Damoclès en avait marre. Cette semaine ne passait pas. On était seulement mardi, et il avait vraiment l'impression que la fin de la semaine n'arriverait jamais. Les cours n'avaient pas repris depuis si longtemps, mais il n'en pouvait déjà plus, ses profs lui tapaient sur le système, les cours lui tapaient sur le système...
En plus, ils n'avaient tous que la même chose en tête. Son esprit peu attentif avait tendance à résumer les choses de cette façon : Bla bla bla... BUSE... Bla bla ... BUSE... Bla... Bla... Rien de plus stimulant que de vous rappeler qu'on vous envoie à l'abattoir en fin d'année. Le monde n'allait pas s'écrouler s'il ne réussissait pas ses examens, mais il en entendrait parler, c'est sûr... Ses parents étaient sur le qui-vive, dans l'attente du moment de lui faire une première réflexion sur ses résultats déplorables ou son fichu caractère qui lui attirait les remarques de ses profs. Au moins, c'était pas encore arrivé.
Il avait un milliard (il exagérait à peine) de devoirs à faire. Et il avait pas la moindre envie de s'y mettre. Alors du coup, comme ça faisait une semaine qu'il avait pas envie de s'y mettre, les devoirs s'étaient encore accumulés (logique)... ce qui faisait qu'il avait encore moins envie de s'y mettre. Un bon gros cercle vicieux, donc. Y avait pas meilleure manière de le décrire. Ajoutez à ça que Damoclès était le plus grand procrastinateur de cette planète, vous comprendrez que ce soir, comme tous les autres soirs, Damoclès n'allait pas lever le petit doigt. Il avait la flemme, il était blasé. Il avait envie de s'amuser un peu.
Il avait fait un détour par son dortoir pour y chercher un paquet de cartes explosives qu'il avait acheté durant l'été (créateur de lien social depuis le Moyen Âge). De retour dans la salle commune, il cherchait un "partenaire de crime"... Tout le monde avait l'air beaucoup trop sérieux, à bosser comme ça devrait pas être autorisé. Mais il y avait l'air d'y avoir une exception. Tout naturellement, Damoclès choisit de rejoindre Sirius, et lui adressa un sourire tout en venant s'installer à ses côtés. "Une bataille explosive ?" proposa-t-il en agitant le paquet de cartes sous son nez en guise de salutation.
En plus, ça leur donnerait l'occasion de bavarder, ça faisait un moment que ce n'était pas arrivé.
La salle commune des rouges et or était sacrément studieuse. L’année venait à peine de commencer, les élèves avaient peut-être encore suffisamment de motivation pour ne pas avoir juste baissé les bras concernant leurs devoirs. Ou alors, ils avaient trop la pression à cause des examens qui allaient arriver en fin d’année. Sirius était tranquille cette année, parce qu’il avait passé ses BUSEs l’année dernière et qu’il avait encore un an (deux en comptant l’année 7) avant de devoir passer ses ASPICs. Cela dit, ce n’était pas non plus comme si Sirius se prenait spécialement la tête avec ses examens non plus, qu’il soit en année de BUSE ou d’ASPIC, ça ne voulait pas dire qu’il allait prendre la peine de travailler plus.
Parce qu’évidemment, le jeune homme n’était absolument pas en train de travailler pour l’heure, même s’il se trouvait dans la salle commune en compagnie d’une flopée d’élève qui semblait encore motivé à le faire. Il se contentait pour sa part de lire un bouquin, un truc qui n’était pas entièrement passionnant mais qui lui permettait de passer le temps quand il n’avait rien d’autre à faire. Parce que ses amis étaient occupés par exemple, parce qu’il n’avait pas spécialement envie de passer du temps en compagnie d’une jeune fille. Ça convenait parfaitement bien. Pour le moment… parce qu’on ne tarda pas à venir lui proposer une activité bien plus amusante.
« Avec grand plaisir Belby ! » Répondit-il à la proposition de Damoclès, quand ce dernier s’approcha de lui en agitant un jeu de bataille explosive devant lui. Damoclès était le genre de Gryffondor que Sirius appréciait, parce qu’ils se ressemblaient sur de nombreux points. Oh, pas sur tout quand même, mais en même temps il n’y avait personne pour ressembler à cent pour cent à Sirius Black. Il ne disait donc jamais non à une bataille explosive, surtout quand c’était en bonne compagnie. « Alors, t’as passé un bon été ? » Demanda-t-il parce qu’ils n’avaient aucune raison de ne pas discuter.
