C'est la pleine lune (Les maraudeurs <3)

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eter se sentait atrocement nerveux. C'était la même chose à chaque pleine lune. Leur petite mécanique avait beau être particulièrement bien huilée, la situation avait beau s'être généralement déroulée sans accrocs, ce n'est pas pour autant qu'il se sentait serein face à la situation, il avait toujours peur que quelque chose aille de travers, que la situation ne dégénère et qu'ils en soient tous les victimes. Et oui, objectivement, il avait peur pour sa vie, aussi. Est-ce qu'il était permis de l'avouer ? Pas vraiment, non. Pas en présence de Sirius et James, qui même dans une situation comme celle-là avaient toujours l'air un peu trop détendus. Et puis, pour ce que ça changerait... On ne se rend peut-être pas compte à quel point un loup-garou était terrifiant depuis la perspective d'un simple rat des champs, mais lui pouvait parler d'expérience, c'était une véritable angoisse... Mais malgré tout et objectivement, s'il fallait pleindre quelqu'un à l'heure actuelle, c'était Remus.

Et clairement, ce n'était pas la grande joie pour Lunard. En même temps, difficile de voir les choses autrement. S'il y avait quelque chose d'assez excitant dans la perspective de violer toutes les règles pour occuper ainsi leurs pleines lunes, le risque zéro n'existait pas. Et puis, il y avait la douleur de la transformation, aussi. Enfin... Comme à chaque fois, il ne servait à rien de spéculer, il fallait agir. Ils n'avaient plus beaucoup de temps devant eux, et donc, il était grand temps de se mettre en route. Peter réprima une grimace quand Sirius annonça que ça allait être l'heure. Même s'ils en avaient tous conscience, ça avait quand même le "mérite de rendre cette situation... eh bien... inéluctable, et ce n'était pas agréable du tout.

Peter observa tour à tour ses camarades, ce n'était pas à lui de prendre les directives, il n'oserait jamais, d'ailleurs, il n'osait même pas articuler un bête "on y va ?" qui lui paraîtrait presque être la fin du monde. Non, lui, comme toujours, il allait suivre. De toute façon, le procédé restait toujours le même, et son utilité à lui demeurait limitée. Son seul vrai mérite résidait dans le fait que la petite taille de sa forme animale lui permettait de libérer le passage secret du saule cogneur facilement, mais ça s'arrêtait là.

Peter adressa un nouveau regard à Remus qui se voulait confirmer les dires de Sirius. En plus de se sentir craintif, il se sentait aussi navré, navré de ne pas pouvoir faire grand-chose pour lui. Mais il n'était pas temps de s'épancher sur toutes les questions. Dans tous les cas, le plus important à l'heure actuelle était de se mettre en route le plus vite possible, et Peter, de son côté, attendait seulement que l'un de ses camarades donne le feu vert.

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eter se sentait bien souvent incapable, ce n'était pas une nouveauté, et les circonstances ne l'aidaient pas forcément à penser autrement (en même temps, c'était un cercle vicieux, plus il se sentait incapable, plus il finissait par l'être concrètement), mais ce n'était jamais autant le cas que lors de ces nuits là. Ca lui serrait le coeur de voir Remus dans cet état, vraiment, et il se sentait terriblement impuissant face à sa douleur. Même s'il agissait sans doute plus que ne le ferait beaucoup d'autres, avec ce qu'ils s'apprêtaient à faire. Bref, dans tous les cas, il était temps, et puisqu'ils n'arrangeraient rien à l'état de Remus dans l'immédiat, le mieux qu'ils pouvaient faire restait de lui rappeler qu'ils étaient là pour lui quoi qu'il arrive. Le stress de Peter montait d'un cran tandis que lui, James et Sirius laissaient Remus de son côté, avant de le rejoindre sous peu dans la cabane hurlante.

-A tout à l'heure, dit-il à son tour, de sa toute petite voix qui ressemblait à un couinement (de rat), en serrant maladroitement son bras de la main une fraction de seconde avant de suivre le reste de ses amis.

