Une rentrée pleine de rebondissements ♢ Peter

C

'était le rush de dernière minute, le stress d’avant-rentrée qui avait maintenu Marlene éveillée une bonne partie de la nuit. Mais certainement pas l’impatience. Car si elle était heureuse à l’idée de retrouver Emmeline et ses autres amis, la perspective d’une nouvelle année enfermée entre les murs inviolables de Poudlard alors que la guerre faisait rage dehors… L’idée d’être inutile alors qu’elle pourrait sauver des vies et combattre le mal était extrêmement frustrante. Ce qui la poussait encore et toujours à se surpasser, à travailler comme une folle sur ses manuels de cinquième année avant même que l’année n’ait commencé. Elle avait passé tout l’été à essayer de s’occuper l’esprit, par le travail, le Quidditch, le volontariat dans diverses associations sorcières… Tout pour lutter contre les idées noires qui arrivaient à se frayer un chemin, parfois, entre les fissures encore trop fraîches du deuil.

Certes, elle n’était pas très utile en l’état actuel des choses. Elle ne pouvait même pas utiliser la magie hors de Poudlard. Mais elle pouvait au moins s’avancer un peu pour espérer impressionner son professeur de défense lors de cette nouvelle année. Ainsi que Slughorn, et tous ceux qui dirigeaient les matières nécessaires à une carrière chez les Aurors… Et elle avait encore du pain sur la planche ! L’année des BUSES, tout s’accélérait, il allait falloir qu’elle lutte pour réussir.
Mais peut-être que le stress n’était qu’une excuse pour ne pas s’avouer la véritable raison pour laquelle elle avait à peine fermé l’œil… Il s’agissait de la première rentrée depuis l’assassinat de ses parents. La première fois, sans qu’ils ne l’accompagnent au quai 9 ¾. La première fois sans le gros câlin de groupe, sans les conseils inquiets de sa mère, sans les rires à cause des atterrissages ratés en cheminette… Et même si Marlene faisait tout pour être forte, et que cela faisait déjà presque un an, cela lui laissait un sentiment de vide. Le temps n’améliorait pas forcément la peine, c’était des conneries.

Il était donc très tôt, le soleil se levait à peine, et son oncle et sa tante n’étaient pas encore revenus de vacances. Ils lui avaient proposés de l’accompagner à la gare, mais elle leur avait dit non. Elle appréciait ce qu’ils faisaient pour elle, mais elle devait faire ça toute seule. Se montrer à la hauteur et apprendre à vraiment se débrouiller toute seule. Si elle avait eu l’âge, et l’argent, elle aurait pris un appartement pour elle toute seule… Marlene décida de finir ses préparatifs en nouant ses cheveux en un chignon négligé, enfilant jean, t-shirt, les premiers bouts de tissus lui tombant sous la main en vérité. Ce n’était pas comme si elle comptait impressionner qui que ce soit.

Elle partait bien en avance, prévoyante. Trainant sa lourde malle et la cage de sa chouette dans le foyer éteint de la cheminée. Elle attrape une bonne poignée, et clame d’une voix forte le nom d’une auberge sorcière non loin de King’s Cross… Mais rien ne se passe.

« C’est pas vrai, Merlin, pas encore ! » Marlene se penche pour récupérer la précieuse poudre et réessayer plusieurs fois sans succès. Le réseau était très mal desservi dans cet appartement et il y avait souvent des problèmes, mais ce n’était pas le moment !
Après de nombreux essais infructueux, même Merlene doit se faire une raison, la cheminée ne refonctionnera pas comme par magie. Mais au moment de perdre espoir (une notion inconnue pour elle), une idée lui vient. Elle se précipite hors de l’appartement pour aller toquer fermement à la porte des voisins, porte sur laquelle était affiché le nom « Pettigrow ». Il était encore très tôt donc elle était sûr que Peter ne devait pas encore être parti… Elle croisait les doigts. Et pour qu’il accepte de l’aider malgré le fait qu’ils se connaissent à peine, à part qu’ils étaient devenus récemment voisins et se disaient les réguliers 'bonjour' et autres politesse ; et qu’elle ne rechignait jamais d’aller dire ses quatre vérités –ou plutôt reproches- à son groupe d’amis lorsqu’elle trouvait qu’ils dépassaient les bornes...