Tant qu’à faire, Sirius avait bien envie de prendre la peine de discuter avec son ami, prendre de ses nouvelles, plaisanter un peu. Damoclès n’avait rien à voir avec les autres maraudeurs, mais ça ne voulait pas dire que Sirius n’appréciait pas sa compagnie. En même temps, Sirius avait un naturel assez sociable, il s’entendait bien avec beaucoup de personne. Il s’entendait mal avec beaucoup d’autres aussi, mais ça c’était anecdotique. C’était simplement parce que ces personnes là n’en valaient pas la peine, tout simplement.
Damoclès sourit, vraiment heureux que Sirius ait un peu de temps devant lui. Ils n'étaient pas les meilleurs amis, mais ils étaient de très bons amis, tous les deux, et le rouge et or aimait toutes les occasions qu'ils pouvaient avoir de passer du temps ensemble. Surtout qu'avec les deux mois de vacances d'été, ils avaient un peu de retard à rattraper, donc ça ne leur ferait évidemment pas de mal de se rattraper un peu. Il laissa donc Sirius s'installer à ses côtés, et lui sépara les cartes afin d'engager la partie.
Dans ces moments-là, il ne regrettait définitivement plus d'avoit atterri chez les Gryffondors, malgré son complexe d'infériorité concernant son frère et sa famille qui aurait voulu qu'il se retrouve à Serdaigle aussi. Ce n'est pas chez les bleu et bronze qu'il pourrait passer ce moment, il devrait sans doute se retrouver à une table à bûcher ses devoirs, et clairement passer un mauvais moment. Merci, mais non merci. Il préférait largement parler de ses vacances avec un ami. Même si ses vacances n'étaient pas fascinantes, malgré tout. Il se disait que celles de Sirius avaient dû être mouvementées s'il se fiait à ce qu'il avait dû entendre. "Ouais, plutôt tranquilles", répondit-il avec le sourire. "J'aurais bien aimé partir, mais nos parents ont bossé pendant les deux mois d'été... mais pendant ce temps-là, ils nous laissaient tranquilles, donc c'était pas mal, au fond." Il n'avait pas fait grand-chose, il avait revu ses amis d'enfance, il avait bouquiné des bandes dessinées, il s'était promené dans les rues de son village natal, bref, il avait repris sa routine de vacances. "Et toi ? C'est vrai ce que j'ai entendu ? T'as déménagé chez James ?"
Il ne pensait pas qu'il ait mal interprété les bruits de couloir, et c'était quelque chose qui faisait beaucoup de sens quand on connaissait un peu l'histoire de famille de Sirius et la forte amitié qu'il avait avec James. Donc c'était une bonne nouvelle. Et il espérait qu'il avait bien compris la situation et qu'il y avait en effet de quoi s'en réjouir. Il pensait bien que oui, surtout que Sirius lui donnait l'impression d'être vraiment de très bonne humeur. Mais dans le fond, on ne sait jamais vraiment.
Les cartes distribuées par Damoclès, ils purent commencer leur partie de bataille explosive tout en parlant de leurs étés respectifs. Belby lui apprit qu’il avait passé un été plutôt tranquille, qu’il aurait bien aimé partir, voyager comme faisait beaucoup de personne, mais puisque ses parents avaient travaillé pendant les deux mois des vacances, ils ne l’avaient pas fait. Mais au moins, il ne les avait pas eus sur son dos. Pour le coup, Sirius ne pouvait que considérer que c’était une bonne chose de ne pas avoir ses parents sur le dos, même quand on s’entendait bien avec eux. C’était quelque chose de compliqué chez les Black, Sirius avait constamment ses parents sur son dos. Peut-être pas ses deux parents en réalité, mais sa folle de mère était tout le temps sur son dos. Sauf cette année donc.
Sirius afficha un grand sourire quand Damoclès lui demanda confirmation sur ce qu’il avait entendu, sur le fait qu’il avait déménagé chez James. En soit, quand Sirius avait décidé de s’en aller de chez les Black, il avait su que son départ allait se répandre comme une trainée de poudre. Et depuis son retour à Poudlard, il savait que beaucoup d’élève parlait de ça maintenant qu’ils étaient au courant. En même temps, ce n’était pas rien quand même un Black qui décidait de s’enfuir de chez ses parents. Ça lui allait, Sirius avait toujours aimé être au centre de l’attention, alors qu’on parle de lui c’était plaisant. Même si une grande partie de élèves – surtout en bas du château, dans les cachots – devaient cracher sur ce qu’il avait décidé de faire. Même les mauvaises paroles comptaient, quand on était au centre de la conversation.
