Une nouvelle année haute en couleur (Mary <3)

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été avait filé à toute berzingue, et Mary ne s'en plaignait clairement pas. Même si elle était loin d'avoir passé les pires vacances que l'on puisse imaginer et en avait même sacrément profité, force lui était de reconnaître qu'elle n'était pas contre un petit retour à la bonne vieille routine de Poudlard. Même si elle avait pu revoir certains de ses camarades au cours de l'été (à commencer par Tilden, bien évidemment - mais elle avait passé aussi quelques jours chez Lily - l'occasion de rencontrer sa soeur aimable comme une porte de prison dans la foulée), ce n'était pas pareil, l'ambiance non plus n'était pas la même.

Dans l'ensemble, il y avait tout un tas de choses qu'elle avait eu hâte de retrouver : les soirées dans la salle commune à chaque fois que les élèves parvenaient à échapper à la vigilance de McGonagall, les entraînements et les matchs mouvementés de Quidditch... même les gueguerres incessantes entre les maisons lui avaient à vrai dire plutôt manqué. Bon, elle n'avait pas sauté de joie quand son regard avait croisé ceux de Mulciber et Avery à la table des serpentards durant le dîner d'accueil habituel, mais ça avait été très vite été oublié quand elle avait pu profiter de la compagnie de ses proches. Elle se sentait motivée, prête à faire des étincelles, elle comptait bien tout faire pour que cette année scolaire soit mémorable, et de préférence dans le bon sens du terme, cela va sans dire.

Elle avait mangé bien plus que nécessaire et se sentit bien lourde quand il fut temps de monter les innombrables marches qui menaient à la salle commune des Gryffondor. Elle n'avait qu'une hâte à présent, c'était de s'enfoncer dans un de ces moelleux fauteuils, en espérant que son préféré n'aurait pas été pris d'assaut et de se laisser gagner par un processus lascif de satisfaisante digestion.

Elle avait songé à proposer à Lily de partager avec elle cette activité ô combien passionnante, mais elle ne l'avait trouvée nulle part, elle espérait que Potter n'avait pas saisi une occasion, même minime, de lui tenir la jambe (aucun sous-entendu salace là-derrière), alors soit, elle s'était simplement vautrée sans élégance dans le fauteuil en question, comateuse. Jusqu'à être "réveillée" par une voix familière. Elle se redressa, sourire aux lèvres, en voyant Sirius.

Lui, il faisait partie de ceux qui lui avaient manqué le plus au cours de cet été. Ils n'avaient pas encore eu l'occasion de bavarder depuis leur retour à Poudlard, pas plus dans le Poudlard-Express, alors elle comptait bien saisir l'occasion qu'il lui donnait.

-A la perfection, répondit-elle avec un sourire. C'était à moitié vrai. Chez elle, le souvenir de son père était partout, et elle ne l'avait pas si bien vécu que cela, mais hors de question qu'elle se confie à ce sujet. Mais je suis bien contente d'être de retour. Et toi, ton été ? T'as survécu ?

Mary ignorait que Sirius n'avait pas passé son été chez ses parents, pour une fois, alors elle s'attendait au pire.

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ary s'attendait à entendre son interlocuteur se plaindre pendant plusieurs longues minutes au sujet de sa famille de cinglés. Ce qui ne l'aurait pas dérangé, au passage. Pour ce qui était de casser du sucre sur le dos des crétins consanguins de sang-pur, elle était toujours partante, et elle avait toujours son mot à dire, et c'était même une de ses activités préférées, sans l'ombre d'un doute. C'était une conversation qu'ils avaient souvent, d'ailleurs, et pour cause, ils partageaient tout de même beaucoup de choses tous les deux, d'ailleurs, Mary n'avait pas forcément le sentiment que ça avait changé. Avant ou après la rupture, la complicité était juste exactement la même. C'était seulement les à-côtés qui étaient différents, à présent.

