L'enseignement, c'est une amitié. [pv Remus]

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on, c'était mal parti. La rentrée commençait à peine et Peter se sentait déjà complètement perdu et débordé. C'était de notoriété publique que le niveau se complexifiait au fil des ans, et Peter en avait bien conscience, mais il avait naïvement espéré que l'abandon de toutes les matières qui lui donnait du fil à retordre les années précédentes (à commencer par la métamorphose - il devait bien être le seul animagus au monde à galérer autant dans cette matière) allait lui faciliter la tâche. Tu parles. Pour ce qui était des matières dans lesquelles il avait eu le niveau suffisant pour obtenir ses BUSE, il était déjà submergé. Il devait en l'occurrence potasser sur une dissertation pour le cours d'enchantement, et il n'y comprenait rien. C'était la cinquième fois qu'il relisait le même paragraphe du livre qu'il avait emprunté à la bibliothèque, et il aurait bien pu être rédigé en runes anciennes que ça n'aurait pas fait une grande différence aux yeux du jeune homme. En fait, ça n'en aurait même fait aucune. Il n'y comprenait juste rien de rien.

Il devait avoir l'air sacrément malin, affalé à l'une des tables de la salle commune des rouge et or, à galérer sur son livre ouvert comme une âme en peine. Il n'en fallait pas beaucoup pour que la faible confiance que Peter avait en lui-même fonde comme neige au soleil, et on était en plein dedans. Queudver se sentait complètement nul et inutile. S'il était déjà complètement perdu alors que c'était à peine le début de l'année scolaire, qu'est-ce que ça allait être à la fin de l'année ? Il n'avait pas trop envie d'y penser pour le moment, mais s'intéresser à l'instant présent n'était pas plus glorieux ou intéressant que de se focaliser sur l'avenir.

Le jeune homme poussa un soupir désespéré et leva les yeux de son ouvrage juste à temps pour constater qu'on s'était approché de lui sans qu'il remarque rien. La grimace qui déformait son visage rond jusqu'ici se changea en sourire en voyant Remus. Peter était partagé entre l'envie de l'appeler au secours pour l'aider à décrypter ce fichu paragraphe et celle de juste profiter de sa présence pour oublier en instant son devoir de l'enfer et discuter de n'importe quoi qui ait de préférence le moins de rapport possible avec les cours.

-Salut. Tu vas bien ?

Question d'autant plus légitime que Peter savait que la pleine lune approchait à grand pas. Alors au bout du compte, Remus ne devait pas aller si bien que ça.

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eter observa Remus avec autant d'attention qu'il en était capable. Parfois, il aimerait savoir décrypter l'esprit de ses proches et lire en eux aussi bien qu'approximativement n'importe qui réussissait à lire en lui. Comme ça, il saurait si Remus allait vraiment bien quand il allait bien, et si un "on fait aller" voulait dire "ça va mal" ou juste... eh bien... "on fait aller". Remus n'était pas quelqu'un de malhonnête, mais il n'était pas du genre non plus à s'épancher sur ses problèmes malgré tout, alors il fallait savoir le décrypter un minimum. Ce qui n'était pas le fort de Peter.

La preuve, quand ses deux meilleurs amis avaient évoqué la lycanthropie de Remus comme s'il s'agissait d'une évidence absolue, Peter lui n'avait réussi à interpréter aucun des signes qu'il avait pourtant juste sous son nez. Bref, il réussissait tout du moins à se douter du fait que son meilleur ami avait connu mieux, et n'irait sans doute pas mieux avant que la pleine lune ne pointe le bout de son nez. Il pouvait comprendre, ou essayer de comprendre en tout cas. Il eut envie de trouver quelque chose à dire, de réconfortant et de spirituel à la fois. Et donc il en vint à ne rien dire et à juste considérer son ami depuis ses petits yeux humides jusqu'à ce que son camarade reprenne la parole pour lui demander s'il s'en sortait.

Au moins, sur ce genre de sujet, Queudver gardait tout de même un minimum de prise, même si ce n'était jamais très glorieux pour autant, il faut quand même l'avouer. Parce que non,
Peter ne s'en sortait pas du tout, il se sentait totalement paumé. Et ça passerait encore si c'était quelque chose qu'il n'éprouvait pas de façon exécrablement constante dans beaucoup trop de situation qui ne le méritaient pas. Il haussa les épaules.