« C’est bien vrai ! » Répondit-il en posant une nouvelle carte sur la table. « J’en avais marre de mes parents, de ma famille de dégénérée. Alors je suis partie. Heureusement que les parents de James ont accepté de m’héberger, sinon j’aurais moins rigolé je pense. » En même temps, Sirius savait bien que s’il n’avait pas pu compter sur les Potter, il n’aurait peut-être pas pris aussi vivement la décision de s’en aller. « Comment dire… j’ai passé le meilleur été de ma vie ! » Il avait le sentiment que ça faisait déjà mille fois qu’il disait cette phrase, mais en même temps il était sincère. Il avait réellement passé le meilleur été de sa vie. « Ma mère m’a même brûlé de la tapisserie familiale du salon, je suis officiellement renié de ma famille. » Ajouta-t-il avec le sourire.
Parce qu’il n’allait pas pleurer à cette action. Il avait décidé de s’en aller, parce qu’il ne supportait plus cette famille, ce n’était pas pour changer d’avis ensuite. À moins que Walburga Black change complètement, il n’avait pas l’intention de revenir en arrière. Sauf que Walburga Black ne changera jamais, c’était impensable. En un sens ce n’était pas de sa faute, l’éducation des Black remontait à de nombreuses générations, mais il était temps de changer beaucoup de chose.
Sirius n’avait même pas besoin de lui répondre pour que Damoclès ait la confirmation de ce qu’il avait entendu. Il était rayonnant, et ça voulait tout dire. Sirius, c’était pas le genre dépressif, mais quand il parlait de sa famille et des vacances qu’il passait chez eux, il ne fallait pas être devin pour comprendre qu’il vivait l’enfer auprès des Black. Logique, cette famille était connue pour engendrer de vrais dégénérés, c’était incroyable que Sirius s’en soit sorti dans ces circonstances. Il suffisait de jeter un œil à Regulus pour savoir ce que Sirius aurait très bien pu devenir. Et c’était pas beau à voir, honnêtement. Il préférait largement voir Sirius comme ça, surtout que tout avait l’air d’aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, pour lui.
Il avait donc passé l’été chez son meilleur ami, et ça avait été le meilleur été de sa vie. Damoclès le croyait sans aucun problème. Il ne fallait sûrement pas grand-chose pour que, dans tous les cas, son été soit meilleur que celui qu’il passait chez les Black. Mais en plus, c’était bien connu que James et Sirius s’entendaient comme des frères (même si, entre Sirius et Jaeden, Damoclès se demandait parfois si ce n’était pas une légende, ces histoires de frères qui seraient comme les dix doigts de la main. Il n’en avait jamais eu la preuve. Enfin, l’essentiel, c’est que Sirius avait passé le meilleur été qu’on puisse imaginer, et Damoclès était vraiment heureux pour lui. Il se réjouissait toujours du bonheur de ses proches.
C’était avec décontraction que Sirius parlait du fait qu’il avait été renié par sa famille. S’il en souffrait, même un peu, il n’en donnait pas l’impression, pas même une seule seconde. Damoclès hésitait à poser la question directement, mais il ne voulait pas jeter un froid ou un malaise, surtout si, en réalité, tout devait aller bien dans le meilleur des mondes pour lui. Si quelque chose le taraudait, si quelque chose lui faisait du mal, il ne pensait pas être le mieux pour recueillir ses états d’âme. Eux, ils s’entendaient surtout pour déconner, et donc, c’est avec cet angle que le rouge et or décida de répondre plutôt que de sombrer dans le sentimentalisme de bas étage.
"Le véritable crime, dans tout ça, c’est pas qu’on t’ait viré de cette tapisserie, c’est qu’elle existe pour commencer. J’ose même pas imaginer à quel point ça doit être immonde, comme déco," plaisanta-t-il.
Mais en le pensant quand même. Il en avait entendu parler, de cette tapisserie familiale, et ça avait l’air d’être la chose la plus ignoble qui ait jamais été créée.