Mais bref, il y avait donc une différence, cette année. Et ce n'était pas une moindre différence, loin s'en faut, puisque Sirius avait l'air d'avoir passé le meilleur été de toute sa vie. Et il n'y avait pas nécessité de s'interroger trop longtemps sur la question, car le rouge et or lui apprit bien vite ce qu'il en était : Sirius s'était cassé. Mary afficha un sourire rayonnant en apprenant la nouvelle : c'était la meilleure chose qui pouvait arriver au jeune homme. Enfin échapper à la pression familiale, s'évader de cet asile de fou et trouver son bonheur ailleurs. Elle imaginait la réaction de sa tarée de mère quand il avait décidé de prendre la tangeante, ça devait avoir été un sacré spectacle, ça ne faisait vraiment aucun doute. Donc, c'était chez James Potter qu'il s'était réfugié. Sans surprise. Chez qui d'autre ça aurait pu être ? Les deux étaient comme des frères, toujours l'un avec l'autre.

-Sérieux ? Je suis trop contente pour toi !

C'était sincère. En même temps, ça ne pouvait que l'être, quand on voyait combien l'adolescent était rayonnant. Sirius faisait partie des personnes qui comptaient le plus pour elle, elle voulait son bonheur, sans le moindre doute possible. Et clairement, son bonheur passait pour son émancipation totale. En espérant qu'elle soit effectivement totale.

-Quand tu dis que tu t'es barré, tu veux dire barré-barré ? T'as coupé les ponts ?

Elle espérait que ce soit le cas. Bien sûr, ça demanderait un sacré courage de sa part, mais c'était le genre de courage dont le jeune homme, justement était totalement capable de son côté. Mary voulait connaître tous les détails, la moindre précision. Elle était sûre que ça valait le détour. Et dans tous les cas, ça marquait forcément un des moments les plus importants de la vie de Sirius, et même si Mary n'était pas (ou plus) forcément légitime pour le partager, elle voulait quand même croire qu'ils étaient suffisamment proches pour qu'il se confie sans détours sur tout ce qui s'était passé, sur tout ce qui avait été dit durant ce moment charnière.

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e sourire déjà enthousiaste de Mary s'illumina encore plus quand Sirius lui confirma qu'il avait quitté le foyer familial pour de bon. La jeune fille voulait absolument le bien de Sirius, et elle savait à quel point le carcan familial le faisait souffrir, plus que ne le laissaient soupçonner ses airs indifférents au bout du compte. Elle l'avait si souvent entendu parler de ses parents et de son frère avec une amertume flagrante qu'elle était heureuse qu'il se soit enfin libéré. Il allait pouvoir être totalement lui-même, et ça... c'était vraiment génial. Oui, Mary se réjouissait au maximum du bonheur de son ami... peut-être parce qu'il était encore plus qu'un ami à ses yeux. Dans tous les cas, l'heure était à la fête... et elle espérait bien que Sirius fêterait tout ça comme il se doit.

-Quel dommage, ironisa Mary sans le penser une seule seconde, bien sûr, quand Sirius lui apprit que sa folle de mère l'avait virée de la tapisserie familiale.

Elle en avait entendu parler, de cette tapisserie, une horreur qui recouvrait tout un mur du 12, square Grimmaurd, un arbre généalogique qui recensait tous les "merveilleux" sangs purs de la famille Black. En vérité, Sirius pouvait s'estimer fier, sincèrement fier d'avoir totalement rompu le lien avec sa famille. Il se débrouillerait très bien par ses propres moyens de son côté, Mary ne se faisait aucun souci pour lui. Il ne manquait pas de ressources, après tout. Et il était destiné à faire de grandes choses, ça elle en était certaine.

-Ta belle gueule avait le mérite de rendre cette horreur plus regardable, c'est eux qui y perdent au change, ajouta-t-elle dans un sourire amusé.

