L'animosité est le propre de l'homme [pv James]

I

l faisait encore relativement beau. Relativement chaud. Nul doute que cela ne durerait pas. Ce n'était sans doute qu'une question de jours, au mieux de semaines, avant que le ciel écossais ne se recouvre de ses sombres nuages automnaux préférant, signant la fin définitive des sorties dans le parc de Poudlard avant le retour des beaux jours. En bref, c'était l'heure d'en profiter. Ce n'était pas forcément le truc de Regulus, les longues promenade dans le parc du château ou le besoin de prendre l'air, mais tout de même, il fallait bien qu'il reconnaisse le fait qu'il préférait malgré tout la lumière naturelle quand il pouvait en bénéficier, lumière naturelle absente de la salle commune des vert et argent. Et donc, de son plein gré, le jeune homme avait décidé de se rendre dans la cour du château, un livre dont il devait lire quelques chapitres sous le bras. Il ne savait pas trop s'il réussirait à se concentrer dans le brouhaha ambiant, mais il avait l'intention de tenter le coup quoi qu'il en soit.

Il s'était trouvé un banc un peu à l'écart, et avait ouvert son livre à la page qu'il avait marquée. Dans un premier temps, l'exercice n'eut rien de difficile ni de dérangeant. Certes, ses camarades de classe, à quelques mètres, n'oubliaient pas d'être un peu trop bruyants, mais il réussissait sans mal à faire abstraction malgré tout. Mais ça, c'était avant qu'un autre élève, dont l'uniforme portait les couleurs rouge et or de sa maison, ne se mêle à la danse.

James Potter était-il plus bruyant que le reste de ses camarades ? Pas forcément, non. Mais James Potter pourrait bien murmurer à cinquante kilomètres de ses oreilles qu'il aurait déjà le don de l'agacer comme personne d'autre n'en serait capable. Il n'y avait rien qui ne l'insupporte pas chez cet adolescent prétentieux qui s'estimait sans doute être le centre du monde. Regulus ne l'avait jamais aimé, c'était un fait. Mais depuis que les Potter avait accueilli Sirius au cours de l'été, c'était pire encore. Le seul fait d'exister le rendait insupportable aux yeux du jeune homme. Si bien qu'il finit par refermer son livres d'un coup sec et d'aller directement s'adresser au rouge et or, sans détour.

-Tu pourrais arrêter de polluer mon oxygène ?

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A

u bout d'un moment, il faudrait que les gens avec qui il se prenaient le bec arrêtent de se croire le centre du monde (mais en même temps, c'était un fait connu et établi que James Potter considérait être le centre du monde, en grand prétentieux sans cervelle qu'il était) et de penser que sous prétexte qu'il prenait sur son précieux temps pour les envoyer chier, il éprouvait quelque sentiment obsessionnel que ce soit à leur encontre. C'était la réplique phare de tous ceux qu'il venait emmerder, et bien évidemment, dans tous les cas, c'était entièrement faux.

Bon, dans le cas de James, Regulus pouvait tout de même consentir à admettre que sa présence l'incommodait bien plus que celle de la grande majorité des élèves de Poudlard (et pourtant, il ne pouvait encadrer presque personne en dehors de sa petite caste de privilégiés à Serpentard, donc ce n'était pas peu dire), mais ce n'est pas pour autant que sa rancoeur à son adresse était obsessionnel. Non, elle était en revanche parfaitement fondée. Même si les fondations de cette dernière, il ne pouvait entièrement les exprimer à voix haute sous peine de laisser transparaître une certaine faiblesse, un soupçon d'humanité qui auraient très clairement mauvaise presse auprès des quelques camarades qui le respectaient et qu'il respectait en retour (eh oui, ça existait vraiment).

D'accord, en l'occurrence, James n'avait rien fait, n'avait rien dit, ne lui avait ni accordé la moindre attention, ni adressé la parole, mais il était là, il empiétait sur son espace vital, et pour le vert et argent, c'était des prétextes suffisants pour venir le provoquer. Dans tous les cas, c'était inévitable. Cela faisait presque deux mois qu'il ruminait, qu'il le maudissait à distance, qu'il lui faisait en sourdine tous les reproches du monde pour lui avoir volé son frère d'une manière qui apparaissait définitive. Alors maintenant qu'il l'avait sous le nez, s'il pouvait décider de venir l'emmerder, il n'allait certainement pas s'en priver. Bien au contraire, il s'en faisait un vrai plaisir.

