Accepter une main tendue n'est pas signe de faiblesse | Mary & Edgar

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ary haussa les épaules aux explications d'Edgar, elle aussi était attachée à Poudlard, puisque c'était là qu'elle avait rencontré ses meilleurs amis et là où, l'air de rien, elle passait le plus clair de son temps depuis plus de cinq ans maintenant, mais ce n'était pas pour autant qu'elle éprouvait une impatience terrible à la perspective de retourner sur les bancs de l'école. Bon, appréciait davantage les cours devait sans doute aider, en effet.

Est-ce que Mary avait, de son côté, une sainte horreur des cours ? Pour certains d'entre eux, ce ne serait pas faux de l'affirmer, mais c'était peut-être exagéré malgré tout. Elle n'avait pas non plus une peur phobique des cours, il ne fallait pas exagérer, elle n'en était absolument pas là (et encore heureux), mais il est vrai qu'à choisir entre le fait d'être en vacances et le fait d'aller en cours, eh bien, contre toute attente, elle choisissait les vacances (incroyable mais vrai). Et à propos de vacances, d'ailleurs, Edgar parla plus longuement des siennes, et à l'évidence, elles avaient été agréables.

Elle l'écouta avec un fin sourire aux lèvres quand il lui apprit qu'il était parti au bord de la mer. Elle-même adorait les balades en bord de mer, la plage, l'horizon bleuté, le chant des mouettes, le mouvement des vagues, l'odeur toute particulière de la mer... ça faisait longtemps qu'elle n'y était pas allée elle-même, pour le coup. Il faudrait qu'elle rattrape le coup.... Mais c'était compliqué, sa mère n'avait plus vraiment goût à prendre des vacances, et Mary non plus, au final.

-Je rêve, t'as travaillé pendant les grandes vacances, le chambra Mary en levant les yeux au ciel. Elle le disait gentiment, elle ne prononçait pas ces mots pour le vexer, mais elle devait reconnaître être ébahie par l'excès de zèle de son ami. Tu viens vraiment d'une autre planète, je vois que ça. Tu vas pas perdre ton immense cerveau sous prétexte d'avoir passé deux mois à ne pas bûcher, t'es trop intelligent pour ça. Elle fourra les mains dans ses poches. Enfin, je suppose que ça te plaît, donc c'est ce qui compte. Elle lui adressa un sourire. J'ai pas mis les pieds au bord de la mer depuis un bail, t'as de la chance.

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a remarque d'Edgar fit sourire Mary. Au moins, il prenait la chose avec philosophie. D'autres auraient peut-être pris les réflexions de la rouge et or comme un reproche, mais ce n'était pas le cas. Dans le fond, l'adolescente était sincèrement admirative des personnes aussi bûcheuses et travailleuses que pouvait l'être Edgar Bones. De son côté, il était absolument évident qu'elle ne serait pas du tout capable de la même chose, aucun doute possible à ce sujet. Et tant que ça ne lui déplaisait pas de travailler autant, c'était tant mieux pour lui, vraiment... Mais bon sang, ce qu'il pouvait travailler, par contre !

Il lui appris que de son côté, il n'était pas fan de la mer. Elle ne posa pas de questions du pourquoi du comment, en l'occurrence. Chacun ses goûts, pas vrai, et elle entendait sans mal les arguments de ceux qui n'aimaient pas nager ou bronze au soleil, mais Mary, elle, rêvait de plages de sable fin et de lézarder au bord de l'eau, chose clairement inaccessible depuis le petit appartement familial qu'elle occupait avec une mère beaucoup trop malheureuse pour envisager de s'amuser ou de prendre du plaisir. Mais concernant Edgar, c'était autre chose.

Quand il disait qu'il n'aimait pas l'eau. Du tout. Elle sentait bien qu'il y avait quelque chose derrière. Elle fronça les sourcils, particulièrement curieuse. Elle se demandait vraiment ce que ça pouvait signifier. Elle avait envie d'entendre plus de précisions et, dans le même temps, redoutait de se montrer indiscrète. Pas que l'indiscrétion soit chose impossible pour elle, c'était même tout l'inverse, mais elle ne blessait jamais autrui volontairement, ce n'était pas elle, ce n'était pas dans sa façon de faire.

-Oh, comment ça se fait ? Il t'est arrivé quelque chose ?

Clairement, elle n'y passait pas par quatre chemins, mais en même temps, ce genre de traumas venaient bien souvent de quelque chose de plus insidieux et de plus profond, pas vrai ? Et elle avait envie de comprendre de quoi il pouvait bien retourner en l'occurrence... sans être certaine qu'Edgar accepterait de lui expliquer ou de lui répondre.

-Enfin, t'es pas obligé d'en parler si t'as pas envie, évidemment.

Ils avaient tous ces sujets tabous qu'ils évitaient le plus possible. C'était aussi le cas de Mary.

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ary arait compris que son interlocuteur ne veuille pas lui en dire plus, mais elle devait bien admettre qu'elle se sentait curieuse, et qu'elle souhaitait en entendre plus. Ce n'était pas de la curiosité déplacée, du moins ne le percevait-elle pas ainsi. Elle considérait, pour sa part, que ce serait surtout pour elle une meilleure manière de le comprendre, et donc aussi, par conséquent, une meilleure manière d'appréhender certains sujets de conversation. Les phobies avaient souvent un sens plus profond qu'il n'y paraissait, et c'est une chose que Mary savait effectivement.

Apparemment, c'était lié à quelque chose qui avait eu lieu quand il était petit, c'était une chose qui remontait, mais visiblement, il n'avait pas de réponse beaucoup plus précise à ces questions pour autant. Sa réponse était très flou, et Mary grimaça, elle n'était pas sûre que son ami le vive aussi bien qu'il le prétendait. La peur de l'eau, ce n'était tout de même pas une peur anodine, et même s'il pouvait prétendre se tenir à l'écart des étendues d'eau, ce n'était jamais qu'une manière de contourner le problème, en fin de compte, et ce n'était pas assez.

