L'histoire des tissus peint a travers les âges. ||☼ Pv - Pandora

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ujourd'hui, on était mardi, et le mardi était définitivement la journée que Pandora préférait entre toutes. Son emploi du temps, plus léger que les autres jours, n'y était pas pour rien. Pourtant, la bleu et bronze était loin de détester les cours, c'était même tout l'inverse, elle brûlait toujours d'enrichir son esprit de nouvelles connaissances, et même si certains de ses professeurs étaient plus difficiles que d'autres, elle les appréciait très sincèrement. Mais ces trous dans son emploi du temps lui permettaient en revanche de vaquer à ses propres expériences, et c'était plus précieux que n'importe lequel des enseignements qui pouvaient lui être prodigués (même si sans ces dits enseignements, ses expériences n'iraient pas bien loin).

Elle avait profité de ce temps de tranquillité pour longer le lac noir en quête de nouveaux ingrédients à ajouter à ses prochaines potions, même si, depuis sa dernière expérience raté et le nombre phénoménal de points qu'elle avait fait perdre à sa maison (ça plus la réaction de Bertram qui lui avait payer cher son manquement au règlement), elle essayait de se tenir à carreaux, du moins un peu. Pas trop quand même, elle gardait à l'esprit qu'un petit détour par la forêt interdite ne serait pas de trop pour dénicher des plantes voire des résidus animaux vraiment intéressants, et elle comptait bien monopoliser un cachot désert dès qu'elle en aurait l'occasion pour poursuivre ses élaborations... mais elle avait été sage, donc, et n'avait rien fait que l'on puisse qualifier d'illégal.

Quand elle passa le pas de la salle commune, son sac était chargé de matériaux en tout genre qu'elle comptait de ce pas déposer dans son dortoir, mais c'était sans compter sur l'une de ses camarades, qui l'alpagua dès qu'elle eut fait un pas dans l'antre des serdaigles. Une adolescente d'un an de moins qu'elle lui faisait signe : Sunny. Pandora la connaissait très peu mais l'appréciait tout de même beaucoup, elle leur devinait de nombreux points communs, même si elles n'avaient jamais réellement eu l'occasion de creuser aucun d'entre eux.

Elle l'interrogea immédiatement, sans prendre le temps de la saluer - ou de respirer. Pandora ne le prit pas personnellement. Elle-même était bien souvent dans son monde, et parfois trop focalisée et passionnée pour se rappeler sur l'instant les règles de politesse pourtant les plus élémentaires.

-Je vais bien, répondit-elle pour commencer. J'ai le livre dont tu parles, mais je ne l'ai pas encore commencé, dit-elle d'un ton désolé. Elle ne s'intéressait pas spécialement à l'art, en revanche, elle s'intéressait aux sortilèges, et cerner les mécanismes dans l'élaboration d'une magie aussi complexe que celle qui consistait à donner presque littéralement une âme à une oeuvre, forcément, ça la passionnait. Il est dans mon dortoir, je devais y déposer deux-trois trucs de toute façon. Tu m'accompagnes ? Si tu me le rends demain matin, il n'y a pas de soucis. Tu t'intéresses à quel chapitre exactement ?

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our le peu de ce que Pandora avait été capable de cerner de Sunny, elle avait toujours deviné en elle une véritable passionnée (les passionnés se reconnaissaient entre eux), et ce début de conversation lui confirmait bel et bien ce qu'elle avait déjà entrevu à d'autres occasion, plus brèves et moins approfondies. C'était l'apanage des serdaigles d'être curieux et érudits, mais chacun l'était à sa manière, il y a une différence entre vouloir brasser le plus de connaissance possible et embrasser pleinement ces connaissances dans l'espoir de les démystifier. Et le sujet qu'avait choisi Sunny était loin d'être le moins passionnant au demeurant.

Les questions que sa camarade se posait, l'adolescente se les étaient posées également (et toujours d'ailleurs). Quand on décidait d'observer le monde de la magie avec distance, on pouvait être capable de tout en accepter, plus encore si on n'avait toujours connu que ça. Les balais volent parce qu'ils volent, les hiboux distribuent le courrier parce que c'est ce qu'ils ont toujours fait, on doit utiliser des baguettes avec des composants d'animaux fantastiques à l'intérieur parce que c'est comme ça que ça marche, les tableaux sont dotés d'une réplique remarquable et bluffante de mémoire et de capacité d'interaction sociale en plus de mémoire, et il faut faire avec. Dès qu'on décidait de creuser sur la surface, tout était sujet à interrogation et à fascination. Et quand, comme Pandora, on voulait créer, inventer, dépasser, disséquer ce qui avait été fait au préalable, l'essence même de tout ce qui était magique, cela devenait une nécessité absolue.

