Accepter une main tendue n'est pas signe de faiblesse | Mary & Edgar

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very et Mulciber, ses bêtes noires... Mary avait beau considérer avoir du caractère, du répondant, et être totalement capable de se défendre, de toutes les manières possibles, quand elle se retrouvait face à ces deux-là, c'était comme si, tout à coup, elle perdait toute sa verve et la moindre force de volonté... C'était stupide, et elle se détestait pour ça... mais c'était ainsi, c'était ainsi dès l'instant où le regard de ces deux-là s'était posé sur elle et où ils l'avaient cataloguée en cible facile.

Au début, c'était trois fois rien, stupide et insidieux, mais presque innocent, quelque part. Quelques insultes lâchées çà et là dans l'espoir de la destabiliser, quelques croche-pieds par ci par là, quelques sorts "malencontreux" adressés à ses affaires, une potion à verrues glissée dans son dîner, certaines de ses affaires qui disparaissaient... Puis petit à petit, c'était devenu pire. Elle s'était laissée humilier une fois, de fois... ils avaient pris la confiance, et ils avaient raison, sans doute, parce qu'elle n'avait jamais rien su faire contre eux. Lily, Marlene, Edgar, quand ils défendaient ses intérêts, quand ils envoyaient ses ennemis sur les roses, ça avait l'air simple. Elle, elle avait le sentiment d'être capable du même courage, de la même volonté. Et pourtant... rien. Rien du tout, même.

Clairement, si Mary avait été impatiente de revoir beaucoup de monde à son entrée à Poudlard, les deux vert et argent n'en faisaient pas partie. Mais qu'elle le veuille ou non, on s'en foutait, bien sûr. Les deux avaient saisi l'occasion de s'en prendre à elle, et ils n'y étaient pas allé de main morte. Ils avaient profité qu'ils soient seuls à l'angle d'un couloir pour l'attaquer, baguettes à la main. Elle avait à peine eu le temps de dégainer la sienne qu'ils la désarmaient déjà, avant d'attaquer... Résultat des courses, son nez avait triplé de volume et elle avait mal à peu près partout... Elle tentait de garder contenant, la main devant le visage. Elle espérait se rendre à l'infirmerie sans croiser personne... Mais non. Heureusement, il s'agissait seulement d'Edgar, mais elle aurait quand même préféré qu'il ne la voie pas en position de faiblesse. Une fois encore.

-Ouais, ouais, ça va..., dit-elle toujours la main devant le visage. Sa voix donnait l'impression d'avoir un rhume carabiné. T'en fais pas pour moi.

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ary n'était pas la moins bien placée pour dissimuler ses émotions ou pour mentir, c'était un exercice qu'elle perfectionnait depuis la mort de son père, et elle avait le sentiment que le résultat n'était pas trop mal... Mais c'était moins facile de se donner l'air nonchalant quand on se trimballait un nez de la taille d'une pomme de terre et qu'on venait tout juste d'être pris sur le fait. Elle ne pouvait pas en vouloir, par conséquent, au bleu et bronze d'insister. Elle savait que ça partait de la meilleure intention du monde et qu'il tenait simplement à l'aider.

Elle le savait oui, mais elle était agacée malgré tout, pas spécifiquement contre Edgar, mais contre Avery et Mulciber, et plus encore contre elle-même, puisqu'elle était toujours incapable de se défendre ou de se protéger toute seule. Quand ce genre de situation lui arrivait, elle avait l'impression d'en porter une partie de la responsabilité, car elle devrait être capable de se défendre. Ce n'était pas comme si elle avait sa langue dans sa poche ou quoi. Mais voilà, elle perdait tous ses moyens, et pire encore, elle se laissait submerger. C'était une chose qu'elle avait honte d'admettre, mais les deux vert et argent finissaient par lui faire peur. Elle avait toujours cette boule au ventre à l'idée de les croiser au détour d'un couloir.