Sirius n’avait aucun souci à parler du fait qu’il avait été renié par ses parents, parce que clairement ce n’était pas quelque chose qui le dérangeait. Bon forcément, le jeune homme devait bien avouer qu’il aurait quand même aimé ne pas en arriver là non plus, il aurait bien aimé que sa famille change pour être bien meilleure que celle qu’elle était maintenant… ce qui n’arriverait donc jamais, c’était impossible. Sirius ne regrettait pas vraiment sa famille, même s’il aimerait convaincre son frère de les abandonner à son tour, il savait bien que les Black étaient tout bonnement taré et ses parents l’étaient sacrément.
Damocles marqua clairement un point quand il affirma que le crime en soit n’était pas qu’il soit renié et donc enlevé de cette tapisserie, mais que celle-ci existe de prime abord. Le jeune homme ne se retint pas de rire en entendant les mots de son ami. Clairement, il était vraiment d’accord avec les mots de son ami, il trouvait cette tapisserie tout bonnement immonde aussi. Alors, franchement, il ne pouvait qu’être d’accord avec Damocles sur ce point.
« Ça je ne te le fais pas dire. C’est vraiment dégueulasse, en plus c’est bien visible tu vois, on ne risque pas de passer à côté de ça. » Mais c’était aussi en grande partie parce que sa famille était particulièrement fière de la tapisserie. Elle datait de très longtemps, pour prouver que les Black étaient toujours purs et que ceux qui ne restaient pas purs… eh bien, ils ne faisaient plus parti de la lignée. « J’étais beaucoup trop bien pour rester sur ce truc de toute façon ! »
Bon, il faisait le fier, mais ça lui avait fait quelque chose en réalité quand il avait appris que sa mère de rage avait effacé son nom de la tapisserie. Non pas que ça le pousse à changer d’avis dans tous les cas, il était évident qu’il ne pouvait pas rester chez ses parents, qu’il était temps qu’il prenne son envole et il ne regrettait en aucun cas sa décision. Mais ça n’enlevait pas le fait que ça lui faisait quelque chose quand même. C’était particulièrement concret après tout. Sirius n’avait pas eu l’intention de reculer, bien sûr, mais forcément en l’état c’était tout simplement impossible. En soit c’était comme si sa mère le poussait à bel et bien renier complètement sa famille, pour une fois qu’ils s’entendaient sur quelque chose.
« Mais bon… j’avoue que c’est parce que je savais que je pouvais compter sur les parents de James que j’ai eu le courage de m’en aller. »
Il faisait le fier, le beau, le sur de lui, mais n’empêche que c’était quand même quelque chose d’assez impressionnant comme décision. Le jeune homme n’avait pas fait tant que ça le fier en vérité, dans les faits. Il avait eu de la chance de pouvoir compter sur son meilleur ami, sinon il serait sans doute encore chez les Black.
Sirius avait beau parler de cette tapisserie comme si ça ne lui faisait rien d'en avoir été dégagé, Damoclès devinait que dans le fond, son ami n'était pas si indifférent que ça. C'était pas le genre de la maison de se plaindre ou de ressasser le passé, mais quand même, quand on y réfléchissait bien, c'était un acte symbolique sacrément fort, et qui n'avait définitivement rien d'anodin. On l'avait très concrètement éjecté de la famille, rien que ça, et même s'il ne voulait pas en faire partie, il avait grandi avec, ça faisait partie de lui, et il pouvait bien être renié, il ne pouvait pas complètement renier d'où il venait. Il était important, même, qu'il ne le renie pas. C'était quelque chose qui faisait forcément partie de lui. C'était normal, c'était logique.
Sirius se la jouait, et il y en avait pour ne voir que ça chez lui, c'est pour ça qu'il en agaçait certains et qu'il plaisait tant à certaines dans la foulée, mais quand on creusait un peu, on découvrait que Sirius avait ses insécurités, comme tout le monde. Et Damoclès, lui, appréciait de faire partie de ces amis avec lesquels il se sentait suffisamment en confiance pour admettre ses faiblesses.
Comme le fait qu'il n'aurait sans doute pas passé le cap et n'aurait pas osé fuguer s'il n'avait pas su qu'il serait accueilli à bras ouverts par les Potter. C'est sûr, c'était aussi un concours de circonstances et une affaire de chance. Mais Damoclès n'était pas du même avis que Sirius. Les circonstances lui avaient peut-être un peu facilité la tâche, d'accord, mais il n'y avait pas que ça malgré tout.
"Moi j'en suis pas si sûr. Je pense que tu te serais barré dans tous les cas, quitte à être à la rue et pas savoir où aller."
