Plutôt mal tombé. (Peter)

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es cours avaient peine commencé que Peter se sentait d'ores et déjà débordé. Il avait le sentiment qu'il ne réussirait jamais à venir à bout de la masse de travail qui lui était demandée, et pourtant, il savait qu'il avait moins de travail à faire que beaucoup de ses camarades, puisque les résultats catastrophiques de ses BUSE ne lui permettaient de suivre qu'un nombre restreint de cours (sans trop savoir ce qu'il en serait au bout du compte).

C'était d'ailleurs d'autant plus frustrant pour lui, au bout du compte, parce que déjà que le jeune homme n'avait pas besoin de grand-chose pour se sentir nul et à côté de la plaque, là c'était encore pire, vraiment pire... En même temps, c'est sûr qu'en côtoyant au quotidien trois adolescents particulièrement intelligents, dont deux qui ne fournissaient vraiment aucun effort particulier pour obtenir des résultats absolument brillants, il se sentait encore plus... bête. Il ne le reprochait pas à ses meilleurs amis, bien sûr. Ce n'était pas de leur faute, évidemment, s'il n'était bon à rien ou presque, mais ça n'arrangeait pas son humeur.

Il fallait qu'il travaille et qu'il mette les bouchées doubles, oui, mais à l'heure actuelle, il se sentait démoralisé, et il avait davantage envie de dévorer une tablette entière de chocolat dans l'instant que de se plonger dans un quelconque bouquin de cours pour réviser les notions que peut-être il maîtriserait trop mal.

Il sortait tout juste de son cours d'étude des Moldus. C'était une matière qu'il avait décidé de poursuivre par facilité, parce que son père étant un moldu, il avait grandi avec de bonnes notions dans ce domaine. Autant s'occtroyer des points faciles, tant qu'à faire. Tant qu'à faire, oui, sauf que visiblement, une bonne connaissance dans ce domaine (qui lui avait permis d'obtenir sa meilleure note aux BUSE en l'occurrence) ne suffisait pas du tout... bien au contraire, même. Car il fallait quand même être capable de rédiger une dissertation qui tienne la route... et apparemment, il s'était foiré. Première note de l'année, et c'était déjà un ratage complet. Peter se sentait au bout du rouleau, et pas franchement d'humeur à faire la conversation à qui que ce soit.

Mais même s'il n'avait envie de parler à personne, il fallait que - pour une fois - on décide de s'adresser à lui. Et pas n'importe qui, qui plus est. Xenophilius Lovegood, qui représentait aux yeux du rouge et or ni plus ni moins qu'une source de malheur ambulant. Là, tout de suite, il se sentait particulièrement mal à la simple perspective de lui parler. Et vu la manière dont il l'aborda... ça n'allait pas l'arranger, mais alors pas du tout.

-Des quoi ? Il regretta presqu'aussitôt sa question. Non, ça va bien, ajouta-t-il d'un ton trop sombre pour être vraiment convaincant.

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out préoccupé qu'il était, Peter n'avait pas la moindre intention d'en parler. Déjà avec ses meilleurs amis, il ne se serait pas laissé allé aux confidences de crainte de passer pour un idiot ou un geignard, alors ce n'était certainement pas le premier venu qui aurait le droit à ses lamentations. Encore moins si le premier venu en question devait être Xenophilius Lovegood. D'accord, il voulait bien supposer que le bleu et bronze était bien intentionné, qu'il se faisait du souci por lui et voulait juste s'assurer qu'il allait bien, mais le rouge et or, de son côté, ne pensait pas qu'une conversation avec son camarade serait en quoi que ce soit susceptible de le calmer... Au contraire, même, ajouter de l'embarras à l'embarras n'annulait pas l'embarras, aux dernières nouvelles, et le degré de malaise qu'il ressentait en cet instant... s'il existait vraiment une échelle du malaise... excédait de très loin les mille pour peu qu'on considère mille comme le degré le plus évolué.

-C'est bon, je t'ai dit que ça allait bien, c'est toi qui m'embrouilles, répliqua-t-il un peu sèchement, presque agressif.