-Tu ne t'emportes pas, répondit Pandora avec douceur et simplicité. Tu es passionnée. J'aime les gens passionnés. Je pense que les souvenirs des tableaux sont peut-être un peu plus simples à trafiquer que ceux des humains, c'est peut-être pour ça, mais je n'ai pas de réponse arrêtée sur la question, je n'arrive même pas à comprendre le mécanisme d'un sortilège aussi puissant et pourtant si commun, répondit-elle. J'aime bien réussir à décortiquer les sortilèges qui me passionnent le plus afin d'essayer d'en fabriquer d'autres à partir de ce que j'aurais pu apprendre.

Alors qu'elle achevait sa phrase, elles pénétraient dans le dortoir de Pandora. D'un pas tranquille, l'adolescente se dirigea vers son lit, et sans envisager de s'excuser du désordre ambiant, elle commença à fouiller dans le bordel organisé de ses affaires à la recherche du livre qui suscitait ainsi l'intérêt de la camarade. Elle finit par mettre la main sur la couverture rigide et bien abîmé du volume, qui avait bien vécu, déjà.

-Tiens. Ne te presse pas. Si tu me le rends plus tard, ça me va tout aussi bien, assura-t-elle tout en se défaisant de son sac à dos pour en extirper les différents échantillons glanés autour du lac qu'elle avait récoltés plus tôt.

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e caractère de Sunny avait tout pour plaire à Pandora. Aux yeux de l'adolescente, en effet, être capable de prendre à coeur n'importe quel sujet, avec à ce point d'assurance et de vigueur, c'était à la fois beau et admirable. Et Pandora n'avait par ailleurs aucun mal à s'émouvoir elle aussi de ce que sous-tendait le discours de son interlocutrice. Elle avait en effet raison : il était d'une injustice criante que de vouloir accorder plus de crédit à des objets animés par la seule magique qu'à des êtres de chair et de sang. Le sort qui accablait, et de longue date, les "créatures" dites à "conscience presque-humaine" (c'était si stupide... n'importe quel centaure ou gobelin dépassait au centuple le niveau intellectuel et cognitif de n'importe quel sorcier), c'était un sujet qui la touchait beaucoup, elle aussi. Si Pandora le pouvait, elle monterait à dos de tous les chevaux de bataille qui se trouvaient sur sa route. Malheureusement, on ne peut pas mener de front tous les combats, au risque de s'épuiser singulièrement et de ne plus servir à personne. C'était malheureux, mais c'était néanmoins le cas.

Elle sourit quand Sunny ajouta qu'elle trouvait son tempérament fascinant. Elle pourrait rougir du compliment, elle préférait l'accepter pleinement pour ce qu'il était. Et le sentiment de fascination était partagé. A mesure que se déroulait le fil de leur conversation, Pandora trouvait Sunny de plus en plus intéressante. En fait, elle lui faisait penser à Xeno, par pas mal d'aspects. Elle ne serait pas étonnée du fait que les deux s'entendent particulièrement bien, même si elle ne s'était pas spécialement posé la question avant ce jour.

-J'aimerais beaucoup, oui, répondit Pandora avec un large sourire quand Sunny lui demanda si c'était ce qu'elle aimerait faire après ses ASPIC, créer de nouveaux sortilèges. Créer de nouveaux sortilèges, de nouvelles potions. Inventer, innover...

C'était un choix de carrière ambitieux et surtout qui risquait fort de ne pas lui rapporter grand-chose pour peu qu'elle tarde à inventer le sortilège, la potion qui ferait la différence. Mais c'était un risque que Pandora ne s'inquiétait pas de prendre. Dût-elle finir à la rue au bout du compte, elle préférait cette perspective à celle d'embrasser une carrière certes confortable, mais qui ne la rendrait pas pleinement heureuse. Pandora avait besoin de faire ce qu'elle aimait, c'était quelque chose de vital pour elle, et elle ne voyait pas pourquoi tant de gens estimaient improbables de conjuguer travail et passion. C'est sûr que s'ils n'essayaient pas, ils ne risquaient pas de réaliser que c'était possible. Certains en étaient au point même d'oublier de se passionner pour quoi que ce soit. C'était triste, au fond.