Le groupe suivit le procédé habituel, dissimulés sous la cape d'invisibilité de James, ils rejoignirent le parc. Peter se transforma (heureusement sans encombre - à chaque fois, et même s'ils l'avaient suffisamment fait pour qu'il n'ait plus vraiment à y réfléchir, il avait peur de tout gâcher et de rater sa métamorphose... il avait mis plus longtemps que les autres à l'accomplir, et c'était une tare de plus à ajouter à son palmares) une fois dans l'herbe pour se faufiler jusqu'à l'entrée du passage secret que protégeait le saule cogneur afin d'immobiliser ce dernier. C'était sans doute ce qu'il serait capable de faire de plus utile tout au long de cette soirée.

Le reste du temps, il se satisferait certes d'être suffisamment petit pour échapper à l'attention du loup-garou, mais ne serait pas forcément fier de ses accomplissements (une fois encore, ça n'avait rien d'une nouveauté). Mais au moins, eh bien, il servait à ça. Ils purent donc pénétrer sans encombre et sans être repérés par qui que ce soit (il ne manquerait plus que ça... mais disons que l'exemple de Servilus leur avait servi de leçon, il n'était plus question qu'ils se laissent suivre par qui que ce soit, que ce soit volontaire ou non). Ils atteignirent finalement l'intérieur de la cabane hurlante (qui ne portait ce nom que grâce à Remus... quelque part, c'était une anecdote amusante... ou pas). Peter reprit forme humaine le temps que Remus les rejoigne, nerveux comme à son habitude. Il leur resterait normalement quelques minutes à partager sous leur apparence normale avant que la pleine Lune ne les rappelle à l'ordre. Et lui, il était diablement nerveux. Comme toujours.

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eu importe combien s'écouleraient de pleines lunes, Remus serait sans doute éternellement angoissé, c'était évident, et son anxiété était relativement communicative... en tout cas pour Peter, qui ceci dit n'avait définitivement pas besoin de ça pour être nerveux, il l'était assez naturellement. C'était compréhensible, Remus devait être partagé entre la reconnaissance et la peur, constamment, que la situation dégénère. Pourtant, il ne le devrait pas. Quelque part, les maraudeurs en arrivaient presque à attendre ce moment avec impatience. Ces instants étaient des marqueurs déterminants de l'amitié profonde qui les liaient. Bien sûr, si un jour ils finissaient par pouvoir s'en passer pour de bon parce qu'un quelconque miracle aurait finalement facilité les transformations de Remus (ou encore mieux les aurait fait disparaître), ils en seraient les premiers heureux, mais en attendant, ils avaient tous accepté cette alternative, et elle les avait soudés. A la vie, à la mort. enfin...

Peter, au même titre que les autres, avait envie de rassurer Remus, mais James fut le plus rapide à prendre la parole. En effet, tout s'était passé sans encombre, personne ne leur avait mis des bâtons dans les roues, personne ne les avait repérés, personne ne les avait suivis, tout s'était déroulé comme sur des roulettes. L'adolescent ne put s'empêcher d'afficher une mine un peu fière quand James ajouta au passage qu'il s'était parfaitement acquitté de sa tâche, à savoir les faire passer par le passage du sol cogneur. Ce n'était pas un grand mérite, dans son apparence de rat, il pouvait se faufiler absolument partout, ce qui n'était clairement pas le cas de ses deux acolytes, et n'importe qui dans sa position pourrait faire la même chose, mais ça restait tout de même agréable d'avoir ainsi une fonction dont il pouvait s'attribuer le mérite. C'était bien la vraie chose utile qu'il ferait dans la soirée. Pour le reste, ce serait différent.

Peter afficha un sourire en coin quand Sirius lui assura qu'il n'avait parlé à personne. Pas besoin de se demander à quoi il faisait référence. Sa mauvaise blague à Servilus aurait pu lui coûter cher... et leur coûter cher à tous dans la foulée. C'était une très mauvaise blague qui aurait pu très mal tourner. Mais au final, il n'y avait pas eu mort d'homme, pas besoin d'en faire tout un plat. Si au moins, ça avait pu dissuader au vert et argent une bonne fois pour toutes de foutre son gros nez dans leurs affaires... Son sourire se fit encore plus franc quand Remus évoqua ses puces. Dédramatiser la situation avant qu'ils ne passent aux choses sérieuses, ce n'était pas si mal.

-Du moment que tu les gardes pour toi, plaisanta Peter, toujours avec le même sourire.