Alors, même si c'était à contrecoeur, elle laissa faire Edgar quand ce dernier demanda à voir l'étendue des dégâts de plus près. Forcément, ça ne servait à rien de le cacher. Alors elle accepta de faire preuve d'un peu plus de résilience et le laissa dégager sa main de son visage. Elle prit une profonde inspiration et força un sourire à se déposer sur ses lèvres. Il n'y avait pas de quoi en faire tout un drame non plus, et elle ne voudrait clairement pas affoler Edgar au-delà de ce qui était nécessaire.

-Tu vois, c'est trois fois rien, plaisanta-t-elle de sa voix enrhumée.

Ou trois fois trop serait plus exact. Dans tous les cas, elle préférait largement qu'ils s'amusent à présent de la situation plutôt que de s'en angoisser inutilement. Ils étaient partis, c'était passé, et en compagnie d'Edgar, elle savait qu'elle ne risquait rien.

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ary se figea d'office et ne broncha pas quand Edgar lui demanda de ne pas bouger. Elle n'avait pas envie d'agraver son cas, tant qu'à faire. Enfin, heureusement qu'il s'agissait du bleu et bronze, car elle n'aurait pas eu la même réaction avec n'importe qui. Il pouvait de ce point de vue s'estimer privilégié, car les personnes en qui elle avait suffisamment confiance pour accepter qu'il lui lance un sort en plein visage, même pour son bien, n'étaient pas nombreuses. Et même là, elle prenait sur elle, quand même. Ce n'était pas contre Edgar, elle savait qu'il ne lui lancerait pas de sortilège de soin qu'il ne maîtriserait pas totalement, mais ce n'était jamais engageant de voir une baguette pointée sur soi. Elle avait fermé les yeux et elle attendait. Finalement, le sort fit mouche, et il sembla d'office à Mary que ça avait fonctionné. En tout cas, elle avait l'air de ne plus avoir de grosse patate au milieu du visage, c'était déjà un bon début.

Avec appréhension, elle caressa son nez du bout des doigts. Définitivement, ça avait l'air d'aller beaucoup mieux. Bon, à choisir, elle aurait aimé être capable de régler ça toute seule, mais elle n'allait tout de même pas faire sa mauvaise tête au point de rembarrer Edgar ou de lui reprocher de lui être venu en aide. Il lui rendait un fier service, et il lui épargnait un passage à l'infirmerie, elle ne pouvait que lui en être reconnaissante, en réalité.

-Ca c'est toi qui le dit, moi je ne crois que ce que je vois, répondit-elle avec un fin sourire aux lèvres qui devait laisser comprendre à Edgar qu'elle ne pensait pas un mot de ce qu'elle venait de dire.

Non, elle était convaincue que son sort avait très bien marché, dans le cas contraire, il se serait confondu en excuse et lui en aurait parlé tout de suite. Certains étaient peut-être capables d'exploiter la situation de faiblesse d'autrui juste pour "se marrer", mais ce n'était définitivement pas une chose qu'Edgar serait capable de faire, Mary en était convaincue.

-Si ça se trouve tu m'as fait pousser un deuxième nez sans que je le sache, ajouta-t-elle toujours sur le même ton. Elle se tâta sur le visage, comme pour y chercher un deuxième nez. Absent, évidemment. Merci beaucoup, ajouta-t-elle, cette fois très sérieusement.

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ary ne trouvait rien de mieux à faire, en cet instant, que de dédramatiser la situation. Pour elle, c'était encore une manière d'éviter d'exposer trop avant sa faiblesse, quand bien même il ne servait définitivement à rien de faire semblant en compagnie d'Edgar... Ou de n'importe qui, en vérité. Quiconque la connaissait un peu savait pertinemment qu'elle subissait les assauts répétés de deux serpentards particulièrement vicieux et malintentionnés. Ce n'est pas comme si elle pouvait réellement le cacher.

Et elle ne pouvait pas reprocher à des personnes fondamentalement bonne de vouloir prendre soin d'elle non plus. Ce n'est pas comme si Edgar allait s'amuser à répéter à tout va ce qui venait de se passer... mais voilà, elle avait honte. Elle s'en voulait de ne pas savoir être plus forte. Si elle n'était pas capable de tenir tête à ces deux abrutis, de quoi était-elle capable exactement ? Pouvait-elle réellement prétendre posséder la poigne et le courage qu'elle aimerait voir la caractériser quand elle semblait capable de s'effondrer au moindre coup de vent ? Elle l'admettait. Ce n'était tout simplement pas cohérent.