Ce n'était que de l'humour, bien évidemment, mais Mary n'avait ceci dit pas le moindre besoin d'ironiser quand elle évoquait la "belle gueule" de Sirius. Oui, le jeune homme était beau, ce n'était pas vraiment un scoop, ce n'était pas pour rien si tant de filles lui couraient après... et oui, bon, Mary n'était pas la dernière non plus à être insensible à son charme, loin s'en faut, vraiment. Alors mieux valait considérer la situation avec humour... parce qu'en vérité, cette histoire de tapisserie, c'était aussi l'histoire d'une mère qui refusait de reconnaître l'existence d'un de ses deux fils. Et même si Walburga était une cinglée impossible à vivre... ça restait sa mère, quand même, malgré tout.

-En tout cas, je me fais aucun soucis pour toi pour la suite, tu t'en sortiras de toute façon mille fois mieux loin de toute cette bande de cinglés, décréta-t-elle pour le rassurer.

Car elle se disait que s'il lui avait confié qu'il ne savait pas trop comment il allait s'en sortir par la suite, c'est tout de même que la question le travaillait malgré tout.

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bjectivement, il n'y avait pas photo, Sirius ne pouvait être bien qu'en se tenant le plus éloigné possible de sa famille de cinglés, et qu'il ait eu le courage de couper les ponts ne pouvait que lui avoir rendu un fier service. D'un oeil extérieur, la question ne se posait même pas, c'était l'évidence même. Mais forcément, la jeune femme ne pouvait pas prétendre pouvoir se mettre à la place de son interlocuteur. Parfois, elle aurait aimé être capable de précisément savoir ce qui se passait dans sa tête, comme ses amis les plus soucieux (Lily en tête) devaient caresser le même désir de leur côté aussi, parfois. C'est que sur ce point, ils se ressemblaient tout de même beaucoup : une nonchalance qui dissimulait parfois plus que ce qu'ils daignaient bien admettre. En l'occurrence, Mary se disait que Sirius avait peut-être quelques angoisses et regrets concernant sa vie passée, et qu'il n'admettait pas.

C'est que c'était tout de même une décision cruciale et franchement culottée que de prendre la décision, comme ça, de changer de vie du jour au lendemain, et de laisser derrière soi les personnes qui vous avaient élevée - peu importe qu'ils aient été odieux la plupart du temps - et votre propre frère - peu importe que ce dernier soit à la vérité le plus grand connard de la terre. Il le vivait bien, elle avait vraiment le sentiment qu'il était sincère sur ce point, et elle se sentait rassurée pour lui. Plus que tout, elle tenait à ce qu'il soit heureux, et il était évident qu'il aurait été incapable de trouver son bonheur s'il avait dû rester dépendant des Black et de leurs idées arriérées.

Heureusement, il avait pu compter sur son meilleur ami pour assurer la transition, que les Potter aient été prêts à l'accueillir les bras grands ouverts avait très certainement facilité les choses. Et tant mieux. Sirius avait l'occasion de prendre un nouveau départ, et il était bien entouré pour cela. Mary ne connaissait pas les Potter, mais elle se doutait que s'ils avaient accepté de prendre Sirius sous leur aile, cela voulait également dire qu'ils étaient prêts à le soutenir le temps nécessaire. Et connaissant Sirius, ce ne serait pas si long, au passage. Le jeune homme était un débrouillard, qui s'en était toujours très bien sorti par ses propres moyens.

-Je suis sûre que t'auras pas de mal à trouver, confirma Mary, sans doute naïvement, car dans le fond, elle n'en savait rien, elle n'avait pas la moindre idée de la difficulté que représenterait ou non le fait pour Sirius de devoir trouver un endroit où vivre. En attendant, il savait qu'il pouvait considérer Poudlard comme sa maison. Et qui, parmi les élèves de cette école exceptionnelle, ne la considéraient pas ainsi ? Tu sais où tu aimerais aller ? Ce que tu aurais envie de faire, du coup ?