-Et toi ? Tu sais déjà ce que tu aimerais faire après Poudlard ?

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andora sourit franchement. Elle aussi avait hâte de découvrir où la mèneraient ses recherches et ses découvertes. Elle se doutait, bien évidemment, que ce ne serait pas facile, et elle ne s'attendait pas forcément à révolutionner le monde. Le simple fait de créer quelque chose de nouveau, qui n'avait jamais été fait avant, même si ça ne devait pas servir à grand-monde, eh bien ça lui conviendrait tout à fait, elle serait parfaitement capable d'y trouver son compte et de s'en satisfaire. Elle ne cherchait pas la renommée... c'était même une notion qui lui faisait un peu peur. Elle serait tout à fait capable de laisser un autre s'attribuer les mérites de ses propres travaux du moment qu'elle-même pouvait poursuivre ces mêmes travaux et était capable d'en vivre. En tous les cas, oui, succès ou non, réussite ou pas, seul l'avenir le lui apprendrait. En attendant, elle ne pouvait que se contenter de prendre les choses comme elles venaient. Et ça lui convenait tout à fait, en réalité. Ceci dit, si Sunny espérait compter des célébrités dans son entourage, Pandora estimait qu'il y avait à Poudlard des esprits bien plus brillants et remarquables que le sien, mais ça lui convenait tout à fait.

Sunny, elle, pour sa part, ne savait pas encore ce qu'elle voudrait faire après Poudlard. Pandora trouvait cela plutôt normal, pour tout dire. Elle avait toujours trouvé surprenant que l'on attende d'adolescents de leur si jeune âge d'avoir une vision ferme et définitive de leur avenir professionnel, d'un choix qui pourrait conditionner toute leur existence. Certains étaient chanceux, bien sûr, et savaient d'office ce qu'ils voulaient faire de leur vie, comme c'était le cas de Pandora. Mais bien souvent, à cet âge-là, on était idéaliste, ou futile, ou indifférent, et même les aspirations que l'on pensait avoir pouvaient se révéler bien superficielles avec le temps.

Pandora trouvait la réponse de son amie assez cynique, cela dit, un peu triste, en fait. Faire dépendre son avenir des attentes familiales des uns et des autres, ça lui semblait malheureux. Elle croyait dans le libre arbitre, elle n'aimait pas l'idée que l'on soit entièrement déterminé par son éducation ou son cadre familial. Mais au fond, Sunny avait certainement raison par certains aspects. On est toujours même involontairement, déterminé par le cadre dans lequel on évolue.

-J'en pense que je devrais t'en dissuader si tu le pensais vraiment, répondit Pandora en se hasardant à croire que Sunny n'était pas réellement sérieuse quand elle affirmait qu'elle deviendrait la "femme de", quand bien même elle avait raison concernant le fait qu'elle était très jolie, elle n'aurait sans doute aucune difficulté à faire un beau mariage si elle le décidait. Je trouverais ça dommage que tu te cantonnes à suivre la voie de tes parents juste par... conformisme ou facilité. Je pense que si on ne travaille pas en faisant ce qui nous passionne, autant ne pas travailler du tout - et autant épouser un type riche, oui.

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on, Pandora ne pensait pas que la passion durait toujours. Si c'était le cas, ce ne serait plus vraiment de la passion. Son intérêt résidait aussi dans son caractère éphémère et, dans certains cas et par certains aspects, dangereux. Elle estimait cependant que c'était sombrer dans un écueil certain que de croire qu'une vraie relation amoureuse se fondait uniquement sur la passion, et que c'était la seule chose qui la distinguait d'un mariage d'intérêt. D'autres sentiments, d'autres variables, bien plus importantes entraient en ligne de compte : la complicité, la compatibilité, la confiance, le soutien mutuel, la tolérance... Toutes ces variables n'avaient pas grand-chose à voir avec de la passion, en fin de compte. Et d'ailleurs, Pandora estimait très bien que l'on pouvait aimer sans passion, on aimait sans doute mieux dans ces conditions-là. Même si cette flamme toute particulière, la bleue et bronze était de ceux qui ne pourraient s'empêcher de la rechercher, même si ce n'était pas forcément le choix le plus malin.