-Je ne cherche pas ton attention, contrairement à ce que toi et ta bande de crétins avez l'air de penser - bande de crétins qui incluait évidemment Sirius -, tu n'es pas le centre du monde. Je veux juste que tu dégages de mon champ de vision.

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B

ien sûr, Regulus agissait comme un gamin. ce serait faire preuve d'une mauvaise foi totale que de prétendre le contraire... et pour ce qui était de faire preuve de mauvaise foi, le vert et argent n'était pas le dernier. Il aurait été simple d'ignorer sublimement Potter ou de tout simplement tracer son chemin pour se poser à un endroit où l'air serait moins... pollué par les relents du rouge et or. Mais il avait voulu cette confrintation. Il contenait son amertume depuis l'été, elle ne demandait qu'à exploser, à présent. Regulus n'avait jamais aimé James Potter, mais là, il le haïssait, cordialement. La rancoeur qu'il éprouvait se partageait entre lui et Sirius. Et Sirius n'était pas dans le coin... ce qui pour le coup n'était pas plus mal.

La réponse de James était évidente, bien sûr. Forcément qu'il n'allait pas décamper, et Regulus ne s'attendait pas à ce qu'il le fasse, d'ailleurs. Dans le cas contraire, il aurait été quelque part un peu déçu, quoi qu'il y aurait eu une certaine satisfaction dans le fait de voir James Potter se défiler. Ceci dit, il ne fallait pas vraiment s'y attendre, c'était pas le genre de la maison. Alors tant mieux, une bonne prise de bec était pile ce dont il avait besoin... et largement dans ses habitudes, qui plus est... Il faut dire que Regulus avait largement plus d'ennemis que d'amis... ce qui lui allait très bien. Si c'était pour s'entourer de crétins incapables comme Pettigrow, ce qui avait l'air de ne poser aucun problème à son frère et à son meilleur ami, il préférait largement passer son tour et s'entourer seulement de quelques rares personnes qui avaient au moins le mérite d'être dignes d'intérêt et de confiance.

-Ca te ferait pas de mal, pourtant, d'être un peu recadré, décréta-t-il d'un ton qui se ferait indifférent. La cour t'appartient pas, je te signale. Il marqua une pause. Je ne bougerais pas d'ici, alors facilite-nous la tâche et casse-toi, maintenant.

Le conflit était digne d'une confrontation de bac à sable, mais Regulus s'en moquait allègrement, il aurait d'autres occasions de prouver sa maturité. Ici et maintenant, il voulait juste agacer Potter autant que possible. Ce ne serait que justice, selon lui.

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R

egulus aimerait pouvoir affirmer être capable de recadrer James Potter, d'être capable d'avoir un semblant d'autorité sur lui, mais s'il était orgueilleux, il restait tout de même, dans une moindre mesure, lucide. Il se rendait bien compte que Potter n'écouterait jamais rien de ce qu'il pourrait bien lui dire. Même son meilleur ami préfet n'était visiblement pas capable d'asseoir un semblant d'autorité sur lui (en même temps, Regulus n'était pas convaincu que Lupin fasse beaucoup d'efforts non plus).

Quant à lui... il ne réussissait pas à faire entendre raison à son propre frère, alors il pourrait sans doute difficilement avoir une quelconque incidence sur les décisions de son interlocuteur. Ce qui ne l'empêchait pas d'insister malgré tout. Pas forcément parce qu'il s'attendait à un résultat grandiose et immédiat, mais du moins parce que ça avait le mérite de lui calmer un peu les nerfs, et il en avait sérieusement besoin. C'est vrai qu'il apprécierait davantage la situation si Potter se laissait, ne serait-ce qu'un tant soit peu, intimider par ses propos. Mais ça finirait peut-être par arriver, qui sait. Pas aujourd'hui, pas maintenant... mais plus tard, va savoir.

-Je préfère passer inaperçu que de m'agiter dans tous les sens dans l'espoir constant et désespéré d'attirer l'attention, répliqua froidement Regulus.