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P

eter était fébrile. Il n'avait pas encore dormi de la nuit, et pour cause, il n'arrivait jamais à fermer l'oeil les veilles de rentrée... Il cogitait beaucoup trop, et l'impatience prenait le dessus. Non, il n'avait pas franchement envie de retourner en cours, même si au moins, cette année, grâce à toutes les BUSE qu'il avait loupées (et il l'avait senti passer, d'ailleurs), il s'épargnerait au moins de poursuivre pas mal de cours dans lesquels il n'avait clairement pas brillé par son niveau. Plus de potions et de métamorphose, notamment, pour Queudver, et il serait le dernier à s'en plaindre. Les regards navrés, un peu trop compatissants de Slughorn lui tapaient sur le système, quant à McGonagall... elle le terrifiait, honnêtement. Un comble, quand même, pour quelqu'un qui, au prix d'efforts monumentaux était parvenu à devenir un animagus, ce qui demandait techniquement des compétences poussées en métamorphose... et pourtant, le reste du temps, il était une bille. Bref, non, ce n'était définitivement pas pour les cours que le jeune homme était si impatient de retourner à Poudlard, mais parce qu'il était impatient de retrouver enfin Remus, Sirius et James.

L'été de Peter avait été terriblement frustrant et solitaire. Dans sa ville natale, il n'avait pas d'amis, et il n'avait pas vu grand-monde durant ces deux mois, si ce n'est une ou deux cousines dont il se fichait assez royalement, à vrai dire. Bien sûr, ses amis lui avaient donné des nouvelles (Remus, surtout), mais ce n'était pas pareil. Et puis, même s'il était vraiment heureux pour Sirius, qui avait enfin envoyé balader ses parents et avait passé l'été chez James, eh bien, savoir qu'ils avaient passé tout leur été ensemble n'avait pas franchement aidé sa frustration. Mais qu'à cela ne tienne, la fine équipe serait bientôt à nouveau réunie... Plus que quelques heures...

Peter était levé depuis l'aurore ou presque, et il tournait en rond, il avait revérifié ses bagages des dizaines de fois (et il y avait de fortes chances malgré tout pour qu'il ait oublié pas mal de choses une fois sur place), et maintenant... Maintenant, il poirautait. Assis à la table du salon, il reremplissait presque mécaniquement le contenu de son bol de céréales à mesure qu'il le vidait. Jusqu'à ce qu'on frappe à la porte. Peter se leva pour aller ouvrir la porte d'entrée. Et se retrouva face à Marlene, camarade de classe mais surtout voisine depuis peu.

-Marlene ? Qu'est-ce que tu fais là ?

On faisait accueil plus chaleureux, mais pour sa défense, il était totalement pris au dépourvu, en l'occurrence. Même s'ils étaient voisins et s'entendaient relativement bien dans la mesure où ils s'entendaient tout court, il savait pertinemment qu'elle n'avait pas frappé à sa porte pour le seul plaisir de sa compagnie.

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M

arlene n’a pas à attendre longtemps que la porte s’ouvre pour révéler Peter, qui, elle note tout de suite, avait l’air d’avoir aussi peu dormi qu’elle. Elle ne le connaissait pas trop, mais c’est vrai qu’il avait généralement l’air assez nerveux… Comparé aux autres membres du quatuor de Gryffondor. En vérité elle n’arrivait pas trop à se faire d’avis sur Peter, pas comme pour Sirius directement rangé dans la case du ‘dragueur rebelle et hautain’. Peter n’était dans aucune case, juste indescriptible. Et peut-être un peu suiveur.
Enfin bref, elle n’était pas vraiment là pour apprendre à le connaître, même si ça ne la dérangerait pas si ça devait en arriver là. Ils étaient voisins et camarades après tout, et puis, comme elle le disait toujours, ils étaient tous dans la même guerre, tous confrontés aux même difficultés et pertes –même si certains plus que d’autres. Le fait qu’il y ai une guerre ne devait pas empêcher les sorciers de sociabiliser et de se soutenir les uns les autres ! Au contraire, il fallait empêcher à la guerre de les rendre tous individualistes ! C’était du moins ce que ses parents lui avaient toujours dit.

« Heureusement que tu es encore là ! Bonjour Peter. Je suis désolée de t’embêter, je ne l’aurais pas fait si j’avais pu faire autrement. » Pour ne pas dire « j’ai vraiment besoin d’aide » ce qui sonnerait trop comme une supplication. Non, elle n’était ni désespérée ni sur le point de paniquer, juste embêtée et agacée d’être obligée d’aller embêter ses voisins. « Le réseau de cheminée dans l’appartement de mon oncle et de ma tante est vraiment instable, et il vient de me lâcher. Et je suis toute seule alors je n’ai aucun autre moyen d’aller à King’s Cross. »

Elle lui offre un petit sourire, légèrement embarrassé. Elle n’était pas du genre à avoir peur de demander quoi que ce soit, non, mais devoir avouer qu’elle était sans issu et qu’il était son dernier recours était vraiment embarrassant pour la fière adolescente. Et aussi, le fait qu’elle ne vienne lui parler que pour demander quelque chose, elle avait l’impression d’abuser et de profiter un peu de Peter. Elle espérait juste qu’il ne le prendrait pas comme ça, elle ne voulait pas passer pour une profiteuse ! Si seulement elle avait su transplaner, ça aurait évité toutes ces complications !

