Je ne m'enfuis pas, je vole [pv Gwenog]

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h, comme ça faisait du bien de retrouver ce bon vieux terrain de Quidditch ! Bon, d'accord, elle ne devrait pas être là, elle n'avait aucune autorisation spéciale qui justifie qu'elle monopolise le terrain à une heure si tardive, mais ce n'est pas comme si cela l'avait un jour dissuadée de n'en faire qu'à sa tête de ce point de vue-là. Elle aimait s'entraîner avec son équipe, oui, mais elle aimait bien, aussi, pouvoir juste enfourcher son balai et voler sans raison, sans objectif précis. Elle n'avait même pas embarqué sa batte, tout comme elle n'avait pas tenté d'"emprunter" les cognards de l'école non plus. Non, elle avait juste eu envie de voler un peu, de prendre de la hauteur sur les choses, au sens propre comme au figuré. Franchement, quiconque n'avait pas volé sur son balai, de nuit, sur le terrain de Quidditch de Poudlard, sous les étoiles, manquait clairement quelque chose.

Quand elle était sur son balai, elle oubliait tout, c'était comme si ses problèmes, la mort de son père, le chagrin de sa mère, son propre chagrin, les attaques incessantes de Mulciber et Avery, tout restait cloué au sol. Et c'était lointain, vraiment lointain. Elle ne pensait à rien, en fait. A rien d'autre que la caresse du vent sur son visage. Elle se laissait totalement porter par le moment, sans vraiment réfléchir. Des fois, elle prenait de la vitesse, à d'autres moments, elle s'essayait à quelques figures plus ou moins acrobatiques... avec plus ou moins de succès. Elle avait beau très bien savoir viser et ne pas avoir volé son poste de batteuse, c'était quand même vrai en revanche qu'elle n'était pas la plus souple et la plus agile. On irait sans doute pas voir un match des Gryffondor pour vanter la qualités de ses pirouettes, par exemple, mais elle s'en fichait. Là, elle ne cherchait pas à être technique ou autre, elle se contentait de voler, et ça lui faisait du bien.

Après un bon moment, elle ne sut pas combien de temps exactement, elle se décida à rejoindre la terre ferme, c'est qu'il commençait à faire frisquet dans les hauteurs, même si elle avait prévu le coup en enfilant son pull le plus épais aux couleurs des rouge et or. Une fois au sol seulement, elle réalisa qu'elle n'était pas seule. Il y avait quelqu'un d'autre sur le terrain.

-Tu crois que je te vois pas essayer de m'espionner ? plaisanta Mary à l'attention de Gwenog.

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ary pouvait parfois être susceptible et partir au quart de tour à la moindre remarque, mais tout dépendait de la personne qu'elle avait en face d'elle. En l'occurrence, puisqu'il s'agissait de Gwenog, elle ne prenait pas ombrage de ses propos. Elle savait qu'il n'y avait rien de malveillant l'un derrière, elles se contentaient de se renvoyer la balle en toute amitié... ce qu'elles faisaient en revanche de façon beaucoup plus agressive au moindre match. Mais pour l'instant, les équipes de Poufsouffle et de Gryffondor ne s'étaient pas encore rencontrées, alors elles pouvaient bien se contenter de se chambrer gentiment. L'air de rien, Mary estimait que ça faisait partie du jeu, et que si on n'était pas capable d'y jouer, il était préférable de ne se lancer dans aucun sport, quel qu'il puisse être.

-Si tu veux que ton équipe ne se fasse pas rétamer par la nôtre, tu aurais intérêt, oui, répondit la rouge et or, sûre d'elle.

Même si, en vérité, Gwenog n'avait certainement pas besoin de l'espionner, elle était une batteuse redoutable, et Mary pouvait bien admettre que, techniquement, la jaune et noire était plus douée qu'elle. Mary prenait le Quidditch très au sérieux, mais elle était une petite joueuse en comparaison de son interlocutrice. C'est que, pour elle, le quidditch restait une passion, un passe-temps, mais pas un projet de carrière. Ce qui faisait qu'elle était parfois plus impulsive que technique, et manquait parfois des opportunités de faire briller son équipe. Bon, elle estimait qu'elle était loin d'être nulle dans tous les cas, sans quoi elle n'aurait pas eu sa place dans l'équipe, mais Gwenog n'avait aucun besoin de prendre exemple sur elle dans tous les cas. Ce qui ne changerait rien à la presque mauvaise foi de Mary. Ce n'était pas comme si son discours devait être pris au sérieux dans tous les cas. Elles se contentaient de se taquiner mutuellement. C'était quelque chose qui faisait partie de leurs habitudes, ni plus ni moins.

