfait, mais ça c'était encore autre chose, bien sûr.

-C'est bien, hein, t'as raison de dire ce que tu penses, c'est cool, mais ça change rien au fait que quand ça me concerne, c'est pas spécialement intéressant dans tous les cas.

Et Peter considère que ça n'a que très peu, pour ne pas dire aucune, chance de l'être. Peter est du genre campé sur ses positions, et surtout, il gravite au milieu de personnes cent fois plus intéressantes que lui, évidemment qu'en comparaison, il n'estimait pas que faire de lui le centre d'aucune conversation revête ne serait-ce que le début du commencement du moindre intérêt.

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