Qui ne tente rien, n'a rien. (Marlene)

C

e n’était vraiment pas facile de se remettre dans le bain. Poudlard avait affreusement manqué à Marlene, même si elle n’attendait qu’une chose, pouvoir sortir de là et faire quelque chose qui ait vraiment de l’importance. Mais ces deux mois toute seule –n’en déplaise son oncle et sa tante, qui étaient incroyables, de l’avoir accueillie, ils n’étaient pas ses parents, et elle ne les connaissait pas tant que ça- avaient été… Longs. Froids. Difficiles.
Alors revenir dans la cohue, l’énergie des élèves de Poudlard… La salle commune de Poufsouffle, tellement chaleureuse, la bonne vieille routine des emplois du temps, la soutient indéfectible d’Emmeline… Ce n’était pas facile mais, en même temps, ça lui faisait du bien d’avoir tous les jours des objectifs posés devant elle. Ça l’aidait à se concentrer, à marcher droit. A ne pas se laisser distraire.

Elle était en avance pour son cours de botanique, le dernier de la journée. Il faisait un temps magnifique, même si un peu trop chaud pour l’écossaise, à cause du manque de vent. Le climat fortement humide et le vent violent de son île de Skye natale lui manquait… Sa maison lui manquait… Mais elle était mineure, alors on ne lui avait pas vraiment laissé de choix. Surtout que vivre l) ou s’étaient fait tuer ses parents n’était pas vraiment « sain » avait dit le psychomage lorsqu’elle avait hurlé au scandale qu’on la force à déménager. Ouais. Peut-être. En attendant, elle aurait aimé avoir le choix.
Skye lui manquait vraiment beaucoup.

Ça arrivait souvent comme ça, inopportun et inattendu, une vague d’émotions qui lui prenait à la gorge et au cœur, comme un étau. Elle détestait ça, Marlene. Ne pas être aux commandes de son propre corps, c’était frustrant et un peu la honte, alors elle descend vers les serres la tête basse, lâchant exceptionnellement ses cheveux pour dissimuler les larmes qui menacent de couler. Se disant qu’elle aurait le temps de se calmer vu la route qu’il y avait entre l’école et les serres.

Mais elle n’est pas mieux lotie aux portes des serres et est un peu prise de cours –pas dans le bon sens- par Sirius Black qui à la mauvaise idée de l’interpeller. Marlene s’éclaircie bruyamment la gorge un petit moment, histoire de chasser le côté sûrement enroué de sa voix, et gagner du temps pour reprendre contenance. Elle essuie presque rageusement les yeux avant de relever la tête comme si de rien n’était. Nope. Rien du tout.

« Bien, très bien, totalement, parfaitement bien ! Mieux qu’hier et encore mieux qu’avant-hier en tout cas. » elle s’exclame, avec un peu d'exagération. C’était exactement comme le sport, il fallait se motiver, s’encourager, ça aidait. Marlene VS faiblesse passagère : 1-0. Elle allait mieux qu'il y a un an, c'était ce qu'il fallait se dire. Elle n'allait pas se montrer sous un jour vulnérable, surtout pas devant Sirius Black. « Salut Black. » dit-elle avec un petit sourire. Parce qu’elle était polie quand même, comme fille, même si elle le dit avec beaucoup moins d’enthousiasme et une moue un peu renfrognée. Parce que, qui disait Black aîné –il ne fallait pas la lancer sur le sujet du cadet, Regulus était une plaie- disait sourire qui tue bien trop efficace. Et lourdeur.

Elle le regarde enfin vraiment, et ne peut s’empêcher de plisser les yeux. « T’as l’air vachement content de me voir. Je dois m’attendre à ce que tes potes sortent de nulle part en criant « farce de l’année » ? » elle hausse les sourcils en se donnant ses petits airs de miss indomptable et intouchable. Marlene McKinnon, sensible aux charmes d’un garçon ? Ah ! C’était ça, la farce de l’année. Elle était totalement vaccinée, merci bien ! (c’était comme le sport, oui, et comme contre le chagrin, il fallait se lancer de quoi se motiver et finir par y croire ! Marlene refusait de tomber dans le panneau).