Elle esquissa un sourire quand Edgar lui répondit d'un ton égal, utilisant à son tour l'humour, ce qui avait le don de la détendre un tant soit peu (clairement, ce n'était pas du luxe). Elle appréciait la patience dont il faisait preuve avec elle. Elle reconnaissait qu'elle n'était pas toujours un cadeau, y compris envers les personnes qui se montraient bienveillantes envers elle. Elle voulait tant se prouver des choses à elle-même, et par extension aux autres, qu'elle avait parfois tendance à se braquer dans des proportions lamentables, et surtout qui n'avaient définitivement pas lieu d'être. Cet instant le lui prouvait bien.

-J'aimerais juste... réussir à leur tenir tête, rien qu'une fois. Je me sens toujours tellement stupide et inutile quand ils sont là...

Eux, elle parlait évidemment des deux adolescents qui ne manquaient jamais la moindre occasion de la persécuter. C'es vrai, elle se sentait toujours stupide et inutile en présence d'Avery et de Mulciber. Elle avait pourtant du répondant, elle n'était pourtant pas si bête. Mais elle n'arrivait jamais à faire convenablement face. Elle ne voulait pas d'un chevalier en armure pour la sauver de ces situations déplaisantes, elle voulait être capable de s'en sortir toute seule. Et ce n'était pas gagné.

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n aurait beau lui répéter qu'elle n'avait rien à se reprocher, la rouge et or ne penserait pas différemment pour autant, et pour cause, elle avait mille idées de ce qu'elle aurait pu dire, de ce qu'elle aurait pu faire. Le problème, c'est que sur le moment, ça ne venait pas, ça ne voulait pas. C'était absurde, c'était incompréhensible, mais c'était le cas. Elle n'arrivait pas à faire abstraction de ce poids qui tout à coup semblait la souder au sol.

Elle pourrait peut-être l'identifier à de la panique, à de la lâcheté... mais elle n'aimait pas se penser lâche ou peureuse. Elle était à Gryffondor, bordel, c'était pas supposé être la maison des poules mouillées ! Et en plus, comme Edgar l'observait lui-même, ce n'était que dans ce cas spécifique qu'elle perdait tous ses moyens. Pas autrement. C'était proche d'incompréhensible, une réaction physique qu'elle ne contrôlait pas, comme si son cerveau prenait la tangente et que seul son corps demeurait. Figé, abruti... Bon sang, qu'est-ce qu'elle se sentait bête dans ces moments-là ! Alors, il n'y avait juste rien à faire.

Il voulait l'aider, mais il avait raison, il n'y avait rien à faire... du moins de plus que ce qu'il faisait déjà, en la défendant, en l'écoutant se plaindre comme une gourde... Elle était de toute façon trop fière pour appeler au secours. Certains l'encourageraient peut-être à en parler à un de ses professeurs ou à l'infirmière de l'école, mais Mary était convaincue que ça ne ferait qu'empirer les choses, et ça lui donnerait l'air encore plus minable qu'elle ne l'était déjà.

-Ouais, tu l'as dit, c'est exactement ça, je suis bloquée, soupira Mary. Elle n'aimait pas revenir dessus, mais en même temps, force lui était de constaté qu'au-delà de son orgueil blessé, ça faisait tout de même du bien que de se confier plus directement à quelqu'un qui ne la jugeait pas, qui ne se moquait pas. Qui écoutait, tout simplement. J'ai l'impression que mon cerveau se met en pause, quand ils sont là. Je pige pas... Pourtant ils sont cons comme des balais, les deux, c'est pas comme si je devais avoir peur d'eux, normalement...