-Pas vraiment... Il poussa un léger soupir. En fait, j'y comprends rien. La rentrée a commencé il y a quelques jours et je suis déjà paumé.

Il se garda d'entrer dans une phase d'autoappitoiement pourtant tentante et d'ajouter qu'il était un bon à rien, qu'il n'arriverait jamais nulle part et qu'il ne servait à rien (ce que certains - des serpentards globalement - s'amusaient déjà à lui faire remarquer sans qu'il ait rien demandé à personne, d'ailleurs, bonheur). Remus le connaissait, il savait forcément ce qu'il en était.

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emus avait beau dire, Peter estimait le mieux placé pour savoir qu'il n'exageait absolument rien du tout. Oui, le jeune homme avait de vraies difficultés, et oui, il n'y comprenait rien. Il savait où son meilleur ami voulait en venir, bien sûr, et il avait bien compris que ce dernier estimait que beaucoup de ses lacunes venaient d'un manque total de confiance en lui-même sur lequel il fallait vraiment qu'il travaille un maximum. C'était vrai, sans doute, mais ça ne changeait rien au constat qu'l faisait à l'heure actuelle : à savoir que cette phrase qu'il relisait, encore et encore et encore ne faisait aucun sens pour lui. Ceci dit, il pouvait reconnaître qu'il l'avait sans doute un peu trop lu au bout du compte.

Remus jeta un oeil à ce qu'il faisait. Peter était un peu étonné que le jeune homme n'ait pas déjà pris de l'avance sur ce devoir, voire ne l'ait pas encore terminé. Remus n'était pas du genre à laisser un travail en suspens ou à attendre la dernière minute pour se mettre à l'ouvrage. Ceci dit, le jeune homme voulait bien croire son meilleur ami sur parole malgré tout. Pourquoi est-ce que Remus lui mentirait, après tout ? Et puis, s'il n'avait pas encore commencé sa dissertation, c'était peut-être parce qu'il avait eu d'autres priorités : Remus, intelligent comme il était, poursuivait bien plus de matières que Peter, cette année.

Et à côté de ça, il devait aussi assumer ses responsabilités de préfet qui forcément empiétaient sur son temps de travail. Enfin, il ne fallait pas l'oublier (Peter ne l'oubliait pas et il se doutait que Remus encore moins), la pleine Lune approchait, il ne devait pas être dans les conditions physiques et mentales suffisantes pour s'y accoler. Raison pour laquelle, même si Peter appréciait sa proposition, il ne voulait absolument pas l'y forcer.

-Ce serait cool, reconnut-il quand même dans un sourire, qui n'allait certainement pas refuser le coup de main de Remus. Quitte à travailler, de toute façon, c'était toujours plus simple de ne pas faire ça tout seul dans son coin. Mais il avait déjà le sentiment d'avoir usé tout son potentiel cognitif à pas grand-chose, il n'avait pas spécialement envie d'en passer par là. Mais pas tout de suite, j'ai utilisé tout ce que j'avais de cerveau, là. Il préférait largement bavarder un peu, au moins ne pas rentrer directement dans le vif du sujet. C'était comment, ton aprem ?

Ils n'avaient eu aucun cours en commun dans l'après-midi, alors il venait aux nouvelles.

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emus résuma son après-midi comme fatigante, Peter afficha une grimace en guise de réponse. Il n'en doutait pas franchement de son côté. Il trouvait n'importe quel cours un tant soit peu intensif épuisant, il suffisait de voir seulement à quel point un simple devoir était capable de lui faire des noeufs au cerveau... mais dans le cas de son ami, l'adolescent se doutait qu'il n'était pas juste question de cela au bout du compte. Remus était naturellement épuisé parce que la pleine lune approchait et que sa capacité de concentration devait, par conséquent, se révéler un peu moindre. Il n'allait pas revenir là-dessus, il ne pensait pas que Remus ait réellement besoin que l'on s'épanche sur son état.