C'était un océan d'opportunités qui s'ouvrait, pour Sirius, il avait forcément dû y réfléchir, non ?

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ary pouvait comprendre que Sirius n'ait pas vraiment réfléchi à la question. Après tout, tout ça, c'était encore récent. Il était forcément passé par plein d'états différents, ça ne faisait aucun doute, alors le temps de faire le tri dans ses émotions, il n'avait pas dû avoir le temps de vraiment s'attarder sur des questions trop pragmatiques. Mais ces questions pragmatiques intéressaient grandement la rouge et or. Elle était trop curieuse, c'est vrai, mais aussi, elle se souciait sincèrement du jeune homme. Alors elle voulait être certaine que les choses se passeraient au mieux pour lui. Et pour ça, le mieux, c'était de s'assurer qu'il avait un début de commencement de plan à l'esprit.

Même s'il avait le temps d'y réfléchir, bien évidemment... mais le temps passait toujours trop vite, malheureusement. Elle, elle se disait qu'à la place du jeune homme, elle se serait posé un milliard de questions, aurait commencé à faire un milliard de projets sans doute très brouillons voire irréalisables, mais aurait été en tout cas incapable non pas de ne pas se prendre la tête avec ça, mais du moins de ne pas y penser constamment. D'autant plus que ce n'était pas une chose désagréable que de planifier son avenir, quand c'était dans ce sens-là. Même s'ils étaient bien jeunes, trop jeunes pour réussir à se projeter vraiment convenablement, bien évidemment.

Ceci dit, si Sirius avait affirmé n'y avoir pas vraiment réfléchi, ce qu'il ajouta prouvait le contraire. Pas besoin d'une grande maison, ça c'est sûr, dans tous les cas, en tant que Black renié, il était malheureusement pas probable qu'il en ait les moyens. Pour vivre heureux, il n'avait pas besoin de vivre dans l'oppulence, de toute manière, il n'avait que besoin d'être libre et entouré de personnes bienveillantes, pas de personnes qui avaient constamment pour but de l'enfoncer... ce que les Black faisaient sans arrêt.

Mais pas tous ? Visiblement... Mary était assez étonnée d'entendre Sirius lui apprendre qu'il comptait se tourner vers son oncle. Il ne l'imaginait pas faire appel à un membre de sa famille. Elle les tenait tous pour des dégénérés à l'exception du rouge et or, mais semble-t-il qu'elle allait devoir réviser légèrement son jugement. Elle n'avait jamais entendu parler de cet oncle, mais s'il avait les moyens et l'envie de l'aider, il ne devait pas hésiter... Même si la jeune femme s'était imaginé que le jeune homme aurait trop de fierté pour aller réclamer de l'argent à qui que ce soit. Ceci dit si ce n'était pas le cas, tant mieux, passer à côté d'une opportunité par fierté, ce serait beaucoup trop dommage... Et elle savait de quoi elle parlait, ça lui était déjà arrivé, à elle aussi.

-Je pensais que t'étais le seul rebelle de ta famille. C'est presque décevant, plaisanta-t-elle. Je savais pas que ton oncle pouvait pas encadrer ta mère.

D'un autre côté, la question, c'était... qui pouvait vraiment encadrer cette cinglée ? A part l'abruti qui avait peint son portrait.

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ary ne connaissait pas suffisamment la famille de Sirius (elle n'en savait que ce que le dernier voulait bien lui en dire, ce qui ne les mettait pas à leur avantage, mais d'un autre côté, il suffisait de parler plus de trois secondes avec l'antipathique Regulus Black pour comprendre que le rouge et or n'exagérait rien du tout à leur sujet), elle ne pouvait donc pas vraiment se faire une idée du caractère de l'oncle de Sirius. Qu'il soit satisfait de sa situation ne signifiait pas qu'il n'était pas un rebelle, il y avait bien des manières de se rebeller... Et il n'était pas forcément nécessaire de claquer la porte de chez soi pour ça... encore que, dans le cas de Sirius, ça avait quand même été presque une question de vie ou de mort, au bout d'un moment. Ou en tout cas, pour sa santé mentale, il fallait définitivement que les choses se passent ainsi.