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dgar avait raison. Oui, elle subissait beaucoup de pression au quotidien. Mais à ses yeux, pas beaucoup plus malgré tout que la majeure partie de ses camarades. Si les deux verts et argent avaient décidé de faire d'elle leur cible de prédilection, c'est qu'ils savaient pertinemment qu'elle perdait toujours tous ses moyens en leur présence et qu'elle était incapable de se défendre. Et elle ne savait vraiment pas quoi faire pour que ça change enfin. Elle devrait juste... débloquer ce qui était bloqué. Mais comment on faisait ça ? Elle aimerait bien qu'il suffise d'appuyer sa bouton pour qu'elle retrouve toute cette confiance qui ne lui manquait jamais en n'importe quelle autre circonstance.

L'adolescente fit non de la tête quand le bleu et bronze lui demanda si elle avait déjà parlé du harcèlement qu'elle subissait à un de ses enseignants. Elle pensait avoir déjà entendu Lily lui sortir à peu près le même discours. Et elle de penser la même chose : l'idée n'avait rien d'absurde, au contraire, elle était même très bonne, car quand on se retrouvait à ce point impuissant, se tourner vers un adulte, une figure d'autorité, était certainement la démarche la plus saine. Mais...

Non, elle ne l'avait pas fait, et pour tout dire, elle n'avait pas envie de le faire. Elle savait que c'était pousser sa fierté beaucoup trop loin, pourtant, mais elle n'avait pas envie de se rabaisser à demander de l'aide (même si c'était plus ou moins ce qu'elle avait consenti à faire avec Edgar, mais pas sans difficultés), et encore moins à un professeur. Qu'est-ce qu'on irait penser d'elle si on apprenait qu'elle se réfugiait dans les jupes de Meadowes à la moindre difficulté ?

Oui, elle appréciait et estimait le professeur de défense contre les forces du mal, mais pas au point de s'imaginer vider son sac en sa présence. Pour quels résultats ? Si ça revenait aux oreilles d'Avery ou de Mulciber (ou de n'importe quel serpentard qui s'empresserait de le leur répéter), alors elle était convaincue que ce serait encore pire qu'avant, et pour tout dire, ça lui faisait vraiment, sincèrement, très peur.

-M'aider comment ? demanda-t-elle sceptique. Si on apprend que je suis allée me plaindre à un de nos profs, ça va être encore pire, dit-elle, absolument convaincue de ce qu'elle avançait.

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our Mary, il semblait assez évident que si elle devait se hasarder à parler de sa situation à un professeur, la nouvelle arriverait forcément aux oreilles des principaux intéressés. Même si elle se contentait de demander un soutien, une oreille attentive, ou de nouvelles armes pour se défendre (même si, en règle générale, elle savait parfaitement se défendre, son bloquage concernant ces deux vert et argent restait pour elle complètement incompréhensible), elle finirait sans doute pour donner le nom de ses tourmenteurs. Et un professeur qui se respecte prendrait forcément les mesures qui s'imposent, à grand renfort de punition, lettre aux parents, menaces de renvoi (si seulement le renvoi pouvait être réel... mais elle n'y croyait pas... d'autant plus que les parents de ces deux-là avaient le bras long).

Donc oui, elle pensait que si le duo en prenait pour son grade parce qu'elle les avait dénoncés, elle en accuserait forcément des représailles. A ce stade, difficile pour elle d'imaginer ce qu'ils pourraient bien être capables de lui dfaire de pire que ce qu'ils ne lui faisaient pas déjà subir au quotidien, mais la rouge et or n'était pas certaine de vouloir les mettre au défi de lui montrer tout ce qu'ils étaient capables de lui faire endurer. Ces deux cinglés étaient des pros du harcèlement, ça ne faisait pas le moindre doute. Et ils étaient vicieux. Elle ne voulait absolument pas agraver son cas, même si on lui suggèrerait peut-être que c'était absolument impossible.

Elle se sentait un peu mise au pied du mur. Elle savait que les propos d'Edgar étaient bienveillants, et qu'il le conseillait du mieux qu'il le pouvait, qu'il tentait de l'aider et de la raisonner dans la mere dupossible, mais elle se sentait comme mise devant le fait accompli. En gros, si elle continuait à enduirer et à subir, ce serait de sa faute, parce qu'elle n'avait pas le courage de parler, parce qu'elle avait peur de le faire... Ce n'était pas ce que le discours du bleu et bronze induisait, bien sûr, mais c'était ce qu'elle ressentait. Et elle aurait voulu que son ami comprenne ses craintes et ses réticences, qu'il avait l'air de trouver absurdes. Peut-être qu'elles l'étaient en effet, mais aux yeux de Mary, elles avaient tout de même l'air sacrément réelles quand elle y songeait trop longtemps et que la peur la paralysait alors tout à coup.