Il ajouta que McGonagall était fidèle à elle-même, en bref sévère et exigeante. Peter avait toujours eu beaucoup de mal avec son professeur de métamorphose. Il se mettait une pression monstrueuse durant ses cours et le résultat était toujours proche de pitoyable en définitive. Il aimait cette matière, pourtant, et il aurait aimé être capable de mieux, comme bien souvent. Mais vouloir n'est pas pouvoir. Les résultats de ses BUSE l'avaient démontré. Certes, au moins il ne s'en était pas sorti avec un "troll" magistral dans cette matière, mais un "Piètre" qui n'était pas forcément beaucoup plus glorieux.

Quelquefois, Peter se disait qu'il aurait voulu que McGonagall le voie se transformer en rat, qu'elle constate qu'il n'était pas totalement à cataloguer dans la catégorie des moins que rien comme elle semblait l'avoir fait, mais ce serait idiot. Et en plus, il serait capable de perdre ses moyens au point de ne pas réussir sa petite démonstration d'un acte parfaitement illégal. En bref, pas de métamorphose pour lui, et en soi, il était content de s'épargner le regard sévère et insatisfait de son professeur. Alors, résultat des courses, qu'est-ce qu'il avait fait de son après-midi.

-Pas grand-chose, constata Peter, un peu penaud, en réponse à son interlocuteur. Il aurait aimé lui affirmer qu'il avait suivi un programme absolument chargé et stimulant, mais ce n'était pas du tout le cas, il avait fait un détour par les cuisines pour grignoter, glandé dans sa chambre, lu quelques bandes dessinées et tenté laborieusement de faire sa dissertation. Rien de bien glorieux. J'ai essayé de bosser, comme tu vois... ou plutôt comme tu vois pas, ajouta-t-il avec un rire un peu nerveux.

Indépendamment de ses amis, Peter avait définitivement le sentiment de n'avoir aucune forme d'intérêt.

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emus ne semblait jamais aussi décontracté à Peter que quand il essayait de minimiser sa propre anxiété. Clairement, le jeune homme n'était pas du genre indifférent et désabusé, il laissait cela à leurs deux autres amis, et ce n'était pas forcément son genre de laisser un devoir à plus tard sons prétexte qu'ils avaient du temps... c'était une affirmation toute relative au bout du compte, parce que du temps, il y en avait en soi, mais quand tous leurs devoirs allaient commencer à s'accumuler les uns après les autres, ce serait en revanche une autre paire de manches. Mais soit, cela convenait parfaitement bien à Peter que son ami ne soit pas déterminé dans l'immédiat à l'obliger à bosser.

La rentrée avait commencé il y a peu, après tout, ils pouvaient encore se permettre de se montrer un peu moins assidus... Ils auraient suffisamment le temps par la suite de se rappeler qu'il leur fallait être des élèves modèles. Enfin bref. Adieu le devoir auquel il ne comprenait absolument rien, et bonjour la conversation entre amis, sous le soleil du mois de septemble qui autrisait le ciel britannique à ne pas faire complètement grise mine, même si cela ne direrait certainement pas... raison de plus pour en profiter, pas vrai ? Vrai, bien sûr.

-Oui, carrément, assura Peter avec un enthousiasme peut-être un chouias trop accentué, même si Peter n'avait absolument pas à le feindre, pourtant. C'était la vérité, Peter était partant pour une escapade dans le parc de Poudlard, et il avait même hâte de quitter le décor du parc pour profiter un peu du soleil...

Et puis, ce n'était pas qu'à lui que ça ferait du bien, au passage. A Remus aussi. Il en parlait avec légèreté, mais Peter comprenait bien que c'était tout de même vrai. Il n'allait pas forcément bien, et il y avait de vraies bonnes raisons à cela en fin de compte. Peter ne comptait pas s'appesantir sur la question. Remus en parlerait s'il voulait en parler. Peter préférait ne pas agraver la situation ou blesser Remus par quelque réplique maladroite. Il n'en était pas question. Comme pour confirmer son propos, il referma me bouquin d'un geste peut-être un peu trop ferme qui provoqua un claquement sec.

-Allez, on y va ! ajouta-t-il, plus directif en cet instant qu'il n'avait l'habitude de l'être, c'est rien de le dire.

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