Grace ~ Princesses don't cry (Terminée)

Selwyn. Nom qui te collait déjà à la peau avant même que tu vois le jour. Titre d'ancienneté, de noblesse, de richesse.
À travers les décennies - non, les siècles - ta famille s'est imposée comme l'une des plus puissantes du monde magique, la pureté coulant dans vos veines depuis bien trop longtemps. Entre coups bas, relations hypocrites et intéressées et puissance brute, ce nom est devenu source de fierté pour les uns, de craintes pour les autres, de victoire pour vos alliés.

Selwyn. Tu portes ce nom, membre à part entière de cette illustre famille de sang-pur, les épaules basses, lourdes. Fardeau. Second enfant du couple formé par William et Ruth, ton éducation aurait dû être une parfaite réussite. Tu aurais dû être comme ton aînée, te calquer sur son comportement, sa façon de penser, son élégante et imposante apparence. Tu aurais dû être comme elle ; une parfaite Selwyn.

Ironie ; c'est en tentant que t'accrocher à leurs mots que tu as fini par t'en décrocher.

Jamais tu n'étais assez bien pour la rattraper. Jamais tu n'étais assez bien pour mériter l'éducation et l'amour de tes parents. Un sentiment bien inconnu ; depuis quand devient-on une famille aussi puissante en usant de sentiments ? Être fier. Se tenir informé. Tout savoir. Tout savoir faire. S'unir aux bons partenaires. Là est la source du pouvoir. C'est ce qui se dit... C'est ce qu'ils disent tous.
Alors pendant que ta sœur recevait attentions et louanges, tu ne pouvais que trouver refuge aux côtés de ton elfe de maison qui reçu pour ordre de subvenir à tous tes besoins. Là était ton premier écart Grace ; cet être que l'on décrivait comme inférieur aux sorciers est devenu la "personne" que tu admires le plus. Loyal, renfermant une puissance capable d'égaler celle des sorciers. C'est à la fois consciente de sa condition et naïve que tu lui as promis de ne jamais le libérer, là étant le plus beau cadeau que tu pouvais lui faire en guise de remerciement. Quel paradoxe aussi, de confier la santé et l'éducation de son enfant à une "créature" à un "esclave". C'est qu'ils sont plus que ça, non ? Évidement, tu t'abstenais de tout commentaires, de toute démonstrations pouvant laisser penser à ta famille que ton elfe avait fait l'affront de te retourner le cerveau ; ça aurait été un mensonge qui l'aurait mis en danger.

Au milieu des réceptions de sang-pur, tu suivais tes parents dans un calme olympien, observant et apprenant comment te comporter face à cette société bien à part. Tu voyais ces sourires forcés et qui semblaient pourtant si sincères... Tu voyais la malice et l'ambition animer leurs corps et leurs conversations. On t'a très vite appris qu'entretenir de solides relations avec des alliés de qualité était primordial, qu'un jour, tu devras juste te taire et te promener au bras d'un autre sang-pur que ta famille te choisira. Un avenir déjà tout tracé auquel tu ne pourras échapper, te disait-on.

Noyée sous les masques, envieuse de ta sœur et plongée dans la doctrine de ta famille, tu n'étais qu'une enfant qui tentait de jouer à la forte, attaquant avant d'être attaquée, répétant aveuglément des phrases toutes faites.

Poudlard sera ton deuxième écart...

Honte à toi qui, au bout de plus de quatre minutes de réflexion, t'es vue envoyée à Serdaigle sous le regard sévère de ta sœur, élève à Serpentard. Apeurée, toujours endoctrinée, tu ne l'acceptais pas, tentait de convaincre le monde - mais surtout toi-même - que c'était une erreur. Excellente élève en cours, avide de connaissances, tu étais presque exécrable avec tes petits camarades une fois loin des bancs. Seuls les sang-pur fidèles à leur sang  pouvaient t'approcher. Les sang-mêlés le pouvaient pour les cours. Hors de questions qu'un né-moldu se tienne à moins de cinq mètres de ta petite personne.

Quand est-ce que tout ça à changé, Grace ? Tu as été élevée dans l'honneur, et tu en as trouvé, de l'honneur... Mais pas celui que l'on attendait de toi. Vaincue en duel par une sang-mêlé - dont le père est un sorcier ayant coupé ses liens avec le monde magique  et la mère une moldu - cette dernière a finit par éveiller ton intérêt ; comment un être comme elle pouvait faire obstacle à vous, des sang-pur ? Ton honneur... Tu l'as trouvé en te rapprochant d'elle, en commençant à remettre en question tes croyances. Tu étais curieuse de son monde, comme du tien.

Peu à peu, tu as finis par accepter ta maison, par comprendre pourquoi le Choixpeau l'a choisie à Serpentad. Tu as perdu des "amis" lorsque ta façon de penser est sortie des rails. Mais tu en as gagné d'autres, et bien plus encore... Au grand dam de ta famille dont les réactions se font de plus en plus virulentes, violentes...

Plus de quatre minutes.
Serdaigle ou Serpentard.
Les puissantes serres de l'aigle ont eu raison des crochets acérés du serpent.

Perchée au sommet de ta tour, tu observes le monde, te perds dans des pensées qui - pour la plupart fantaisistes - s'envolent dans ce ciel sans limites que tu admires tant. Infini, comme ta soif de connaissances. Ô oui, tu es ambitieuse, une ambition que tu places dans un objectif bien précis : satisfaire ta curiosité tout en respectant cette éducation que l'on t'a offerte avec une touche d'ironie. Car subtilement provocatrice, jouant sur les nuances, tu te plais à rappeler à  ta famille que tu es censée tout savoir et tout savoir faire... Au monde que ton malicieux sourire n'est pas forcément une façade.

On t'a appris à rejeter les sangs-de-bourbe, t'a amené à mordre avant d'être mordue - et les habitudes ont parfois la vie dure - mais toi, tu as appris à placer ta fierté dans ton ouverture d'esprit et ton originalité vis-à-vis de ton nom. Trop avenante pour ne pas faire preuve de sentiments - que tu caches bien, la plupart du temps - tu n'en restes pas moins une enfant méprisant la stupidité, la rigidité et tes propres douleurs.

Au fond, peut-être que tu craches sur les personnes trop influençables parce que tu l'as toi-même été.
Au fond, peut-être que tu étouffes...