-Tu vas bien ? demanda-t-elle finalement, abandonnant un instant son rôle d'adversaire, car même si elle avait un balai dans la main, elle n'était pas face à une concurrente, à l'heure actuelle, simplement face à une amie. Tu étais venue t'entraîner ?

Bon, elle n'avait pas son balai avec elle, mais peut-être s'apprêtait-elle à le récupérer ou l'avait-elle laissé dans le coin ?

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ary n'était pas étonnée de la réponse de Gwenog. Les individus normalement constitués ne choisissaient pas de se rendre sur le terrain de Quidditch au beau milieu de la nuit afin de voler un peu en solitaire. Dans l'obscurité, les conditions étaient tout sauf idéales. Au-delà du fait qu'accaparer le terrain de Quidditch hors des heures autorisées était normalement interdit, ce n'était pas spécialement dans ces conditions que l'on pouvait espérer acquérir les compétences qui feraient gagner son équipe. Mais ce n'était pas à l'équipe des rouge et or que Mary avait pensé quand elle avait pris la décision de se rendre ici. Pour tout dire, sa démarche avait même été particulièrement égoïste.

Donc oui, Gwenog s'était contentée de faire sa curieuse. C'était logique, ça se tenait. si par le plus grand des hasards, Mary avait surpris l'un de ses camarades en train de voler à cette heure indue de la nuit sur le terrain de Quidditch, possible qu'elle n'aurait pas non plus su résister à l'envie d'y mettre son grain de sel. Elle avait vu du mouvement, elle était venue voir ce qui se passait. Soit. Tant qu'il s'agissait de la jaune et noir et pas d'un préfet ou de l'un de ses professeurs, ce n'était pas bien grave. C'était même une bonne chose, en vérité. Est-ce qu'elle faisait cela souvent ? Plus souvent quil n'est avouable de l'admettre, sans doute, mais au stade où elle en était, il était à peine nécessaire de faire dans l'euphémisme. Même si elle se le permit tout de même un peu.

-De temps en temps, ouais, reconnut-elle donc. J'aime bien juste... voler, ça me vide la tête.

C'était une réponse plutôt honnête de sa part, qui lui permettait d'exprimer le fond de sa pensée sans pour autant rentrer dans des détails qu'elle préférait, à choisir, ne pas aborder. Même si quiconque la connaissait un peu pouvait en tirer ses propres déductions. Elle était le genre de personnes qui avaient besoin d'agir au maximum pour réfléchir le moins possible. Elle avait une peur bleue de l'introspection, de rester seule face à ses sentiments, et d'admettre la souffrance que cela lui communiquait en règle générale. Voler, s'élever au-dessus de tout, c'était parfait pour elle.

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ary esquissa un sourire en entendant la question de Gwenog, ou plutôt la manière dont cette dernière avait choisi de la formuler. D'autres lui auraient peut-être demandé la même chose, mais y auraient mis des formes différentes, lui auraient par exemple demandé si elle était préoccupée, et ce qu'elle avait sur le coeur. Ou bien d'autres encore observeraient que si elle se vidait du peu qu'elle avait encore dans la tête, il allait y avoir de l'écho dans sa boîte crânienne. Mary ressentait la remarque de son interlocutrice comme une sorte d'entre-deux, et elle prenait, elle aimait bien, même.

En tout cas, ça avait le mérite de la faire sourire, quoi. Ce qui n'était pas mal non plus. Quand on voulait se vider convenablement la tête, aux yeux de Mary, il n'y avait que deux façons de faire : soit en volant et en se déchargeant dans les airs de toute émotion potentiellement négative, soit en passant du temps en compagnie amie. Ce qu'était Gwenog pour elle, en dépit de toutes les piques qu'elles n'oubliaient jamais de s'adresser mutuellement en tant que joueuses de Quidditch fières de leurs équipes respectives et convaincues du succès de ces dernières.

-Comme tout le monde, observa alors Mary, qui avait hésité à faire une remarque sur son crâne vide, mais elle songea qu'elle laissait cette opportunité ouverte à son interlocutrice si celle-ci décidait de rebondir dessus au profit d'une réponse vaguement plus sérieuse. Mary pouvait être sacrément susceptible, mais comme elle adorait balancer des remarques du genre aux autres, elle apprenait aussi à en rire quand c'était à elle qu'elles étaient adressées. On dirait pas forcément, comme ça, mais des fois j'ai tendance à réfléchir un peu trop. Mais sur un balai, je pense plus à tout ça.