« Ça te dirait qu’on y aille ensemble ? »

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M

arlene semblait accueillir sa présence comme une mane célèste, ça c'est sûr que ce n'était pas courant, mais soit... Il n'était pas le genre de personne à qui on demandait son aide, pas forcément parce qu'il n'était pas fiable (encore que...) mais parce qu'il ne savait pas faire grand-chose de ses dix doigts, mais il semblait que pour une fois, il allait réussir à être utile à quelque chose, et même à quelqu'un. Comme quoi, tout arrivait.

Visiblement, la jeune fille avait essayé de se rendre à King's Cross via le réseau de cheminette et avait joyeusement échoué dans le processus. Ce qui faisait se poser pas mal de questions à Peter (notamment : personne ne l'accompagnait ? D'accord, elle était une grande fille, mais l'air de rien, le jeune homme appréciait, lui, que ses parents soient là pour l'escorter jusqu'à la gare)... et naître une légère inquiétude également. Les Pettigrow aussi avaient l'intention de se servir de la poudre la cheminette, et si ça ne marchait pas chez eux non plus ? A la perspective de manquer le départ du Poudlard express, l'adolescent sentait un vent d'angoisse l'envahir, il ne se serait pas senti moins bien si on lui avait annoncé la fin du monde pour le soir même. Mais il fit quand même de son mieux pour se composer l'expression la plus neutre possible. Pas simple du tout.

-Euh... oui, pas de problème...

Ce n'est pas comme s'il allait l'envoyer balader... et il n'avait pas vraiment de raison de le faire. D'ailleurs, même s'il l'avait voulu, ses parents, qui acquiesçaient dans son dos, ne l'auraient pas laissé faire... tu penses, ils devaient déjà être trop ravis qu'il ait une "amie" dans le voisinage. Ce n'était pas faute pour sa part d'assurer à ses parents qu'il avait des amis à Poudlard, mais Mr et Mrs Pettigrow ne croyaient que ce qu'ils voyaient, et il est vrai que ses vacances scolaires étaient toujours particulièrement solitaires.

-On part d'ici vingt minutes à peu près... Ce qui voulait dire qu'il allait falloir combler le silence tout ce temps... Peter espérait que Marlene était du genre bavarde, sans quoi ils n'étaient définitivement pas sortis de l'auberge. Tu veux... boire ou manger un truc avant d'y aller ?

Il n'était clairement pas l'hôte improvisé du siècle, mais on va dire qu'il faisait de son mieux.

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M

arlene est franchement soulagée lorsque son voisin donne son accord, elle aurait été dans de beaux draps sinon ! Et il n’avait pas l’air de particulièrement tirer la gueule, même s’il ne sautait pas au plafond non plus, ce qui était plutôt normal, ils ne se connaissaient pas. Pas vraiment.

Elle remarque enfin les parents de Peter (il fallait dire que quand la porte s’était ouverte, elle s’était surtout focalisée sur l’autre adolescent, et son problème actuel), pas loin derrière, à qui elle sourit et salut d’un signe de la main : « Mr et Mrs Pettigrow, bonjour ! Et merci pour votre aide. » Elle était dans les temps, alors c’était bien. Tant qu’elle ne serait pas à bord du Poudlard Express, Marlene ne serait pas calme, mais c’était déjà un bon pas vers la ligne d’arrivée. Gérer le stress n’était vraiment pas facile, ça la rendait un peu fébrile.