-Tu vas trouver ça idiot... Elle trouverait sans doute ça idiot si les rôles étaient inversés. Mais j'ai juste peur d'en parler, tu comprends ?

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ary se sentit soulagée d'entendre qu'Edgar la comprenait. Parfois, elle avait envie de se flageller elle-même pour son comportement, pour son silence, pour son incapacité à aller trouver des personnes qui pourraient éventuellement l'aider. Elle savait que se contenter de subir en serrant les dents n'était pas une solution, mais elle ne réussissait pas à supporter autre chose. Bien sûr qu'elle devrait écouter les conseils du bleu et bronze. Elle savait très bien que le jeune homme ne voulait que son bien, et qu'il faisait preuve d'un immense bon sens. Mais c'était comme ça, elle n'y arrivait pas. Peut-être qu'un jour, elle serait prête à faire ce pas en avant qui lui permettrait peut-être de mettre fin à ce harcèlement constant, mais ce moment n'était clairement pas arrivé.

Edgar lui partagea sa propre peur, celle de voir les choses s'aggraver même si elle n'en parlait à personne. Malheureusement, cette peur était légitime, et Mary la partageait, elle devait bien lui reconnaître. Plus ses persécuteurs gagnaient en confiance, à force de s'en prendre à elle sans aucune réaction tangible de sa part, plus ils étaient capables d'aller loin dans leur processus de harcèlement. L'adolescente avait bien conscience que c'était un cercle vicieux, vraiment. Et elle avait dû mal à déterminer jusqu'où elle pouvait descendre dans cette pente glissante jusqu'à ce que ça devienne insoutenable. Heureusement qu'elle pouvait compter, à côté de cela, sur le soutien infaillible de ses amis, elle en avait vraiment le plus grand besoin pour parvenir à supporter cette situation. Si elle était vraiment isolée, sans amis, sans personne pour l'entourer et la défendre, les deux vert et argent auraient réellement été capables de la briser.

Voir l'inquiétude chez Edgar, sentir qu'il était sincère en l'exprimant, lui faisait remettre en question son comportement tout entier. Peut-être qu'elle devrait effectivement écouter ses conseils... Ce n'était pas qu'elle que cette situation impactait. Elle pensait à Tilden, à Lily... elle savait que eux aussi se faisaient beaucoup d'inquiétude pour elle. Elle n'avait pas le droit de leur faire ça. Elle s'en voulait de leur faire ça.

-Je... vais y penser, promit-elle doucement. Là, je crois que j'ai juste besoin de me remettre un peu de mes émotions... et de me gaver de caramel, ajouta-t-elle dans un léger sourire, dans l'espoir de détendre un peu l'atmosphère.

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e gaver de caramel, de chocolat, de n'importe quoi de gras, sucré et réconfortant, lui semblait en effet être la meilleure solution possible. Pas la plus viable sur la durée, certes, mais la plus confortable néanmoins. La jeune femme savait bien que manger chocogrenouille sur chocogrenouille n'allait pas changer le comportement de ceux qui la persécutaient, tout ce qu'elle y gagnerait, c'était peut-être quelques kilos en plus (qu'elle perdrait sur le terrain de Quidditch, de l'avantage d'être sportive). Mais c'était son réconfort immédiat qui primait, et de très loin, sur absolument tout le reste, et c'était là-dessus qu'il allait donc se focaliser.

Edgar semblait approuver cette position... pas qu'elle attende son avis, mais ça lui convenait très bien, tout comme elle appréciait qu'il respecte son besoin immédiat, pour le moment, de mettre de côté tout soutien de la part d'adultes qui pourraient pourtant peut-être la tirer du pétrin et accorder à ceux qui lui faisaient la misère la snaction qu'ils méritaient. Il proposa de se joindre à elle et Mary hésita quelques secondes.