Au fond, lui dire qu'il était "transparent" n'était pas la pure insulte qu'on pouvait lui faire. Regulus caressait des rêves de grandeur, c'est vrai, et il avait de l'ambition. Mais son but n'était pas tant d'attirer l'attention de n'importe qui, bien davantage de gagner l'estime de ceux qui, à ses yeux, le méritaient vraiment. S'il voulait être le meilleur attrapeur possible pour son équipe, ce n'était pas dans le but de se faire mousser par toute l'école, juste pour se montrer digne de sa maison. S'il se comportait en impeccable sang-pur et tentait de laver l'honneur de son frère, c'était pour être à la hauteur de ce que ses parents attendaient de lui. S'il tentait d'obtenir les meilleurs résultats scolaires, ce n'était pas pour devenir le chouchou de ses professeurs (même si dans le cas de Slughorn, ça pouvait aider), mais pour acquérir le plus de compétences possibles. Enfin, quasiment tout ce qu'il faisait devait être destiné à se faire remarquer d'une seule et unique personne, une fois qu'il quitterait Poudlard. Et il ne s'agissait certainement pas de James Potter.

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R

egulus aimerait pouvoir être capable d’autant de nonchalance que Potter (même si c’était contradictoirement le trait de caractère qu’il méprisait le plus chez son interlocuteur). Ce n’est pas qu’il le jalousait ou quoi (non mais ça va pas la tête, évidemment que non, qu’est-ce que vous allez chercher), mais être capable de la même impassibilité que son interlocuteur l’arrangerait bien. Pas qu’il ne soit pas capable d’afficher une totale indifférence. Il était même plutôt doué pour ça, il était loin d’être un mauvais comédien. Mais quand il était convaincu que ses propos n’affectaient absolument pas son interlocuteur (pour ça, il faudrait que ce dernier soit capable de se remettre en question, alors de toute évidence, ce n’était pas gagné), ceux de James réussissaient un peu trop souvent à faire mouche.

En même temps, ce n’était pas vraiment difficile. Il y avait un sujet sensible à ne surtout pas aborder avec lui. Un. Et forcément, c’était la seule chose que Potter et lui avaient en « commun ». Enfin, en commun, c’était y aller fort quand même, mais disons que oui, Sirius était le moteur principal de leur animosité, même s’ils n’auraient dans tous les cas pas pu s’entendre (parce que Regulus ne tolérait pas grand monde pour commencer, mais aussi surtout parce que leurs différences de maisons, leur rivalité au quidditch, leurs divergences d’opinion… faisaient que ça ne pouvait pas coller quoi qu’il en soit). Et forcément, Potter, qui était certes insupportable mais en revanche pas le dernier des cons, savait parfaitement comment jouer sur une corde que Regulus déployait beaucoup d’efforts à ne pas montrer sensible. Afin de s’humilier le moins possible.

-Ouais, mes parents sont vraiment dévastés de ne plus avoir l’abruti d’exception qu’est Sirius pour prendre leur relève. Ils ont toujours rêvé de salir leur arbre généalogique avec des amoureux des moldus dans ton genre.

Au moins de ce point de vue, il n’avait pas à s’en faire. Clairement, au regard de la famille Black et de leurs valeurs, c’était de toute évidence Sirius qui n’arrivait pas à la cheville de son frère. Et sa mère leur répétait bien assez à quel point il était une déception pour que Regulus n’ait aucun doute à ce sujet. Ce qui ne l’empêchait pas de redoubler d’efforts afin de se montrer à la hauteur des attentes parentales. Les responsabilités qui lui incombaient étaient d’autant plus grandes que Sirius avait foiré sur toute la ligne. Alors il serait à la hauteur. Et pour cela, il lui fallait être tout l’inverse de ce qu’étaient Sirius et Potter, ce qui en soi lui convenait tout à fait. Il aurait juste voulu que son grand frère lui ressemble davantage et ne s’égare pas sur ce chemin duquel il n’allait plus pouvoir revenir.

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egulus grinça des dents quand son interlocuteur lui fit remarquer que Sirius n'était pas le premier (et ne serait sans doute pas le dernier d'ailleurs) amoureux des moldus de leur arbre généalogique. Les Black avaient une manière bien à eux de gérer ce genre de situations, en occultant tout simplement l'existence de ces personnes, mais les traces de brûlure sur la tapisserie des Black ne laissait pas totalement oublier que ces éléments perturbateurs avaient un jour fait partie de leur famille, et que leur sang coulait dans leurs veines, qu'il le veuille ou pas. Oui, la mentalité des Black était par certains aspects très hypocrite. On planquait sous le tapis tout ce qu'on ne voulait pas accepter, et on faisait comme si de rien n'était.