Pourtant, l'agressivité n'était pas spécialement dans les attributions du jeune homme (contrairement à la couardise - dans ce domaine, en revanche, il avait largement de la ressource). Mais il avait tendance à réagir un peu trop brutalement quand il se sentait mal à l'aise et menacé. Quand Xenophilius Lovegood le regardait, il avait le sentiment d'être passé au crible, et c'était le sentiment le plus déplaisant du monde. Que le bleu et bronze insiste ou pas, ça ne changerait rien de toute manière, il n'avait pas l'intention de s'épancher soudainement sur ses problèmes, qui de toute manière n'étaient pas si graves que cela et ne méritaient même pas d'être considérés comme des problèmes au bout du compte. Et c'était tout de même vrai que Xenophilius avait tendance à l'embrouiller, avec ces histoires de ronflaks cornus et il ne savait quoi d'autre. Il y avait suffisamment de bizarreries comme ça dans le monde, il ne pensait pas forcément qu'il soit nécessaire de s'en inventer, que ce soit parce qu'on était complètement taré ou juste parce qu'on avait envie de se rendre intéressant (et dans le cas de Lovegood, Peter aurait plutôt tendance à pencher pour la folie, de toute évidence).

-T'as pas des... nargouales ou je sais pas quoi à chercher, plutôt ?

Il lui semblait avoir entendu ce mot sortir de sa bouche, un jour. Le mot exact étant "nargoles", les puristes savent (toi même tu sais), mais il n'avait pas vraiment l'intention de prêter trop d'attention aux élucubrations de Lovegood (il était autrement plus occupé à boire religieusement les paroles de ses meilleurs amis, on ne peut pas tout faire, quand même).

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es nargoles, pas des nargouales... Ok, d'accord, si ça lui faisait plaisir. Que ce soit l'un ou l'autre, pour Peter, ça ne changeait pas grand-chose, ça restait l'une de ces espèces de créatures chelou dont le bleu et bronze était convaincu de l'existence et que Peter préférait considérer comme des affabulations de sa part, tout en admettant que le fait que le jeune homme en parle si sérieusement, sans jamais employer le ton de la plaisanterie, le mettait plus que profondément mal à l'aise.

Alors oui, si Lovegood pouvait avoir des nargoles à venir chercher ailleurs, Peter lui en serait au-delà de reconnaissant, mais visiblement, le serdaigle préférait continuer de lui tenir compagnie et donc de se montrer d'une présence particulièrement inconfortable pour lui. Oui, ce n'était pas ici qu'il en trouverait, des nargoles, et ça arrangeait bien Peter... s'il pouvait venir à Xeno l'idée d'aller les chercher loin, très loin de lui, ce serait un vrai soulagement. Mais non, il ne fallait de toute évidence pas y compter, et à la place, le bleu et bronze semblait préférer, visiblement, évoquer avec lui une autre de ses lubies. Super. Vraiment. Absolument génial. Entre les ronflaks, les nargoles et les joncheruines, il avait droit à absolument tout le bestiaire, sans aucune exception. Un vrai supplice s'il en est.

Peter fut tenté de demander ce que ça pouvait être que des joncheruines, et il devait admettre que l'idée qu'il y ait des machins avec éventuellement des pattes, des ailes et des antennes qui se baladait dans son cerveau le révulsait trop pour qu'il veuille en savoir véritablement davantage. Enfin, il avait dit autour de sa tête, pas dans sa tête, mais il n'en fallait pas plus pour exacerber l'imagination du jeune homme, il était presque tenté de faire disparaître ces créatures imaginaires d'une pichenette absolument pas imaginaire, elle, mais ce serait assez contreproductif, et il le savait bien.

-J'ai rien du tout autour de la tête, répondit Peter d'un ton morne. Il avait juste une envie, et c'était que son camarade fiche le camp, c'était quand même pas si difficile à concevoir, si ? Eh bien apparemment oui, parce que le jeune homme ne paraissait pas prêt de vouloir décamper malgré tout, pour le plus grand malheur du rouge et or qui avait le sentiment que chaque réplique qu'il prononçait n'avait que d'autant plus le don d'exacerber la curiosité du jeune homme, de l'inviter à rester. Et même si j'avais des trucs autour de la tête, ce serait pas tes oignons.

Sens de la répartie : zéro pointé, on est bien d'accord, mais Peter n'avait jamais été bien doué pour ça, en même temps. Sa seule envie, à lui, c'était qu'on le laisse tranquille, qu'on lui fiche une paix royale, et qu'on en parle plus.