-Que ce soit handicapant ou pas, c'est pas la question... T'as pas envie de savoir à quoi c'est dû ? Je suis sûre que si t'arrivais à savoir ce qui t'était arrivé quand t'étais petit, tu parviendrais aussi à dépasser ta peur... On ne sait jamais à quel moment ça pourra poser souci. Regarde, rien qu'ici, il y a la proximité avec le lac noir, et c'est pas franchement comme si tu pouvait y échapper..., remarqua-t-elle. T'as peur de l'eau ou plutôt de te noyer ? T'as peur genre... d'une baignoire ou faut que ce soit une grande étendue d'eau ? C'est le fait de pas voir le fond qui t'inquiète ?

D'accord, elle posait trop de questions et elle risquait de mettre le bleu et bronze mal à l'aise plus qu'autre chose. Ce n'était pas le but, pourtant, mais elle se posait vraiment la question, et elle se demandait si, en creusant les choses, Edgar ne pourrait pas être capable de dépasser sa phobie, au final.

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u fond, c'était sans doute pas si mal de savoir vivre avec sa peur sans envisager de l'affronter. La mentalité de Mary, en bonne Gryffondor, était différente, elle estimait que les peurs étaient des choses qu'il fallait vaincre, pas des choses avec lesquelles il fallait apprendre à vivre envers et contre tout, et pour cette raison, il n'était pas rare qu'elle se fourvoie, ou parte dans les mauvaises directions. Elle avait trop tendance à raisonner de cette manière et c'était peut-être aussi pour ça que ses angoisses la paralysaient autant, au point même de la poursuivre jusque dans ses cauchemars, ce qui ne pouvait bien sûr pas être une bonne chose.

Il ne semblait pas être capable de déterminer ce qui l'inquiétait. Cela aurait pu être le fruit d'un traumatisme lointain, s'il avait dû échapper à la noyade ou quelque chose de cet acabit, mais apparemment ce n'était pas le cas. Alors quoi ? Mary était bien incapable de le dire et de le savoir, et ça la rendait curieuse. Ceci dit, quand il était question des peurs des uns et des autres, on empiétait tout naturellement sur un terrain très personnel, et pour cette raison, Mary aurait plutôt tout intérêt à ne pas venir trop y fouiller, même si c'était forcément plutôt tentant.

-Bon, écoute, tant que t'as quand même la possibilité de te laver, tout espoir n'est pas perdu, se permit de plaisanter Mary, qui n'avait pas non plus envie d'insister trop là-dessus. Discuter avec les gens de leurs phobies, c'était quand même délicat, et dans certaines circonstances, ça pouvait mal tourner, ce n'était pas ce qu'elle voulait non plus. Dis-toi que t'es bien loti, quelque part : qu'est-ce que tu veux qu'un épouvantard face contre toi à part de se transformer en arrosoir ? C'est une chance, dans le fond.

Elle essayait de dédramatiser après avoir eu conscience d'avoir peut-être posé trop de questions insistantes qui auront potentiellement mis son interlocuteur mal à l'aise alors que ce n'était pas son but du tout. Non, son but à elle, ça avait été de faire la conversation, et aussi d'oublier ses propres problèmes le temps de la discussion. Pour le coup, ça avait été plutôt efficace.

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ary pouffa de rire quand Edgar qualifia sa blague de fine analyse, alors que clairement, elle était si peu douée pour comprendre les émotions des autres, déjà qu'elle était infichue de supporter les siennes, qu'elle ferait des ravages si elle devait vraiment prétendre être en mesure de les résoudre. Elle se doutait, bien sûr, qu'Edgar n'était pas sérieux (comment pourrait-il l'être après son pamphlet à elle sur les arrosoirs), mais cela avait le don de l'amuser malgré tout, parce que oui, quand ils discutaient de leurs problèmes respectifs, il était quand même assez évident qu'il était préférable d'en rire qu'en pleurer, au final.

-T'imagines l'enfer que ce serait ? Je rendrais mes patients totalement fous, commenta-t-elle, toujours hilare. Mais c'est peut-être une bonne idée, tiens..., ajouta-t-elle avec de faux airs machiavéliques en se frottant les mains les unes contre les autres comme si elle venait très clairement de se laisser souffler l'idée de génie la plus terrible, et qui lui permettrait tôt ou tard de dominer le monde, sans la moindre hésitation possible.

Bref, non, Mary ne deviendrait jamais analyste, et elle se contenterait de faire des blagues pourries sur les épouvantards et les arrosoirs faute d'avoir des arguments plus pertinents à présenter à son interlocuteur. Bref, elle se reprit malgré tout et occulta le sujet, c'était sans doute aussi le signe qu'elle devait laisser le bleu et bronze tranquille avec ses phobies, et c'était quelque chose de définitivement compréhensible, bien sûr.

-Bon... je crois que j'ai abusé de ton temps assez longtemps comme ça, ajouta-t-elle avec une fine esquisse de sourire.

Elle ne voulait pas couper court brutalement, mais elle avait aussi besoin de passer un peu de temps seule, surtout après tout ce qui s'était passé, à un moment ou à un autre. Dans tous les cas, cette conversation lui avait fait du bien, et ça, c'était une chose que Mary ne pouvait clairement pas nier : elle en avait eu besoin.

-Merci d'avoir pris le temps de m'écouter, vraiment... Mary n'adressait pas ces remerciements à la légère. Si elle le disait, c'est qu'elle le pensait bel et bien. Ca m'a fait du bien de te parler.

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