Elle aimait beaucoup l'adage de l'oncle de Sunny, Pandora y trouvait une sagesse certaine, et une illustration qu'il n'était pas difficile d'imputer à chacun sans entrer dans les excès ou verser dans les exceptions. L'on aurait donc le choix d'exister sans vivre ou de vivre sans exister, à peu de choses près. Au fond, c'était un grand débat philosophique que celui-là, et Pandora avait toujours aimé la philosophie. Cependant, même si elle pouvait être d'accord sur le constat initial, elle sentait bien que, dans ce qu'elle déciderait d'en faire, elle ne serait pas forcément en train de rejoindre l'avis de la jeune femme. Même si Pandora n'était pas totalement réfractaire à la pensée de Sunny. Oui, pourquoi s'obstiner dans une chose qui nous rendait malheureuse ? Et il en était sans doute de même du mariage... même si les parents de Pandora lui avaient communiqué une vision de mariage durable et heureux qui ne lui permettait pas réellement de douter que parfois, peut-être pas toujours mais parfois, rester avec la même personne toute votre vie peut vous rentre éternellement heureux.

-Ça ne m'intéresse pas, d'obtenir quoi que ce soit grâce à mon visage symétrique, répondit Pandora dans un haussement d'épaules.

Sans être narcissique, Pandora n'était pas non plus complexée, elle savait objectivement être plutôt jolie physiquement, même si elle était trop souvent bien trop peu soignée pour que cela se remarque outre mesure pour le reste.

-Je comprends ce que tu veux dire, mais je crois préfère me consumer plutôt que de ne pas être une flamme du tout. J'aurais l'impression de vivre à moitié, sinon.

Et c'était ce qu'elle ferait. Au sens strict du terme. C'était ce qui finirait par la perdre. Elle atteindrait les limites de sa passion, et c'est cette passion qui la tuerait.

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andora préféra ne pas s'attarder sur les considérations purement superficielles (au sens où elles n'avaient trait qu'à l'apparence) invoquées par son interlocutrice. Elle aimait débattre de ce qui lui tenait à coeur, et ça ne la dérangeait pas de trouver des détracteurs sur son chemin. Elle aimait confronter son opinion à celle des autres, se voir donner tort ou raison, mais pour que cela la stimule un minimum, il fallait que le sujet l'intéresse un tant soit peu, et le fait est qu'elle ne trouvait qu'un bien mince attrait à ce sujet spécifique. Visage harmonieux et symétrique ou non, il était dit et acté qu'elle n'en ferait rien, alors autant ne pas s'épancher là-dessus plus longtemps.

Quant au sujet suivant, elle voulait bien reconnaître en revanche qu'il était plus favorable à toutes sortes de débat, et elle n'estimait pas qu'il y ait de bonne ou de mauvaise réponse en la matière, et d'ailleurs, quand elle considérait pour sa part préférer brûler la chandelle par les deux bouts plutôt que de la laisser se consumer très doucement, elle n'irait pas en faire un conseil qu'elle demanderait à tous d'appliquer. D'ailleurs, si tout le monde décidait d'agir de la sorte, la société imploserait, certainement. Il ne s'agissait pas d'être trop jeune ou trop cynique, non. Le propos de Sunny était d'ailleurs certainement plus sage que celui de Pandora. Mais Pandora n'avait pas choisi de parler avec sagesse, seulement avec le coeur, avec ce qu'elle ressentait profondément et ce qu'elle estimait être ses aspirations. Clairement, elle aurait tout intérêt à écouter les précieux conseils de Sunny, ils lui garantiraient une vie plus longue que celle qui l'attendait réellement, mais à l'heure où elle prononçait ces mots, elle estimait que sa vie ne dépendait que d'elle-même, quand bien même c'était certainement assez égoïste de voir les choses de cette manière.

-Je ne suis pas sûre que la manière dont je dépense mon temps et mon énergie soit si désintéressée que ça, répondit Pandora qui n'avait pas du tout l'impression de passer pour quelqu'un d'altruiste à l'heure où elle affirmait préférait se consumer au nom de sa passion, quitte à négliger tout le reste.

Pourtant, non, elle était bien loin d'être un monstre d'égocentrisme. Elle était à l'écoute, généreuse, toujours prête à tendre la main à ceux qui semblaient en avoir besoin... mais elle n'était pas certaine pour autant que son comportement et surtout son argumentaire doivent la faire passer pour altruiste. Au moins en avait-elle conscience, disons.

-Et je ne suis sûre de rien du tout, je me contente de te dire ce que je pense sur le moment. Elle considéra Sunny de ses grands yeux globuleux. Quant à toi, je ne te trouve pas cynique du tout, contrairement à ce que tu prétends.

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