Tous dans les apparences, et un sacré paquet de cadavres dans le placard. Regulus était suffisamment intelligent pour en avoir conscience, mais il estimait aussi que quelques fruits pourris sur son arbre généalogique n'ôtait absolument rien au prestige de son illustre famille, et il comptait bien défendre leurs valeurs jusqu'à son dernier souffle. Il serait de ces Black exemplaires dont l'existence serait toujours observée en exemple, et c'était source de fierté pour lui. Il n'avait aucune intention de s'en cacher ou même de s'en excuser, et si James Potter trouvait ce comportement pathétique ou à vomir, eh bien ce n'était clairement que son problème. Regulus n'attendait clairement pas après son opinion pour façonner sa vision de l'existence. Et si le regard que Sirius posait sur lui était capable de l'affecter, quand bien même il n'en montrait rien, ce n'était absolument pas le cas en ce qui concernait Potter.

-Quand on a affaire à de la vermine, on l'écrase, je ne vois pas en quoi c'est un problème. Mais je n'attend pas que tu comprennes quoi que ce soit aux valeurs qui sont les miennes, ajouta-t-il avec dédain. Quand on est prêt à compromettre la pureté de son sang avec la première sang-de-bourbe venue, on est d'ores et déjà une cause désespérée.

Et bien sûr, par "première sang-de-bourbe" venue, c'était à Lily Evans que Regulus faisait allusion, et James le saurait forcément. Il lui courait après, ce n'était pas un secret. Et si l'insulte était gratuite, elle n'avait qu'un seul but évidemment, et c'était de provoquer le rouge et or.

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egulus afficha un sourire satisfait en constatant que sa remarque avait fait mouche. En même temps, il avait parfaitement conscience d'appuyer très précisément où c'était susceptible de faire mal, et il n'était pas peu fier de lui. Bon, il n'en menait pas complètement large non plus, parce que si James Potter devait décider de lui régler son compte, le vert et argent n'avait que peu de chance - si ce n'est aucune - d'en sortir indemne, mais le simple fait de faire sortir le rouge et or de ses gonds valait bien ces quelques désagréments. La haine et la rage qu'il ressentait à son encontre, c'était Potter qui l'exprimait, à présent, et il préférait largement le voir se mettre en colère plutôt que feindre l'indifférence.

Regulus soutint le regard de James tandis que ce dernier l'attrapait par le col. Il n'était pas si détendu que ça, à vrai dire. Il n'avait pas franchement envie de se prendre un pain dans la tronche ou n'importe quel joyeuseté du genre. Mais il pouvait bien garder la face pour le moment, puisque c'était le signe qu'il avait au moins réussi à atteindre et à blesser son interlocuteur, ce qui avait été sa volonté dès les débuts de cette joute verbale.

N'avait-il vraiment plus d'argument ? Tout était relatif. Pour Regulus, ses propos tenaient lieu d'argument. Et à ses yeux, il n'insultait pas vraiment Evans, puisqu'il se contentait d'observer un fait : après tout, il n'y était pour rien si les parents de la rouquine n'étaient jamais que de sales moldus. Si lui décidait d'en prendre ombrage, ce n'était pas sa faute, après tout, pas vrai ? Bon, il en rajoutait volontairement, mais à ses yeux, tous les prétextes étaient bons pour attaquer Potter. Il avait eu besoin de se défouler sur lui pour canaliser sa haine, sa frustration, ses déceptions... et c'était ce qu'il faisait.

Il perdit tout de même son sourire narquois en entendant James attaquer sa mère... il avait été à bonne école, de toute évidence. Ses mots étaient ceux de Sirius, à n'en pas douter. Et c'était lui qui parlait de taper sur les autres faute d'argument. Mais il ne comptait pas se laisser destabiliser davantage. Non, il comptait plutôt pousser la provocation jusqu'au bout.

-Essaie seulement, pour voir.