Ce n'était pas qu'elle avait envie de se débarrasser d'Edgar, pas du tout, elle se demandait très honnêtement si elle préférait rester seule ou non et n'avait pas encore trouvé la réponse à cette question. Elle ne voulait pas lui imposer sa compagnie si elle devait finalement réaliser qu'il était en trop. Elle avait souvent tendance à se renfermer sur elle-même. Elle savait que ce n'était pas une bonne chose, surtout pas... et c'était notamment une chose que Lily lui reprochait souvent. Mais c'était plus fort qu'elle. Et il fallait peut-être qu'elle pallie à cette habitude.

Edgar s'était montré présent, sympathique et prévenant avec elle. Et sa compagnie lui faisait du bien. S'il n'était pas venu à la rescousse, elle se serait sans doute contenté d'épuiser toutes les larmes qu'elle avait en réserve sans pour autant s'épancher sur ce qu'elle avait réellement sur le coeur, et cela n'aurait été bon pour personne. Alors en vérité, sa présence serait plus qu'appréciée. Surtout s'il devait partager sa gourmandise et sa passion immodérée pour le sucre et le caramel.

-Si tu veux te gaver avec moi, tu es le bienvenu, décréta-t-elle donc finalement dans un fin sourire avant de se mettre en route vers les cuisines, où ils avaient les meilleures chances de dénicher ce qu'ils voulaient.

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ary prit un faux air offusqué quand son interlocuteur lui apprit ne jamais s'être gavé de caramel dans les cuisines. En même temps, c'était particulièrement spécifique. Déjà, il fallait avoir un goût prononcé pour le caramel, et tout le monde n'aimait pas avoir du sucre coincé entre les dents. Ensuite, il fallait déjà connaître l'accès aux cuisines, et ça non plus, ce n'était pas donné à tout le monde.

Par ailleurs, il fallait être de ceux qui mangeaient leurs émotions. C'était le cas de Mary. Elle n'était pas juste gourmande, elle avait souvent un rapport presque compulsif à la nourriture... Pas depuis toujours, mais c'était le cas depuis la mort de son père. Non, ça ne soignait pas la douleur, mais ça cherchait à combler un vide, et c'était toujours mieux que rien. Et oui, ça marchait aussi quand elle se faisait emmerder par des connards de serpentard. Elle ne pensait pas qu'Edgar soit du genre à avoir ce genre de réflexes émotionnels. Ceci dit, elle se trompait peut-être. On connaissait souvent mal les personnes que l'on prenait pour ses amis. Elle découvrait peut-être un Edgar gourmand qu'elle ne s'imaginait pas.

-Mais qu'est-ce que tu faisais de tes journées avant aujourd'hui ? Quiconque ne s'est pas gavé de caramel jusqu'à l'indigestion dans les cuisines de Poudlard n'a pas vraiment vécu sa vie.

Ils pénétrèrent donc dans les cuisines où les elfes de maison les accueillirent comme des rois. L'air de rien, elle connaissait bien les lieux. Elle n'y allait pas tous le jours non plus, certes... mais peut-être un peu plus que nécessaire, elle pourrait bien le reconnaître. On leur proposa des caramels, des chocolats... et des bonbons à la menthe aussi (Mary soupçonnait que les elfes essayaient de les refourguer à tout prix parce que personne n'en voulait - à juste titre). Elle avala avec plaisir un premier cube de caramel. Elle allait peut-être éviter de s'empiffrer autant qu'à son habitude. Elle n'avait pas forcément envie de se donner en spectacle non plus. On ne dirait pas forcément, toute menue qu'elle était, qu'elle était aussi mangeuse, mais le quidditch aidait beaucoup pour ça.

-Avoue que ça manquait à ton existence.

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ary afficha un sourire triomphal en entendant la réponse de son interlocuteur. Non, bien sûr qu'elle ne s'imaginait pas qu'Edgar était sincère et qu'elle venait donner tout son sens à son existence (même si n'importe quelle existence, si on la nappait de caramel, gagnait en valeur, selon les standards tout particuliers de la jeune femme), tout comme elle-même n'avait fait que prétendre que l'indigestion au sucre était une nécessité de l'existence. Ça faisait juste du bien de ne plus se faire de souci et de plaisanter, sans se poser davantage de question. C'était juste de ça, qu'il était question, pas d'autre chose.