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e bleu et bronze ne sembla pas s'offusquer le moins du monde d'entendre son interlocuteur lui répondre de la sorte. Quelque part, ce n'était pas plus mal, ça voulait dire qu'il ne prenait pas la mouche facilement, et Peter n'aimait pas franchement se mettre les gens à dos (il avait beaucoup trop besoin de plaire pour cela). Mais d'un autre côté, il se disait qu'en vexant son interlocuteur, il serait peut-être parvenu à l'inviter à s'en aller, rompant le malaise. Mais non, il en fallait visiblement plus pour se débarrasser du gêneur, qui en plus du reste et au lieu de lâcher l'affaire, répétait d'ores et déjà ce qu'il lui avait déjà dit. Une vérité, certes, mais une vérité toute relative, une vérité qu'il n'avait certainement pas envie de reconnaître en compagnie de son interlocuteur, en tout cas.

Peter aimerait donner tort à son interlocuteur en toute bonne foi, et lui affirmer haut et fort qu'il n'était pas préoccupé. Mais le fait est que préoccupé, il l'était effectivement... il l'était parce qu'il avait peur de s'éloigner de ses meilleurs amis à cause de son nouvel emploi du temps, il l'était parce qu'il avait peur de s'éloigner de ses meilleurs amis, point à la ligne. C'était une peur absurde, et que le reste des maraudeurs qualifierait d'irationnelle, mais c'était ce qu'il ressentait malgré tout, et il ne pouvait pas vraiment faire quoi que ce soit contre ça. Il ne savait pas lutter contre ses insécurités, mais une chose était tout de même certaine : ce n'était définitivement pas en pointant du doigt ces mêmes insécurités, peu importe de quelle manière, qu'elles allaient cesser de le bouleverser ou de le préoccuper. Et il n'avait vraiment pas envie que le dérangé de service qu'était Xenophilius Lovegood épilogue sur la question. Certes, ça n'avait pas l'air d'être son intention mais... en attendant, s'il savait faire preuve du minimum de délicatesse requis dans ce genre de circonstance, il n'évoquerait même pas la question, même pas une seule seconde.

-J'ai pas besoin de toi pour m'apprendre si je suis préoccupé ou pas, je suis le mieux placé pour le savoir, figure-toi.

Alors il ne voyait pas l'intérêt de le lui dire à moins que ce soit pour l'obliger à s'épancher sur les préoccupations en question. Et il ne le voulait pas, il ne le voulait surtout pas. Et puis quoi encore ? C'était comme le coup des rapeltout. A quoi ça servait, un truc pour rappeler qu'on avait oublié quelque chose sans pouvoir préciser quoi ?

-Et tout le monde a quelque chose qui le préoccupe, toi aussi, j'imagine, alors y a vraiment pas besoin d'en parler mille ans.

Même si là, c'était lui qui continuait d'en parler alors que Xenophilius ne l'aurait peut-être pas fait de son côté.

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eter avait bien des défauts (il estimait d'ailleurs qu'une journée entière ne suffirait pas à en faire toute la liste, loin de là), mais pas celui de centrer l'attention sur lui. C'était une des nombreuses ambiguités qui allaient avec son caractère. Il voudrait qu'on le remarque, être capable d'attirer l'attention comme étaient capables de le faire James ou Sirius, mais quand venait le moment de s'imposer ou de se faire voir, invariablement, il rebroussait chemin et il s'écrasait, parce qu'il estimait ne pas être légitime. Surtout, il savait qu'il n'était pas légitime.

Peter Pettigrow, de fait, ne confiait jamais ou très rarement ce qu'il avait sur le coeur, y compris à ses meilleurs amis, qui seraient pourtant prêt à lui adresser l'oreille la plus attentive. Il avait peur d'ennuyer, de faire pitié, il avait peur que toutes ses incertitudes, toutes ses insécurités, fassent de lui l'ami que personne ne voudrait avoir (et dans les faits, ses meilleurs amis finiraient par se dire qu'ils auraient mieux fait de s'épargner sa compagnie - s'ils ne mouraient pas avant). Et donc, s'il était contrarié, s'il avait quelque chose sur le coeur, il ne le confiait jamais. Pas à ses parents, pas aux maraudeurs, et certainement pas à Xenophilius Lovegood. Alors ce dernier pourrait bien le présenter de toutes les manières possibles, ça ne changerait vraiment rien, rien du tout.

-Ben j'ai pas envie, je suis peut-être bien avec mes joncheruines, qu'est-ce que t'en sais ?