Enfin, Peter, de son côté, n'avait pas vraiment de soucis de parasite.
Et pour cause, c'était lui, le parasite.

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a commence. Ces mots firent disparaître presque automatiquement toute ombre de sourire sur le visage de Peter. C'était une habitude, à présent, ce n'était ni une surprise, ni une première, et pourtant, son appréhension restait la même, et il voudrait reculer le temps de quelques minutes. Pour Remus, bien sûr, dont il détestait devoir constater la souffrance et l'angoisse, mais pour lui aussi. Parce qu'à partir de cet instant, il savait pertinemment qu'il ne serait plus qu'en pilote automatique, avec toujours le sentiment de ne pas réussir à en faire assez, que de n'être que le spectateur ridiculement minuscule des événements. Mais ils n'avaient pas le choix. Le temps, la lune décidaient pour eux, et elle perçait à présent à travers l'obscurité du ciel.

Comme toujours, Peter se reprochait en son for intérieur de ne pas savoir être comme James et Sirius. James qui réussissait à sourire encore et à assurer à Remus que tout irait (ce qui était sans doute le cas, même s'ils ne pouvaient pas en être certains), et qu'ils étaient là - sur ce point, il disait vrai, et Peter, autant que ses deux meilleurs amis, n'avait aucune intention de le laisser tomber et serait évidemment présent du début à la fin. Même si, fallait-il seulement le rappeler, il ne servirait à rien. Sirius suivit la même lignée que James et assura à son tour que tout allait bien se passer. Peter devrait sans doute faire la même chose, lâcher un ou deux mots encourageants à l'adresse de son ami, mais il avait la gorge nouée, et pour ce qui était d'au moins essayer de lui adresser ne serait-ce qu'un sourire, il ne s'y risquait même pas, cela ressemblerait forcément à la plus ignoble des grimaces, il en était absolument convaincu. Alors autant s'y mettre. Il voulait croire que les encouragements de Patmol et Cornedrue suffiraient à mettre du baume au coeur de Remus, dans la mesure ou cela était possible dans les circonstances très particulières où ils se trouvaient à l'heure actuelle.

Peter imita ses meilleurs amis, donc, il était plus sûr et préférable de se transformer avant que la transformation de Remus ne débute. Il se métamorphosa donc, chose qu'il avait toujours l'appréhension de faire, de crainte de se foirer, même s'il n'y avait plus eu de raté depuis très longtemps - mais tout le monde savait qu'il était épouvantable sous l'effet du stress. Mais il n'y eut aucun couac, Peter se vit rapetisser à vue d'oeil, et la cabane hurlante devenir gigantesque. Sous sa forme de rat, il restait à proximité prudente de Remus, le plus stupide serait de se faire écraser. Le reste ne dépendrait plus vraiment de lui, il n'en avait malheureusement que trop conscience (en même temps, rien ne dépendait jamais vraiment de lui), il ne pouvait plus... qu'être présent à sa manière.

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ême après tout ce temps, Peter ne se faisait toujours pas au spectacle terrible que représentait pour lui le fait de voir Remus se transformer. Il n'avait pas besoin de se confier à eux à ce sujet pour que ce soit manifeste : la métamorphose était une souffrance pour lui, et s'ils étaient tous présents au côté de leur ami, ils ne pouvaient tout de même rien contre ce moment, ils étaient impuissants face à ce moment crucial qui devait, pour Remus, être une source de douleur et d'angoisse qui était à peine imaginable. Par lâcheté, Peter avait détourné les yeux. C'était le moment qu'il aimait le moins, celui de la transformation. Ensuite, c'était autre chose. La situation n'était pas forcément plus simple, mais du moins plus tolérable, elle pouvait même se changer en jeu selon les circonstances. Quand il entendit le hurlement caractéristique du lycan, il osa rouvrir ses paupières de rongeur. Il ne restait dorénavant plus rien de Remus, rien d'autre que la terrible créature, ce monstre qui serait capable de tous les tuer sans avoir conscience de porter un coup fatal à ceux qui étaient ses meilleurs amis. Prétendre que Peter était serein serait mentir. Non, Queudver était terrifié, mais il savait que dorénavant, il serait surtout spectateur des circonstances sans pouvoir grand-chose d'autre.