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egulus ne pourrait pas dire qu'il ne l'avait pas volée. Il avait su très précisément à quoi il s'exposait, on pouvait même dire qu'il l'avait cherché et attendu, et il en avait obtenu gain de cause... en même temps qu'une sacrée tarte dans la gueule. Prétendre que le vert et argent avait accueilli le coup porté avec dignité serait un sérieux mensonge (même si l'adolescent se chargerait bien de déformer la réalité en temps voulu afin de redorer un peu son blason). Certes, il avait voulu que Potter perde son calme, mais ce n'est pas pour autant qu'il ne le regretta pas un peu, même beaucoup, au moment de s'effondrer au sol, le visage endolori. Il ne l'avait clairement pas raté.

Son poing l'avait frappé au beau milieu du visage, et ce fut tremblant et étourdi, les larmes au bord des yeux, qu'il se redressa. Par réflexe, il passa sa main sous son nez pour découvrir qu'il saignait. Il n'offrait définitivement pas à voir un spectacle digne et honorable, c'est le moins que l'on puisse dire. Une part de lui avait très envie de riposter, mais il savait très bien ou se situait sa propre force, et ce n'était certainement pas en répliquant "à la loyale" que le jeune homme pouvait espérer faire quoi que ce soit. Non, dans ces circonstances, il estimait que rendre coup pour coup valait bien moins que d'utiliser la stratégie de la victimisation.

-T'es complètement taré, répliqua Regulus d'une voix toujours un peu tremblante, la main sous le nez, toujours, afin d'empêcher le sang de couler encore davantage.

Un détour par l'infirmerie allait clairement être indispensable, mais pas tout de suite, avant, il irait faire un petit détour par le bureau du professeur Slughorn afin de lui laisser tout le loisir d'observer l'étendue des dégâts. Jouer les rapporteurs n'était sans doute pas ce qu'on pourrait qualifier de glorifiant, mais faire écoper le rouge et or d'une sanction que lui-même n'aurait pas été capable de lui attribuer de son côté, ça lui convenait parfaitement, pour tout dire. Et c'était tout ce qu'il avait cherché.

-Tu vas le regretter, ça, je te le promets.

Pour James Potter, ce ne serait sans doute qu'une punition supplémentaire, mais il y avait une différence entre une sanction attribuée pour violence et une autre dûe à une farce quelconque. Et lui saurait parfaitement prétendre qu'il n'avait absolument rien dit ou fait pour mériter ça.

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egulus ne supportait pas l'indifférence que Potter affichait face à ses menaces, parce qu'il savait qu'elle n'était pas feinte. Forcément, James Potter n'en avait rien à battre, de tout le monde, donc évidemment que l'idée qu'il puisse se plaindre à ses professeurs le laissait complètement de marbre. Qu'importe, le plaisir de le voir écoper d'une punition bien salée réussirait à le requinquer ne serait-ce qu'un peu, ce serait toujours ça de pris, après tout. Et il n'hésiterait pas à en rajouter des tonnes et de se victimiser autant qu'il le faudrait pour cela.

Il se fichait de passer pour une chiffe molle (qu'il considérait malgré tout ne pas être) si, en contrepartie, le rouge et or pouvait éventuellement en prendre pour son grade. Par contre, il n'en était pas au point, malgré tout, de tenir particulièrement à s'en manger une. Il douillait encore assez sévèrement pour celle qu'il venait tout juste de prendre, pas forcément la peine d'en rajouter non plus. Là, il savait ce qu'il lui restait, c'était d'aller à l'infirmerie, non seulement pour directement pouvoir confirmer sa thèse auprès d'un adulte présumément responsable, mais aussi parce qu'il aimerait bien arrêter d'avoir mal, en fait, un peu.

On pourrait dire qu'il n'en menait pas large pour quelqu'un qui se prétendait futur mangemort mais se faisait avoir en un coup. Oui, peut-être, mais il n'allait pas commencer à riposter pour que les ennuis rejaillissent sur lui par la suite, ce serait complètement contreproductif. Il ne misait de toute manière pas sur la force pour s'en sortir, quand bien même il était convaincu qu'en duel magique, il s'en sortirait tout à fait contre Potter (orgueil, quand tu nous tiens).

-Quand on a que ses poings comme arguments, c'est vraiment qu'on est un attardé, rétorqua Regulus. Puisque t'en as rien à faire, je vais appliquer tes charmants conseils de ce pas, Potter.

Et c'était ce qu'il comptait faire. C'était la manière la plus digne qu'il avait de prétendre avoir gagné cette confrontation alors qu'il était plus qu'évident que le rouge et or l'avait remportée haut la main, et sans aucune forme de conteste possible.

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