-Je le savais. Tu es autorisée à dresser un autel en mon honneur pour me remercier, de rien, affirma-t-elle avant d'adresser une attention plus particulière à son caramel. C'est qu'ils en parlaient beaucoup mais n'en mangeaient pas encore assez à son goût.

Et effectivement, il n'y avait rien de mieux... ou si, il y avait deux-trois choses pour transcender ce sentiment de bien-être qui ne pouvait qu'accompagner les situations de la sorte, mais quand même... Elle se sentait... mieux, nettement mieux.

Au point qu'elle en oublierait presque sa mésaventure d'un peu plus tôt ou encore le fait que ce n'était qu'une parmi tant d'autres et que les vert et argent qui lui menaient la vie impossible reviendraient certainement à la charge d'une manière ou d'une autre à un moment donné, l'obligeant à faire face à des angoisses qu'elle n'avait plus envie de gérer autrement qu'en se remplissant l'estomac à l'heure actuelle.

-Bon et sinon, comment tu vas, toi, quoi de neuf ?

Non parce que maintenant que l'émotion était retombée, que la crise était passée et surtout que son ventre se remplissait, elle devait bien constater qu'elle n'avait fait que parler d'elle et de sa situation depuis tout à l'heure. Bon, vu la situation, on pouvait lui pardonner de ne pas vraiment être dans les bonnes conditions pour entretenir une conversation standard, mais maintenant, c'était le cas, et donc, elle voulait juste achever cette soirée en beauté en bavardant bien plus légèrement avec son ami, le tout en écoutant attentivement tout ce qu'il pourrait avoir de beau et de nouveau (voire de vieux, elle prenait aussi) à lui raconter.

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ary aurait aimé qu'Edgar s'épanche plus longuement sur sa réponse, ne serait-ce que parce que, dans les circonstances présentes, elle préférait largement parler de lui plutôt que d'elle-même. Mais à l'évidence, elle allait devoir lui tirer un peu les vers du nez. Elle était ravie d'apprendre qu'il avait passé de bonnes vacances, maintenant, elle voulait savoir en quoi ses vacances avaient été si bonnes et ce qu'il en avait fait, est-ce qu'il était parti en voyage ? Est-ce qu'il était resté tranquillement chez lui ? Autant de questions qu'elle ne se priverait évidemment pas de lui poser, avec la curiosité sincère d'entendre la réponse qu'il aurait à y apporter.

-T'es bien l'une des rares personnes que je connaisse qui sache se réjouir à ce point de la rentrée, remarqua Mary avec un léger sourire au coin des lèvres.

Bon, il est vrai qu'ils étaient des privilégiés, au sens où leur rentrée ne se faisait pas n'importe où non plus. Une rentrée dans une école de magie, et la meilleure école de magie du monde (sans chauvinisme aucun, bien sûr, c'était juste la plus stricte vérité, vous pensez bien) qui plus est, c'était évidemment assez exceptionnel. Mais ça restait une rentrée malgré tout, avec tous les inconvénients que ça entraînait, surtout en internat : être éloigné de sa famille déjà, et puis les cours, les cours, et encore les cours. Et puis les devoirs en dehors des cours.

Alors oui, Mary s'était quand même réjouie de retourner à Poudlard, ne serait-ce que pour revoir Tilden et Lily, déjà, et pour retrouver son équipe de Quidditch au grand complet et tous ses amis, mais après quelques heures de cours et une charge de devoirs à n'en plus finir, elle s'était rappelée pourquoi la seule perspective des cours l'épuisait au plus haut point, ça n'avait vraiment pas mis longtemps à lui revenir en tête. Cela plus le retour de ses harceleurs, dont au moins elle n'avait pas besoin de se soucier durant ses deux mois d'été, ce qui était très clairement un plus.

-Qu'est-ce que t'as fait de beau durant tes vacances, raconte ? demanda-t-elle afin d'obtenir plus de détails, elle qui en était bien évidemment avide.

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