Il ne pouvait pas parler à la place de Sirius, mais c'était bien ce qu'il s'imaginait malgré tout. Parce que Sirius avait du cran, il était courageux, et aussi, il avait atteint un point de saturation, avec sa famille, un point de non-retour. Il fallait qu'il parte, c'était presque une question de vie ou de mort, à ce stade.
"Il sont comment, les vieux de James ? ça ressemble à quoi chez les Potter ?"
Les questions étaient indiscrètes, mais c'était une manière de parler de son été, également.
Damocles affirma qu’il l’aurait fait dans tous les cas, qu’il serait parti de chez ses parents même s’il n’avait pas eu la possibilité d’avoir un endroit où vivre. Sirius n’était pas si sûr que cela, parce que le fait de savoir que les parents de James allaient l’accueillir à bras ouvert, ça lui avait donné le courage de s’en aller, de claquer la porte à ses parents et de les envoyer balader. Mais en même temps, Damocles avait sans doute un peu raison quand même, il y avait eu un moment où le point de rupture avait clairement été atteint. Le jeune homme ne s’imaginait très clairement pas son été avec ses parents, surtout avec ces moments parfaits qu’il avait vécu pendant tout l’été chez James. Quand bien même, forcément, ce n’était pas rien d’être complètement renié par sa famille. Il n’avait plus aucune envie d’avoir quoi que ce soit à faire avec cette famille de taré, mais ça n’enlevait pas le fait que c’était sa famille… qu’il avait grandit avec eux pendant toutes ces années. Enfin… bref.
En un sens, c’était agréable pour Sirius de se dire que son ami le voyait comme ça, qu’il considérait qu’avec ou sans les parents de James, il aurait quand même décidé de s’en sortir. Il avait pris sa vie en main et c’était tout ce qui comptait. Et se dire que Damocles croyait en lui finalement, ce n’était pas rien.
« Franchement, je crois que c’est les meilleurs parents du monde. » Répondit-il en ayant parfaitement conscience qu’il n’était pas forcément objectif dans ce qu’il disait, mais on ne lui demandait pas non plus d’être objectif. Il se contentait simplement de dire ce qu’il avait à dire, de dire ce qu’il ressentait vis-à-vis des parents de son meilleur ami. « La mère de James, c’est une vraie mère. Du genre à faire des gâteaux et des bons petits plats. Il y a un truc chez eux, je sais pas trop comment le décrire… ils ressemblent à… une famille en fait. » Dit-il en levant les épaules. Ça pouvait sembler idiot ce qu’il disait, mais l’ambiance qu’il y avait chez les Potter n’était en aucun cas la même que celle qu’il y avait chez les Black. Ils étaient une famille, ils s’aimaient comme une famille. Alors, forcément James n’était pas toujours un enfant de cœur et il avait dû se faire engueuler plein de fois, mais au moins il avait des parents normaux qui tenaient vraiment à lui. « Leur maison est chaleureuse, tu vois. Vivante. Et il n’y a pas d’horrible elfe de maison pour venir te casser les pieds à longueur de temps. »
En gros, Sirius décrivait vraiment le paradis sur Terre, mais c’était surtout son paradis à lui. C’était difficile de faire autrement quand on avait le sentiment d’avoir passé le meilleur été de sa vie. La présence de James y contribuait forcément beaucoup aussi, il n’allait pas se le cacher.
Correction : les parents de James ne pouvaient pas être les meilleurs parents du monde puisque les meilleurs parents du monde étaient, bien évidemment et avec la plus pure objectivité, ceux de Damoclès. Mais bien sûr, il ne se permettrait pas de brimer l'enthousiasme de son interlocuteur, surtout qu'il était ravi que les choses se soient aussi bien passé pour lui. Après toutes ces années à vivre l'enfer auprès des Black et de leurs exigences stupides de sangs purs, il avait enfin pu profiter d'un équilibre, et de ce quotidien familial tout simple qu'on voudrait à la portée de tous mais auquel beaucoup n'avaient en fait pas droit. Sirius était l'exemple à suivre, même si c'était souvent plus facile à dire : la preuve qu'il fallait se battre et s'obstiner pour obtenir ce qu'on voulait, au mépris de tous les risques, pour être enfin heureux, pour obtenir le bonheur auquel tout un chacun devrait avoir naturellement droit.