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L

e truc, avec les garçons, c'est qu'elle s'était toujours aussi bien entendu avec eux qu'avec les filles, voir mieux (sans compte Emmeline bien sur). Ce n'était pas qu'elle jugeait sur le sexe ou quelque chose comme ça, mais disons que le côté parfois peste et "vas-y que je fais les choses dans ton dos et que je pinaille à cause des garçons" lui tapait vraiment sur les nerfs. Elle regrettait l'époque ou ils étaient plus jeunes, que les hormones ne faisaient pas encore effet et que la saison des amours et parades nuptiales version êtres humains ne passaient pas non-stop. Les garçons, c'était bien en amis, point barre. En même temps ce ridicule uniforme n'aidait pas, qui avait décrété que les filles devaient porter des jupes ? Marlene n'aimait pas les jupes, les robes, le maquillage, tout ça. Ce n'était pas pratique, en plus quand il faisait froid il fallait porter des collants et il n'y avait RIEN de plus inconfortable. Il n'y avait qu'au Quidditch et les weekends ou elle pouvait tranquillement porter des pantalons. (elle avait bien essayé en semaine, sa deuxième année, mais ça avait fait perdre des points à sa Maison... INJUSTICE.)

Bref, Marlene ne comprenait pas pourquoi une fille aussi intelligente que sa meilleure amie décide de perdre du temps à sortir avec quelqu'un, ni le reste de la populace poudlarienne. Ils étaient là pour apprendre non ? Bref, Sirius et sa fameuse réputation de dragueur invétéré ne le savait pas, mais même s'il n'avait aucune chance de faire dévier Marlene du chemin qu'elle avait prévu de prendre (sans pauses garçons, pas même Dirk) il avait au moins la bonne idée de la distraire des idées noires qui l'avaient momentanément rattrapée.

« Je sais pas, parce que vous êtes tout le temps collés aux basques les uns des autres ? Un vrai boys band sans la musique. » qu'elle lâche sans filtre. Bon ils n'avaient pas vraiment de raison de lui faire de farce, vu que ses vêtements étaient jaunes et noirs au lieu de vert et argent (ce qui était vraiment mal, comme discrimination, même si le comportement de certains de ces serpents aka les futurs Mangemorts n'aidait pas). Mais quand même, ça ne coûtait rien de poser la question, elle ne savait pas exactement ce qui se passait dans la tête de ce Gryffondor prétentieux. Et dire que Mary était sortie avec lui ! Il faudrait qu'elle lui en touche quelques mots, elle était curieuse quand même, comment elle en était arrivé là...? Bref, ces histoires de cœur, c'était épuisant.

Ce n'est pas pour être méchante ou quoi mais... Marlene ne peut pas s'empêcher de rire à ce que l'autre adolescent dit ensuite. « Parce que t'aurais eu envie de passer du temps avec moi si j'avais pas gagné un bonnet pendant l'été ? » Elle secoue la tête, ses cheveux étaient attachés en une queue de cheval négligée et elle n'avait fait aucun effort de maquillage ou même pour rentrer sa chemise dans sa jupe. Marlene savait qu'elle ressemblait un peu plus à quelque chose, depuis la dernière année scolaire, elle avait pris un peu de formes disons. Mais elle ne croyait pas une seconde que Sirius Black avait vraiment envie de passer du temps avec elle. Il n'était pas méchant hein, mais elle n'était pas tombé du dernier chaudron. « J'en pense que c'est vraiment naze comme phrase d'accroche, sans rancune hein, mais je me demande bien comment tu fais pour trouver des copines comme ça. Ou elles regardent juste les muscles ? » Parce que non, elle n'était pas aveugle Marlene, et aussi éloignée des problèmes d'adolescents hormonaux qu'elle croyait être... Eh bien, Sirius Black n'était vraiment pas le pire à regarder.

En vrai, Marlene s'en moque un peu, si elle le vexe, elle dit la vérité ou du moins ce qu'elle pense, et c'est important pour elle. Mieux vaut ça que les faux "ta compagnie me fait plaisir blabla".

Voilà, elle aurait presque oublié qu'elle était sur le point, il y a quelques minutes, de fondre en larmes. Merci Black numéro hein pour ce bon rire !

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