Elle répond à la proposition de Peter avec un sourire. Elle avait plutôt le ventre noué à cause du stress mais, elle avait quand même faim. « Je ne dis pas non ! J’ai finis les stocks hier et j’ai fini par passer la nuit à grignoter mes ongles, sans rien d’autre à me mettre sous la dent. » Pas qu’elle ait besoin de ça pour ronger ses pauvres ongles torturés, l’adolescente avait souvent les nerfs à vif, c’était ça, de tout prendre trop à cœur. « Je vais juste chercher mes affaires et fermer, je reviens tout de suite. »

Après un petit sourire dans la direction générale des Pettigrow, elle s’empresse de retourner chez son oncle et sa tante. Marlene vérifie que les fenêtres sont bien fermées, embarque malle et chouette, ferme la porte à clé et retourne de l’autre côté du couloir, du côté de la cheminée qui fonctionnait (elle l’espérait en tout cas). Elle attend que Peter se pousse de l’ouverture pour faire passer son lourd chargement qu’elle laisse contre le mur en essayant de ne pas prendre trop de place quand même. Ils étaient assez gentils de lui servir d’issue de secours. Marlene aimait l’idée qu’elle soit débrouillarde et indépendante mais… Elle s’était peut-être un peu surestimée. Sans magie, elle n’était pas bonne à grand-chose. Et elle n’avait pas d’argent moldu alors utiliser une de leurs bestioles en fer roulantes n’était pas permis. Vraiment, elle se demandait comment ils faisaient pour survivre, dans un monde dénué de magie. Ils l’impressionnait un peu, les moldus, l’intriguait même. Marlene n’était pas beaucoup familière avec leur société, mais ça avait l’air intéressant. Et dire qu’ils ignoraient tout du danger qu’ils couraient… De la guerre qui faisait rage à quelques pas.
Elle aurait détesté être dans l’ignorance, comme eux. Et en même temps, ça aurait peut-être été plus simple, elle n’aurait pas souffert autant.
Mais elle n’aurait pas été la même personne et, ça, ce n’était pas permis.

La jeune Poufsouffle enfile une veste et zyeute avec grand intérêt les céréales qu’elle pouvait voir sur la table du salon. L’appétit ne venait pas en mangeant, mais en regardant !

« Ca va toi ? T’as l’air un peu nerveux. T’inquiètes pas on va y arriver à Poudlard, d’une façon ou d’une autre. Et même si on le rate ils vont pas nous laisser dehors pendant un an. » Dit-elle avec son peu de tact habituel, en tapotant l'épaule de Peter.
Le pauvre avait le teint un peu pâlot, Marlene ne savait pas si c'était normal.

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D

e ce qu'il savait de Marlene, Peter estimait qu'elle et lui étaient très différents... comme en fait, il considérait être aux antipodes de n'importe qui d'un tant soit peu... intéressant, disons... qu'il s'agisse de la jaune et noir ou du moindre des amis qui le toléraient dans son sillage pour des raisons qui lui échappaient toujours un peu (même s'il en était heureux), il savait bien qu'il était à peine leur égal. Ou pas du tout, plutôt. Mais en quelques secondes, il se reconnut au moins un point commun avec son interlocutrice, et c'était la nervosité. Pas dit qu'il s'agisse là du point commun le plus glorieux que l'on puisse imaginer, pas dit non plus que deux nerveux ensemble fassent bon ménage, mais peu importe, c'était toujours ça de pris.

La jaune et noir les remercia, disparut le temps de chercher ses affaires et de tout fermer chez elle. Un temps suffisant pour permettre aux parents de Peter de l'accabler de questions au sujet de sa "camarade"... Mr et Mrs Pettigrow gardaient une sorte d'angoisse constante au sujet de Peter, la peur qu'il ne réussisse pas à s'intégrer... comme son enfance avait été catastrophique de ce point de vue. Il avait beau répéter qu'il n'avait pas à se plaindre, ce n'était pas pour autant que ses parents ne voulaient pas l'obliger à une sociabilisation assidue dès l'instant où quelqu'un d'à peu près son âge traînait dans les parages. Et quand, en plus, c'était une fille, n'en parlons pas...

Enfin, Marlene revint assez vite, mettant fin à ce supplice. Ou pas... Parce que si c'était pour dire qu'il était pâle et nerveux (pas spécialement différent de d'habitude, donc), il se le serait peut-être épargné. C'était même sûr, en fait... Elle pouvait parler, elle, il n'avait pas le sentiment qu'elle en menait aussi large qu'elle le prétendait, non plus. Ceci dit, Peter aurait bien aimé donner le sentiment d'avoir confiance en lui pour une fois dans sa vie. Peine perdue.

-Je sais, je suis pas bête, répondit-il, bêtement -preuve qu'il l'était sans doute, finalement - sur la défensive, en réponse à son interlocutrice. De toute façon, s'il y a un problème avec les cheminées, on sera pas les seuls dans le pétrin...

Et il n'arrangeait ni ses appréhensions ni son cas en s'exprimant de la sorte.