S'il pouvait obtenir ce genre de soutien, ce serait tant mieux, mais dans tous les cas, il n'était pas tout seul, et il en avait manifestement conscience. Il avait pu compter sur James et les parents de ce dernier, ça continuerait certainement d'être le cas jusqu'à ce qu'il ait pu retomber sur ses pattes. Et il pouvait compter sur ses amis, aussi, et il en avait plus d'un, après tout. ... Tout comme il pouvait compter sur elle, d'ailleurs... Et à point qu'il ne soupçonnait même pas, sans doute, d'ailleurs. Mary serait certainement capable de déplacer des montagnes pour Sirius, si cela pouvait lui garantir qu'il soit heureux. Mais c'était le genre de pensées qu'il allait s'abstenir d'articuler à voix haute.

Son détachement par rapport à la situation, alors qu'il était tout de même question de son avenir, sa nonchalance pourraient sans doute en agacer quelques-uns, mais pas Mary, qui savait que c'était dans son caractère et avait toujours apprécier cela chez Sirius. Ce dernier avait bien assez confiance en lui-même pour avoir aussi confiance en l'avenir. Il vivait au jour le jour, et c'était une attitude que l'adolescente adoptait elle aussi autant que possible, même si elle ne pourrait pas prétendre le faire aussi efficacement que ne le faisait son ex petit-ami... Encore que peut-être que comme pour elle, il ne laissait voir qu'une infime partie de ce qu'il ressentait réellement.

-T'as raison, c'est dans super longtemps, pourquoi on s'emmerde ? décréta-t-elle avec philosophie tout en haussant les épaules, le tout accompagné d'un sourire de circonstance. Bon, et dans un avenir plus proche, qu'est-ce que t'as l'intention de faire ? C'est quoi tes projets pour cette année ?

Elle ne parlait pas de ses études, bien sûr, mais bien davantage de ce que lui et ses trois meilleurs amis allaient inventer cette année encore dans l'intention d'amuser la galerie.

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irius confirma à Mary qu'il avait tout un tas de projets pour l'année scolaire à venir. Pour Mary, c'était tout sauf une surprise, elle le connaissait bien, elle savait comment il était, il était incapable de tenir en place ou de se tenir "sage", et c'était une chose qu'elle adorait chez lui, il était une bulle d'énergie, et elle y avait très souvent puisé la sienne. Elle devinait déjà en filigrane ce qu'allaient être ces projets. Il allait consacrer son temps à aller emmerder le plus de vert et argent possible (Servilus en tête, c'était sûr et certain), à faire le plus de farces plus ou moins innocentes, à rendre chèvre le concierge de l'école... et évidemment, à draguer toutes les jolies filles qui passeraient dans son champ de vision. Ce dernier point était bien loin d'enchanter la rouge et or, mais elle était tout de même bien assez lucide sur la question. Des filles, il y en avait eu tout un tas avant elle, il y en aurait tout un tas après elle. C'était comme ça, et elle ne pouvait pas faire grand-chose pour sa part, si ce n'est accepter cet état de fait, même si ça devait être, évidemment, à contrecoeur.