A tout ça, à son père qui lui manquait atrocement, surtout. C'était déjà beaucoup. Et en même temps, elle savait que ce n'était pas tant en comparaison du destin tragique que d'autres avaient connu. Ce qui ne l'empêchait pas d'avoir mal malgré tout... à plus forte raison qu'elle ne prenait pas forcément le soin de se guérir l'esprit de la bonne manière.

-Tu te joins à moi ou quoi ? proposa alors Mary d'un ton naturel, parce que c'était encore plus simple de juste causer Quidditch plutôt que de s'épancher trop longtemps.

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wenog lui répondit par un sourire, que Mary lui rendit aussitôt. Elle aurait tout à fait compris, bien sûr, que la jeune femme décide de retourner se coucher comme elle en avait eu l’intention de prime abord, mais elle préférait largement qu’elle lui tienne compagnie. Si la rouge et or était venue chercher la solitude en plus de ce frisson de liberté que lui procurait le fait de voler en occupant le terrain de Quidditch si tard dans la nuit, elle avait eu sa dose, et maintenant, elle ne disait pas non à un brin de compagnie.

La jaune et noir s’absenta un instant, juste le temps de se chercher un balai à son tour, l’instant d’après, elle décollait du sol et volait à son niveau. Il y avait beaucoup d’aisance et d’élégance dans la manière dont la jeune femme se tenait sur son balai. Ça ne faisait aucun doute, elle était définitivement dans son élément. Et Mary savait d’autant plus qu’elle était capable de comprendre son attrait pour le vol, quand bien même Gwenog était sans doute bien plus talentueuse qu’elle en la matière (ce que Mary ne pouvait reconnaître qu’à voix basse, évidemment, question de fierté).

Gwenog lui parla alors de Tilden, lui demanda comment ça se passait avec lui. L’adolescente sourit de plus belle à l’évocation de son petit ami. Son grand ami, en fait. Avec Tilden, ce n’était pas l’amour fou, soit, et alors ? C’était une relation de complicité totale, de confiance. Ils s’entendaient parfaitement, ils passaient du bon temps ensemble, ils ne se prenaient pas la tête, bref, tout ce dont elle avait besoin. Alors, pour elle, tout ne pouvait que bien se passer.

-Ça c’est ce que tu crois, répondit Mary d’un ton taquin, quand Gwenog affirma que tenter de détourner Tilden au profiit des Gryffondors était une perte de temps. Pas de jalousie déplacée quand elle observa qu’elle le travaillait au corps. La confiance régnait absolument, et Mary ne remettait pas du tout en question la fidélité de Tilden. Je sais à quel point tu es tyrannique, il n’arrête pas de me le dire. Fais gaffe, à force, ça pourrait le décourager. Ce serait quand même dommage qu’il passe à l’ennemi.

Elle plaisantait, évidemment, Tilden était loyal envers son équipe. Et quand ils se retrouvaient face à face sur le terrain, ils ne se faisaient pas de cadeaux pour autant. C’était seulement davantage un motif de taquinerie qu’une vraie source de conflits entre eux.

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u fond, et même si elle était convaincue à quatre-vingt-dix-neuf pour cent que Gwenog plaisantait, elle espérait tout de même qu'elle n'était vraiment pas sérieuse dans son discours, parce que la dernière chose que Mary puisse vouloir, c'était apporter des ennuis à Tilden. Quand ils se retrouvaient sur le terrain, c'est vrai qu'ils ne se faisaient pas de cadeau, et c'était la même chose avec Gwenog, mais c'était justement ce qu'elle aimait, faire face à des adversaire vraiment bons, qu'il y ait de l'enjeu, du challenge.

Et les poufsouffles étaient sacrément doués, c'est rien de le dire. Alors bien sûr que non, Mary n'essayait pas de détourner Tilden du droit chemin, et Tilden était bien évidemment entièrement loyal envers son équipe. Enfin, pas la peine de commencer à déclamer un plaidoyer en faveur de Tilden, ça le desservirait plus qu'autre chose, elle préférait largement restait sur l'idée que son interlocutrice plaisantait, tout simplement, comme elle avait l'habitude de le faire, et c'était de bonne guerre puisque Mary ne s'en privait pas une seule seconde de son côté non plus.