La bête était aux aguets, et la bête avait faim. De son point de vue ô combien métamorphosé par sa nature de rongeur qui rendait chacun de ses meilleurs amis plus impressionnants qu'ils ne l'étaient déjà sous leur nouvelle forme, il lui était difficile de tout comprendre, mais il devinait que c'était sur le cerf que le loup voulait jeter son dévolu. Et il fallait compter sur les excellents réflexes de James pour éviter le pire tandis que le lycan envoyait valdinguer une chaise dans les airs, qui manqua s'écraser sur lui. Le mobilier, toujours reconstitué magiquement quand ils revenaient ici, comme si rien ne s'était passé, prenait toujours cher au moment de leurs péripéties des nuits de pleine Lune, pas étonnant que beaucoup soupçonnent cette maison d'être hantée. Quelque part, ce serait préférable.

Cornedrue se précipita à l'extérieur de la cabane, voulant visiblement entraîner Lunard dans son sillage, mais Patmol ne tarda pas à s'interposer. De ses petits pas de rats, Queudver tournait autour de la scène en poussant de légers couinements angoissés. Il n'avait aucune idée de quoi faire - rien, sans doute, comme d'hab. Deux stratégies : entraîner le lycan à l'extérieur et prendre le risque de ne pas réussir à le contrôler et qu'il se rapproche du village et de ses habitants, ou ne contenir à l'intérieur. Dans un cas comme dans l'autre, Peter n'aurait que peu d'impact. Que pourrait-il faire, en même temps ? lui ronger sa patte de lycan ? Dans la plus parfaite impuissance, il assistait donc à la scène, sa nervosité au maximum.

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son échelle, tout avait un aspect différent. Ce n'était pas tout de se sentir inutile, il était aussi impressionné, car les trois créatures qui étaient la plupart du temps ses meilleurs amis étaient, dans ce contexte, terriblement impressionnantes à ses yeux. Peter était là, à se faufiler du mieux qu'il le pouvait sans avoir de vraiment manière d'intervenir. Que pourrait-il faire, au mieux ? Mordiller une jambe ? Il était assez évident que le résultat n'aurait absolument rien de spectaculaire, loin de là. Donc il regardait faire, lui le ridiculement petit en présence de ceux qui, dans ce contexte, lui paraissaient au final ridiculement grands. Il ne pouvait pas savoir quels étaient leurs tourments intérieurs et c'était un de ses plus grands regrets, au final.

Il vit le loup-garou se précipiter en direction du cerf. Apparemment, la créature nocturne avait décidé de s'en prendre à Cornedrue. Quand Patmol se dressa sur sa route, il l'attaqua aussitôt. A son échelle, Peter n'arrivait pas à savoir si c'était grave ou non, mais il était paniqué. Queudver s'agitait en tout sens, couinant aussi fort que possible faute de pouvoir faire autre chose. Mais, à l'évidence, il était aussi insignifiant qu'il pouvait l'être aux yeux du lycan dans ces circonstances. Aussitôt James, sous sa forme de cervidé, riposta. C'était comme un combat de titans vu par une fourmi. Et il était si paniqué qu'il ne savait plus quoi faire. S'il voulait se terrer dans un trou de souris, c'était le moment : il en avait l'apparence et personne ne le remarquerait sans doute... pourtant, il n'en fit rien. Pour une raison qu'il ne s'expliquait pas lui-même, il n'avait pas encore atteint un tel niveau de lâcheté. Cela viendrait peut-être, si l'inquiétude devait augmenter encore d'un cran.

Lui, il essayait de ramener Sirius, étalé au sol sous sa forme canine, à la raison, sans autre arme pour cela que ses couinements agités. Mais il sembla que ça fonctionne, puisque Patmol revint finalement à lui. Ils étaient à présent à deux contre le lycan. Patmol avait profité du fait que Lunard soit trop focalisé sur Cornedrue pour intervenir, ce qui était très certainement une excellente chose, en effet.

Peter, afin d'éviter d'être un dommage collatéral, voulu s'écarter, mais il agit trop tard. Il ne sut pas trop d'où venait le coup, si c'était un coup de pattes ou de queue... mais il se retrouva propulsé contre un mur, et se sentit tomber au sol, complètement sonné, sans la moindre idée de ce qui était en train de se passer à présent.

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