Le plus gros projet de cette année, ceci dit, ne concernait pas ses conquêtes féminines (ou bien il avait la décence de ne pas en parler en présence d'une de ses exs... encore que, Mary se demandait parfois si Sirius se souvenait qu'ils avaient un jour été ensemble. Elle savait bien que leur histoire l'avait beaucoup moins marqué lui qu'elle ne l'avait marquée elle), mais la volonté de faire de Remus le préfet en chef des Gryffondor. Forcément, ce serait une aubaine pour son petit groupe de potes. A bien y réfléchir, et quand on connaissait ses fréquentations, on pouvait s'étonner que Dumbledore ait jugé bon de nommer Remus préfet, tout intelligent et discipliné qu'il était (quand il voulait bien). Quand on le comparait à un Bertram Aubrey ou à une Emmeline Vance, il n'y avait pas photo, il était clairement moins... casse-burnes ? Pas du genre à abuser de l'ersatz de pouvoir qu'on lui avait conféré, en tout cas. Est-ce qu'ils réussiraient effectivement à faire de Remus le préfet-en-chef des rouge et or ? ça c'était une autre question.

-Et comment tu comptes t'y prendre pour rendre sa crédibilité à Remus ? Je te ferais remarquer que tu es le premier à la saper constamment.

Ce n'était pas du tout un reproche, c'était un constat, et c'était dit avec le sourire. Et Remus devait penser exactement pareil, et lui aussi le prendre avec le sourire.

-Et oui, je suis toujours avec Tilden, reprit-elle en tentant de se montrer le plus détachée possible.

Mais le fait est qu'elle n'était pas très à l'aise avec le fait d'évoquer sa nouvelle relation en présence de Sirius. Pas parce que ce dernier était susceptible d'être embarrassé par ce qu'elle aurait à en dire, mais au contraire parce qu'il devait justement ne rien en avoir à faire d'avec qui elle sortait, contrairement à elle qui crevait de jalousie chaque fois qu'elle découvrait une nouvelle fille à son bras.

-Sinon, mon but, c'est de défoncer les Serpentards dès notre premier match contre eux cette année et de gagner la coupe de Quidditch. Je pense que ce sera un jeu d'enfants.

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ary écouta son interlocuteur parler sans dissimuler ses airs sceptiques quand ce dernier affirma qu'il avait un plan en béton armé pour permettre à Remus de devenir préfet en chef l'année prochaine. Par plein d'aspects, la rouge et or estimait le plan tout à fait moyen. Si le but de la manoeuvre était de devenir impunissable, c'était un peu con de se laisser punir constamment pour parvenir à ce but, mais en même temps, elle savait bien que ceci n'avait rien de franchement sérieux, sans oublier le fait que ça ne dépendait pas uniquement de son interlocuteur, mais aussi de son ami, et Remus était définitivement une bonne pâte, beaucoup trop gentil et conciliant. Même si Sirius lui demandait de se montrer plus sévère envers lui, il y avait fort à parier que le jeune homme aurait quand même des scrupules. Mary avait beau l'apprécier sincèrement, elle estimait qu'il n'avait pas été le choix le plus judicieux en tant que préfet, il n'était pas, pour ainsi dire, un parangon d'autorité, au-delà de toutes les autres qualités qu'il possédait. Ceci dit, ce n'était pas bien grave, car à côté de ça, Lily veillait au grain. Ils avaient un côté gentil et méchant flic quand ils exerçaient leurs fonctions de préfet ensemble, et Mary avait toujours tendance à trouver ça particulièrement amusant... Sauf quand les retombées étaient pour elle, ce qui arrivait tout de même assez régulièrement - Mary n'avait rien d'une enfant de choeur.

-Je savais que t'étais masochiste, se contenta finalement de répondre la demoiselle à ce sujet, puisqu'elle n'estimait pas qu'il y ait plus que cela matière à débat autrement.