-Oh, c'est pas si contreproductif, de roucouler, tu sais, répondit Mary avec le sourire, ça met de bonne humeur et ça recharge les batteries. Si tu veux mon avis, tu devrais même me remercier pour ça. Elle lui adressa un regard volontairement insistant et inquisiteur. Et va pas me faire croire que tu roucoules jamais, toi.

Ce qui était une manière comme une autre d'engager la conversation sur la vie sentimentale de Gwenog. Parce que du côté de Mary, il est vrai qu'il n'y avait pas grand-chose à dire. Elle était avec Tilden, et elle se sentait bien avec lui, fin de l'histoire. Bon, si on voulait creuser un peu et foutre la merde, on pouvait éventuellement lui demander ce qu'elle ressentait encore pour Sirius, mais aux yeux de Mary, c'était vraiment venir la titiller pour rien, vu que justement, tout ça ne servait à rien et ne méritait pas qu'on s'y attarde. Pour ce qui était de la jaune et noir, Mary ne savait pas grand-chose de sa vie affective, justement. Il lui semblait qu'elle papillonnait un pe, ce qu'elle serait la dernière à juger, mais elle n'était pas certaine de lui avoir déjà connu une relation vraiment sérieuse. En même temps, elles étaient jeunes. Qui pouvait vraiment parler de relation sérieuse à leurs âges.

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wenog répondit qu'elle n'emploierait pas le terme roucouler en ce qui la concernait. Tout dépendait de ce qu'on entendait par roucouler, en vérité. Mary n'était pas convaincue qu'il faille être en couple pour faire ce genre de chose, c'était plus... une sorte de complicité que l'on pouvait avoir simplement en flirtant, ou bien, sans doute en étant plus... physique (Mary n'en saurait pas grand-chose à ce sujet. Mary n'avait rien fait avec Sirius, pas plus avec Tilden, elle ne se sentait vraiment pas prête pour ça).

Si Gwenog voulait simplement s'amuser le temps d'une nuit, avec qui elle voulait, c'était son droit, et Mary serait la dernière à lui faire le moindre reproche. Chacun devait mener sa vie comme il l'entendait. Du moment que personne ne souffrait au bout du compte, ce n'était pas du tout un problème. Et elle pensait que ça devait l'aider tout autant à se mettre de bonne humeur et à recharger les batteries. A chacun son appréhension des relations aux autres, et Mary ne s'érigerait certainement pas en exemple à la matière, étant donné que ses actes n'étaient pas toujours en corrélation avec ce que ses actes lui dictaient.

-Sympa pour moi, dis tout de suite que je suis niaise, répondit la rouge et or, pas vexée pour un sou.

Pas vexé parce qu'elle ne pensait pas l'être du tout. Elle était clairement pas du genre à faire de grandes déclarations, à déclamer de longs poèmes, à faire des serments d'amour éternel à n'en plus finir. Ce n'était certainement pas le cas avec Tilden, à qui elle ne voulait surtout pas promettre la lune alors même que, quand bien même elle l'aimait énormément, elle ne pensait pas être un jour capable de tomber amoureuse de lui (d'un autre côté, il ne pensait pas qu'il soit amoureux d'elle non plus). Et ce n'était pas le cas avec Sirius non plus à l'époque. Il n'aurait pas eu besoin de ça pour vouloir la fuir à toute jambe, il faut dire.

-Y a plein de façons de roucouler, faut pas être catégorique comme ça. Et puis, tu sais ce qu'on dit, ça te tombera dessus au moment où tu t'y attendras le moins. C'est toujours comme ça.

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ary songea qu'il faudrait qu'elles se mettent d'accord sur la définition qu'elles donnaient à roucouler, parce que vu la manière dont elles en parlaient tout à l'heure, elle s'était imaginé que Gwenog n'envisageait cela qu'au sens de quelque chose qui se faisait en ayant des sentiments... autrement, ben la vie sexuelle de Gwenog, peu importe si elle était animée ou non, n'intéressait pas du tout Mary, et pour tout dire, cette dernière n'était pas forcément pressée de passer à la casserole ni n'avait le sentiment de louper grand-chose pour le moment.

Elle se contenta de lever les yeux au ciel avec un sourire amusé en entendant avec quelle assurance son interlocutrice lui garantissait que jamais, ô grand jamais elle ne tomberait amoureuse. Comme si, à leurs âges, c'était une chose qu'elles pouvaient se permettre de dire, comme si avoir un caractère volage ou sauvage pouvait empêcher un coeur de s'attacher ou de se briser. Mais bon, elle n'allait pas du tout l'empêcher de raisonner comme elle raisonnait. Elle préférait franchement entendre des discours comme celui-là que ceux de certaines pimbêches qui passaient leur temps à parler garçons et qui semblaient incapables de concevoir leurs vies sans avoir de petit ami.