Une maman attentionnée qui était en plus un cordon bleu, une reine des fourneaux, il voulait bien croire qu'il avait pas été habitué à ça. De manière générale, la famille de Sirius était infernal (il suffisait de passer plus de deux secondes avec Regulus pour le comprendre), mais celle qui avait l'air de détenir la palme de l'insupportable, c'était vraiment la mère de la famille. Combien d'anecdotes son ami avait pu lui raconter, toutes plus alarmantes les unes que les autres ? Il fallait pas grand-chose, sûrement, pour que Sirius ait le sentiment de goûter à ce qu'était une vraie famille, même s'il en avait certainement eu un avant-goût avec ses meilleurs amis. C'était un peu triste de devoir se réfugier auprès des autres pour comprendre ce qu'amour familial signifie, mais rien ne vaut la famille que l'on se choisit, après tout.
"Pauvre de toi, tu avais des serviteurs prêts à répondre à tes requêtes au moindre claquement de doigts, c'est vraiment terrible", plaisanta Damoclès quand Sirius ajouta qu'il n'y avait plus non plus d'elfes de maison pour venir l'emmerder. Pour lui, c'était un peu comme si on allait se plaindre du fait que la femme de ménage faisait trop de bruit en passant l'aspirateur. Mais il le disait sans malveillance, ceci dit. Il savait que Sirius avait de très bonnes raisons de se plaindre. Il avait grandi au sein d'une caste dite privilégiée, mais ça ne voulait pas dire que lui-même l'avait vraiment été, privilégié. "Blague à part, je suis vraiment content pour toi. J'espère que t'auras pas de retombées de la part de ta famille à cause de ça, juste."
« Ça se voit que tu n’as jamais eu un Kreattur insupportable en première vision après ton réveil le matin ! » S’exclama Sirius, après les propos moqueurs de Damoclès.
Sirius ne prenait pas du tout mal les propos de son interlocuteur sur le fait qu’il avait eu la « chance » d’avoir des serviteurs prêts à répondre à ses moindres requêtes, c’était clairement de bonne guerre. Forcément, quand on pensait au fait que les Black avaient la possibilité d’avoir des serviteurs dévoués, ça pouvait sembler honteux de se plaindre. Mais encore une fois, il fallait voir l’elfe de maison adoré de sa mère pour comprendre que ce n’était vraiment pas une partie de plaisir, et la créature était vraiment désagréable. Alors, peut-être que c’était aussi parce que Sirius n’était pas aussi « bien » que Regulus, mais il n’en avait que faire. Il préférait largement vivre dans un endroit où il n’y avait pas de serviteur que de s’enticher de la présence de Kreattur à longueur de temps.
En tout cas, Damoclès plaisantait bien sûr, et c’était en soit une bonne chose de pouvoir plaisanter tranquillement concernant la famille Black. Sirius n’avait pas spécialement pris la peine de se retenir avant de dire ce qu’il avait envie de dire de ses parents, surtout de sa mère, on ne pouvait pas vraiment dire qu’il ait été tendre. Mais là, en prime, il était vraiment libre de faire tout ce qu’il voulait faire.
« J’ai appris de source sûre que ma mère a méchamment brûlé la tapisserie familiale à l’endroit où mon nom se trouvait. » Dit-il en haussant les épaules, sourire aux lèvres. Bon, il parlait de ça légèrement, mais au fond il devait bien avouer que ça lui avait fait quelque chose de l’apprendre quand même, même si ce n’était guère étonnant. C’était comme ça que les traitres à leur sang étaient traités dans la famille Black, ils étaient gentiment brûlés pour qu’on nie pleinement leur existence. « Je ne pense pas que j’aurais des retombés. » Reprit-il un peu plus sérieusement, histoire de rassurer quand même son ami. « Je ne fais officiellement plus parti de cette famille, ils vont gentiment m’ignorer. Je vais en faire de même et tout le monde sera content. »
Sirius se sentait bien mieux depuis qu’il avait claqué la porte du 12, square Grimmaurd. Il se sentait enfin libre, il avait le sentiment de pouvoir réellement prendre sa vie en main et pouvoir faire ce qu’il voulait. Il avait littéralement passé le meilleur été de sa vie. Et en même temps… ce n’était pas non plus si évident de tourner la page sur tout. Sirius n’avait clairement pas l’intention de se l’avouer, mais il avait potentiellement, hypothétiquement, quelques regrets. Cependant, ce qui devait être fait avait été fait. Le jeune homme ne se retrouvait en aucun cas dans les valeurs de ce nom qu’il portait, il était incapable de les porter, alors autant prendre sa propre route qui sera assurément belle et merveilleuse (si seulement).
Accueil 