Ce n'était jamais qu'une boutade, comme la plupart des mots qu'ils s'échangeaient. Il leur arrivait d'avoir des conversations sérieuses, certes, et c'était d'ailleurs dans ces moments-là que Mary appréciait le plus la compagnie de Sirius, quand elle avait le sentiment d'avoir accès à une part de lui qu'il ne dévoilait pas à tout le monde, mais la plupart de temps, tout était affaire de déconnade, et Mary se reconnaissait bien dans cette manière de faire, puisqu'elle était la dernière à vouloir aborder ses propres problèmes un tant soit peu frontalement. Ceci dit, le sourire de Mary disparut quand Sirius lui fit une réflexion sur le fait que Tilden appartenait à l'équipe adverse. Elle l'entendait constamment, celle-là, et c'était fatigant. Mais surtout fatigant d'entendre tout le monde suggérer qu'elle pourrait se transformer en midinette sous le prétexte d'être en couple. Bien sûr, c'était juste pour la piquer : mais justement, ça fonctionnait, et ça fonctionnait même beaucoup trop bien, en réalité. Et quand ça venait de Sirius encore plus. C'était comme s'il éludait totalement le fait qu'ils avaient été ensemble. Il ne lui semblait pas avoir joué les midinettes quand ils étaient en couple, pourtant.

-Putain mais vous allez tous arrêter de m'emmerder avec ça ou bien ? répondit-elle beaucoup trop vivement. Vous me prenez tous pour une cruche ou quoi ?

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ujet sensible, c'était rien de le dire, et Mary s'en voulut immédiatement d'avoir réagi aussi vivement aux piques amicales de Sirius, mais ça avait été plus fort qu'elle. C'était une accumulation d'une part, parce que tout le monde la chambrait à ce sujet et qu'être une midinette complètement amoureuse était absolument la dernière chose qu'elle voulait, et d'autre part, c'était toujours plus difficile d'entendre ce genre de choses quand elles venaient de Sirius. Bien sûr, elle se retenait de dire quoi que ce soit, sous peine de se trahir, mais force lui était d'admettre que ce n'était pas du tout une chose plaisante à vivre pour elle, loin, très loin de là. Alors c'était un sujet sensible, oui, et comme toujours quand elle se sentait piquée, même si c'était indirectement, même si l'on pourrait affirmer que c'était trois fois rien, elle réagissait au quart de tour, c'était plus fort qu'elle. Elle savait qu'il fallait qu'elle se calme, ce n'était pas si grave, dans le fond, mais il lui était tout de même difficile de redescendre tout de suite après s'être si vivement emportée l'instant d'avant.

L'air de rien, oui, elle avait effectivement besoin d'entendre Sirius lui assurer qu'il ne la considérait pas comme une cruche ou une simple potiche. Elle savait bien que ce n'était pas très juste de dire ou de penser ce genre de choses, surtout que Sirius ne lui devait absolument rien, mais ce n'était pas quelque chose qu'elle contrôlait, loin de là. Malgré tout, elle devait se ressaisir et elle le savait. Elle n'avait aucune envie que Sirius la prenne pour une hystérique ou elle ne sait quoi d'autre encore. Elle aurait dû prendre sa réflexion avec humour : c'était ça qu'il appréciait, non, chez elle ? Le fait qu'elle n'était pas prise de tête. Mais elle ne devrait pas se soucier de ce qu'il pensait d'elle, elle devrait faire les choses intuitivement, sans se préoccuper de quoi que ce soit. Bref, oui, elle se rendait bien compte qu'elle était excessive, mais elle était comme ça, Mary, toujours impulsive, toujours dans l'exagération : elle avait toutes les peines du monde à contrôler ses émotions : c'était presque une impossibilité technique à ce stade.

-Non non, t'inquiète, se reprit-elle en espérant noyer le poisson. Désolée, tu sais bien que je pars au quart de tour, parfois, c'est pas contre toi. C'est juste que j'en ai marre qu'on me chambre là-dessus, mais je sais bien que je devrais pas y prêter attention. Parce que c'était stupide, et elle ne s'était jamais souciée du regard des autres, ou en tout cas, elle avait toujours pris le plus grand soin à le prétendre. Bon, et toi, les amours ? T'es avec qui en ce moment ?

Encore un sujet qu'elle devrait éviter.

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