Elle estimait que n'importe qui, fille ou garçon, devrait être capable de vivre en pleine indépendance. Avoir un petit ami ou une petite amie, c'était un bonus, rien d'autre. Il n'y avait pas besoin de se baver dessus constamment comme de limace, de passer tout son temps ensemble ou quoi, c'était juste... en fait, c'était au bonheur de chacun, et si éternellement, celui de Gwenog se passait de partenaire (au singulier ou au pluriel) romantique, eh bien grand bien lui fasse. Ce n'était pas Mary qui insisterait pour qu'elle se case à tout prix. Même si elle trouvait l'idée de la charrier avec ça plutôt amusante - et elle ne voyait pas en quoi elle s'en priverait quand la jaune et noir elle-même mettait sur le tapis sa relation avec Tilden.

-Moi qui pensais que rien n'est impossible pour toi, répondit Mary avec un sourire espiègle. Je te rappellerai cette conversation en temps voulu, va.

Et si ça devait arriver, Gwenog ne serait pas poissarde, juste chanceuse. Le sentiment amoureux, c'était super agréable, quand on décidait de le vivre à sa manière... et ça n'avait aucun besoin d'être sirupeux ou romantique en diable pour autant. C'étaient des choses que Mary n'aimait pas plus que Gwenog.

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n vérité, et contrairement à ce que Mary pouvait peut-être laisser suggérer à force d'évoquer le sujet, elle se fichait assez de la vie sentimentale de Gwenog. Cette dernière faisait bien ce qu'elle voulait, et encore heureux, et si elle était bien comme elle était, c'était le principal. Mary était loin de penser que le célibat était une malédiction dont il fallait absolument se défaire, quand bien même le fait qu'elle ait enchaîné ainsi deux relations du haut de son jeune âge pouvait laisser suggérer le contraire. Mais ça avait plutôt... été un concours de circonstances plus qu'autre chose, et elle n'irait clairement pas considérer que les filles qui n'avaient pas de copain devaient s'empresser d'en trouver un. D'autant que les mecs, à leur âge, on faisait quand même plus intéressant à fréquenter pour la plupart.

Bref, elle ne faisait jamais que taquiner la jaune et noir, au final, et elle appréciait de constater que cela fonctionnait, puisque Gwenog leva les yeux au ciel avant de répliquer. Oh non, Mary ne prenait pas ses désirs pour des réalités... parce que bon... ce n'est pas comme si elle désirait particulièrement que Gwenog se mette en couple, ça la regardait pas (et ça ne suffirait pas à la déconcentrer dans ses matchs de Quidditch, à ce sujet, Mary n'avait vraiment aucun doute aucun), mais par contre, elle ne pensait définitivement pas qu'elle puisse être si catégorique. L'amour ne se commandait pas, point. On pouvait détester l'idée qu'il nous tombe dessus sans prévenir, ça ne l'empêcherait clairement pas de faire comme il le voulait et de n'en faire bien évidemment qu'à sa tête en se fichant bien et royalement du fond de votre pensée et de vos projets. Mais Mary n'allait pas insister là-dessus. C'était un débat qui allait lasser l'une et agacer l'autre, et au final, aucune des deux n'en ressortirait gagnante ou satisfaite.

-J'ai pas dit que t'en avais besoin, répondit Mary dans un haussement d'épaules, une esquisse de sourire aux lèvres. Et c'est vrai que des joueurs de Quidditch mariés ou en couple, ça s'est jamais vu. Mais j'insiste pas, va, se contenta-t-elle de dire ensuite en prenant davantage de hauteur.

Au fond, Mary admirait la volonté et la détermination de Gwenog. Mary avait beau adorer le Quidditch, elle ne se voyait pas en faire une carrière. Ni de quoi que ce soit d'autre. La vie après Poudlard restait encore bien trop abstraite à ses yeux.