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arlene avait beau être un peu nerveuse, ça n'avait rien à voir à ses réactions d'avant. Faut dire que quelque chose comme la mort, ça faisait relativiser. Qu'est-ce que rater un train, à côté ? Mais ça ne lui permettait pas non plus d'être complètement calme face aux problèmes, elle n'avait pas un esprit aussi cartésien qu'Emmeline, dommage parce que parfois c'était très très pratique.

Elle est surprise par la réaction de Peter, ça c'est sur. Marlene hausse les sourcils.  Elle ne savait pas qu'il avait autant de caractère, dit donc ! Il donnait toujours un petit air de suiveur sans histoire, avec son groupe d'amis.

« Si j'avais voulu dire que t'étais bête, je te l'aurais dit directement en fait. » qu'elle lâche un peu durement. Mais bon, elle veut bien le comprendre, s'il était aussi nerveux qu'il en avait l'air, ça pouvait rendre assez agressif ! Elle en savait quelque chose. Marlene se sert à manger dans le tas de nourriture qui attendait devant Peter, après que la mère de celui-ci lui ai gentiment amené un bol... Avant de repartir dans son coin faire semblant de ne pas les écouter. Après un petit merci, sans attendre, elle fourre une énorme cuillère de céréales dans sa bouche, et continue de parler la bouche pleine, féminité et classe -10 000 :

« Ce serait la vraie pagaille ! » Même si elle n'avait pas spécialement faim, ça passe le temps, et elle a toujours été gourmande -ce qui se porterait un peu sur ses hanches, si elle ne faisait pas autant de sport. En plus, on ne refuse pas à manger lorsqu'on nous en offre, ses parents lui avaient appris ça. Marlene manquait parfois de délicatesse, mais elle n'était pas impolie pour autant. « J'espère pas que les autres seront dans la bouse de troll eux aussi, quand même. » Si les dégâts pouvaient être limités à un plus petit nombre, c'était mieux. Marlene

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eter baissa les yeux, mal à l'aise, quand son interlocutrice lui fit remarquer que si elle avait voulu dire qu'elle était bête, elle l'aurait dit. Il voulait bien la croire sur parole. Marlene était ce genre de personnes qui réussissaient à dire tout ce qui leur passait par la tête, ce qui n'était certainement pas le cas du rouge et or, qui lui, quand il osait ouvrir la bouche, le regrettait aussitôt. Comme en cet instant, où la réaction de sa voisine lui prouvait bien, par ailleurs, que tout le monde était toujours plus heureux quand il se la fermait.

S'il devait dire ce qui lui passait par la tête, il répliquerait que si elle n'avait pas eu l'intention de dire qu'il était idiot, ça ne voulait pas dire pour autant qu'elle ne le pensait pas, mais il n'était capable que d'un élan d'effronterie à la fois. Et en même temps, si Marlene le trouvait idiot (ce qui était sans doute le cas de tout le monde, en fait), il préférait ne pas lui donner l'occasion de le dire. C'était bien suffisant, largement suffisant, même, qu'il le pense constamment. Donc bref, autant ne rien dire comme il savait si bien le faire et se focaliser sur son petit-déjeuner.

Dans la mesure où il en était capable, mais la bavarde Marlene réussirait presque à lui couper l'appétit (et pour lui couper l'appétit, il fallait y aller, vraiment). Il était plus stressé que ce qu'il voulait bien admettre, et cette situation, ces circonstances exceptionnelles pour une rentrée scolaire, la présence de Marlene et les stupides scénarios catastrophes qu'il se mettait dans la tête - presque aussi stupides que lui ne l'aidaient pas à se détendre, même s'il devrait essayer de rationaliser tout ça. Et surtout, faire ce qu'il fallait pour y réussir.

Peter se retint de dire que lui, s'ils devaient être dans la mouise, voudrait bien que tout le monde le soit pour ne pas être le seul à la traîne, pour changer (bon, ils seraient deux, pour le coup, mais il se comprenait). Ceci dit, il considérait qu'il allait préférablement garder cette pensée là pour lui-même. Il n'avait pas besoin de passer pour un égoïste en plus du reste.

-Ouais, faut espérer, répondit-il en s'essayant à une esquisse de sourire. Même si j'aimerais bien ne pas arriver après tout le monde. Les entrées remarquées, c'est pas trop mon truc. Et puis, hors de question de louper le festin de début d'année.

Il allait conforter sa réputation de goinfre, mais après tout, ça le rendait sympathique à certains. On n'a jamais à se méfier du gros qui mange tout le temps, pas vrai ?

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