Non, mais, il n'en revenait vraiment pas de ce qu'il était en train de dire, c'était n'importe quoi, vraiment. Il donnait presque du crédit à l'existence de ces joncheruines dans lesquels il ne croyait pourtant pas du tout, mais il se sentait coincé. C'étaient peut-être les meilleures intentions du monde qui motivaient le bleu et bronze, mais Peter, de son côté, était incapable de voir les choses de cette manière. La seule chose qu'il gardait à l'esprit, c'était qu'il se sentait terriblement mal à l'aise. Et c'était une chose qu'il risquait difficilement d'oublier tant le malaise était presque palpable.

-T'as des choses à dire, toi ? Et si t'en avais, t'aimerais m'en parler ?

Il ne le disait pas comme une invitation à entendre Xeno lui parler de ce qu'il avait sur le coeur. Il ne savait pas vraiment ce qui se tramait dans l'esprit de son interlocuteur, mais de toute évidence, il n'avait aucune intention d'en apprendre plus. Il se doutait bien que dans tous les cas, ce serait incompréhensible et angoissant. Mais il voulait renverser la situation. Xeno non plus ne voulait sans doute pas se confier à lui, pourquoi faire. Alors il pourrait peut-être comprendre qu'il était plus simple de ne rien dire du tout, ou de ne rien se dire l'un à l'autre en tout cas.

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eter, en vérité, n'avait aucune envie de recueillir les confidences de son interlocuteur. Il se fichait royalement de ce qui pouvait se passer dans la tête de Xenophilius Lovegood et il estimait même que moins il en savait à ce sujet, mieux c'était, et il ne s'en porterait définitivement pas plus mal. Il voulait seulement faire remarquer au bleu et bronze que confier ce qu'on a sur le coeur, c'est pas quelque chose qu'on devrait faire en compagnie du premier venu, mais il n'avait visiblement pas la même manière de voir les choses. Peter voulait bien reconnaître qu'il était parfois trop renfermé, mais Xeno, de son côté, était définitivement bizarre, comme type. Avec tout le naturel du monde, il lui assurait qu'il ne serait pas dérangé par le fait de se confier à lui... mais quelle idée.

Peter ne serait non seulement pas de bon conseil, mais en plus, pourrait tout à fait décider d'utiliser les confidences de son camarade à mauvais escient. Quand tu décidais de faire si aléatoirement confiance à tout le monde, comment pouvais-tu espérer être proche de qui que ce soit ? Bon, à chacun sa vision, mais celle de Peter et Xeno se rejoignaient si peu que c'en devenait ridicule... Cette discussion en elle-même n'avait aucun sens aux yeux de Peter. Xeno pouvait bien être armé des meilleures intentions du monde, le rouge et or ne changerait pas d'avis, c'était hors de question.

-Oui, et justement, je leur en parle, donc tu commences sérieusement à me souler avec tes remarques, j'ai pas besoin de toi.

Il était de mauvaise foi. Bien sûr, s'il devait se confier à quelqu'un, il le ferait à Remus, à James, à Sirius, et certainement pas à l'illuminé de service, mais ce n'était pas totalement vrai non plus qu'il confiait tout à ses meilleurs amis. Et c'était normal, il y avait une raison à cela. Enfin, ce n'était peut-être pas normal, mais il l'avait du moins rationalisé de longue date. Il se disait que s'il s'épanchait trop souvent sur ses incertitudes (ce qu'il lui arrivait de faire quand même), ses meilleurs amis allaient se lasser de lui, trouver qu'il n'était pas assez "cool" pour traîner avec eux et l'abandonner. En plus de ça, il n'avait pas de vrai problème, pas comme Remus, qui lui pourtant encaissait en se plaignant le moins possible. Enfin, puisque ses meilleurs amis engendraient sans le vouloir une partie de ses incertitudes, il ne se voyait pas leur en parler en face, en fait. Comment leur dire que son complexe d'infériorité déjà plus que latent était décuplé par leur assurance à toute épreuve et à leur intelligence dont il ne possédait que le dixième ? Il n'était pas sûr de lui, traîner avec des amis aussi incroyables était à double tranchant : il était fier d'être considéré comme leur ami... et conscient d'être juste le petit gros qui collait aux basques des trois autres.

-Tu veux bien me foutre la paix, maintenant ?

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