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est sûr, elles verraient bien. De toute façon, du haut de leurs seize ans, ce n'était pas vraiment comme si elles pouvaient concrètement savoir grand-chose ou comme si elles pouvaient avoir une idée bien réaliste de ce qu'elles seraient d'ici une dizaine d'années (si on les laissait survivre suffisamment longtemps, ce qui restait une perspective assez incertaine dans le climat actuel), elles auraient nettement changé d'ici là, et c'était tant mieux. Dans tous les cas, Mary ne faisait jamais que charrier son interlocutrice, elle pouvait bien faire ce qu'elle voulait de sa vie, sentimentale ou non, ce n'est pas comme si c'étaient les affaires de Mary. En revanche, elle ne voulait pas qu'on remette en question ses propres choix par effet de comparaison.

Après quoi, Gwenog lui demanda ce qu'étaient ses plans à elle. Des plans ? Elle n'en avait absolument aucun, par moments, elle trouvait assez déprimant de constater à quel point certains avaient des idées ô combien arrêtées sur ce qu'ils voudraient faire après Poudlard : machine veut devenir Auror, machin joueur de Quidditch, le grand taré de service serviteur de Voldemort... Dans tous les cas, même pour le dernier projet, il fallait de l'ambition et ne pas avoir peur de se manger un mur... Mary, elle, savait qu'elle devait commencer à s'en soucier, et on le lui avait bien fait comprendre en rendez-vous d'orientation, mais elle aimait bien ne pas trop se poser de questions et se laisser porter par le courant. Vivre au jour le jour et s'encombrer de projets en tout genre, les deux ne lui semblaient pas forcément très compatibles.

-Merlin quelle horreur, ça va pas de dire des choses pareilles ?

Eh quoi, sous le prétexte qu'elle était en couple elle s'imaginait déjà mariée et mère de famille ? C'est donc à ça que c'était supposé se résumer quand on était avec quelqu'un ? Dans ce cas, elle devrait sans doute envoyer une note à Tilden pour lui suggérer de rompre. Elle était jeune, elle ne projetait pas du tout sa relation avec Tilden dans l'avenir. Elle était même plutôt certaine que ça s'arrêterait avant qu'ils n'aient fini leurs études. Il n'était pas l'amour de sa vie, et elle pensait que Tilden en pensait autant. Ils aimaient juste passer du temps ensemble, c'est tout. Et dans tous les cas... A l'heure actuelle, la perspective même d'avoir un jour des enfants lui refilait de l'urticaire. Très peu pour elle.

-J'ai pas de plan, je verrais bien au moment où ça arrivera.

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arry adressa une simple grimace à son interlocutrice à son propos. Elle savait bien que cette dernière cherchait surtout à la taquiner, mais si la rouge et or ne voyait jamais aucun problème à taquiner les autres, c'était évidemment différent quand il s'agissait, en revanche, d'être taquinée.

C'est que la miss était susceptible. Il n'y avait rien de plus facile que de lui mettre les nerfs en pelote, elle pouvait aisément partir en vrille pour absolument trois fois rien, c'était même une de ses caractéristiques majeures. Alors forcément, à force de s'entendre rebâcher les oreilles avec son histoire avec Tilden comme si avoir un petit copain du haut de seize ans était quelque chose d'exceptionnel, elle commençait à en avoir un peu marre. Les meilleures blagues étaient selon elle les plus courtes, et là, ça commençait à durer.

-Tu me diras quand ça aura fini de te faire marrer, hein, parce que moi ça fait au moins dix bonnes minutes que tu me soules avec tes remarques à la con, là.

Bon, d'accord, Mary n'y allait pas par quatre chemins, mais c'était toujours comme ça quand elle se sentait piquée. C'était con, bien sûr que c'était con, surtout que de la part de Gwenog, ce n'était absolument pas méchant, et d'ailleurs, la rouge et or savait bien, objectivement, que ça ne l'était pas, mais elle aurait bien aimé qu'elles changent de sujet, et ça n'avait pas l'air sur le point d'arriver. Mary n'était clairement pas du genre à vouloir parler de son petit ami en long, en large et en travers. Elle savait que c'était le cas de certaines, mais clairement pas le sien à elle. Ce n'était pas le cas quand elle était avec Sirius - pour le temps que ça avait duré -, ce n'était toujours pas plus le cas maintenant qu'elle était avec le camarade de Gwenog.

-Tu sais quoi, je commence à en avoir marre de voler, en fait, je vais me rentrer. Il est tard de toute façon, ajouta-t-elle pour couper court (assez lâchement, c'est vrai), à la discussion.

C'est vrai, elle avait juste voulu voler sur son balai et se vider la tête, mais là, elle voulait juste ranger son balai et passer un peu de temps en tête à tête avec son oreiller, au final.

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