C'est toi le joncheruine ! [pv Xeno :3]

M

ary était typiquement le genre de personne à fuir la bibliothèque comme la peste. Tout dans cet endroit lui donnait envie de le fuir le plus vite possible, et sans demander son reste, très clairement. Pour cause, elle ne supportait pas l'atmosphère des lieux. Pas le droit de parler, l'ennui le plus mortel possible au rendez-vous, une vieille odeur de bouquins moisis... Rien de pire, quoi ! Non, vraiment, si Mary se trouvait là, il fallait vraiment qu'on l'y ait obligée. Et c'était un peu le cas.

Elle avait un devoir de métamorphose à rendre pour le lendemain (ça faisait une semaine qu'elle devait s'y mettre mais bizarrement, elle n'avait pas été pressée de se mettre à l'ouvrage... elle était du genre procrastinatrice, à tout dfaire à la dernière minute). Et le bouquin dont elle avait impérativement besoin si elle voulait escompter un résultat relativement correct n'était pas disponible à l'emprunt, il fallait le consulter sur place ou oublier. Fais chier, c'est sûr... mais pas le choix, malheureusement. Pas le choix, donc, et la rouge et or faisait avec. Elle était franchement emmerdée par la corvée qu'il lui fallait s'infliger. Mais elle comptait bien s'en débarrasser le plus vite possible quoi qu'il en soit.

Le gros volume de métamorphose sous le bras (qui suintait la poussière, à croire qu'elle était la seule à s'être risquée à le consulter... elle allait finir par se demander si elle n'était pas en train de faire un hors-sujet total), elle se dirigea vers les tables d'étude. Pas de chance, elles étaient toutes occupées à l'heure qu'il était. C'était quoi leur problème à tous. Ils s'étaient tout à coup rendu compte tout à coup qu'ils étaient supposés travailler ? En tout cas, il n'y avait plus qu'une seule place disponible. Face à un blondinet que Mary connaissait un peu trop bien.

En soi, la rouge et or n'avait rien contre Xenophilius, même elle l'appréciait assez. C'était un original, un excentrique, mais ça ne dérangeait pas du tout la jeune fille, qui préférait les personnalités originales et colorées à n'importe quelle autre. Sauf que le gars avait tendance à se montrer un peu trop... impliqué quand il venait dire ses absurdités. Elle trouvait ça marrant, quand il parlait de ronflaks, de grenouilles lunaires, ce genre de trucs. Vraiment, et elle écoutait sans rien dire. Mais quand il commençait à lui dire qu'elle avait l'esprit embrouillé par des joncheruines... là, ça passait un peu plus mal, en l'occurrence. Et même, ça passait vraiment très mal. Ils s'étaient joyeusement pris la tête, avec tout ça. Et par la suite, ils ne s'étaient presque plus parlés. Mais bon, c'était la seule place disponible... alors.

-Je peux m'installer ici ? demanda-t-elle à contrecoeur.

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M

ary avait toujours eu du mal à décrypter le comportement de Xenophilius Lovegood. Elle savait pertinemment qu'il agissait et pensait en marge de la plupart des autres, elle y compris, et qu'il ne fallait par conséquent pas se formaliser de certaines de ses attitudes, car il agissait parfois à l'encontre des conventions sociales sans penser à mal ou faire preuve de malveillance. Avant, elle avait une certaine facilité à passer outre ses excentricités et réussissait même à s'en amuser, depuis leur brouille, ce n'était plus du tout la même chose. En sa présence, elle avait le constant sentiment de marcher sur des oeufs, et ce n'était absolument pas agréable. A chaque fois, elle avait l'impression de manquer quelque chose, ou bien que Xeno jouait à un jeu plus vicieux que ce que les apparences laissaient présumer.

Elle ne savait pas, par exemple, comment interpréter précisément sa réponse quand il lui répliqua que rien ne lui interdisait de s'installer à sa table après avoir jeté un regard circulaire alentours. De sa part, ça pouvait simplement être un constat : en effet, rien ne lui interdisait d'être là, elle faisait ce qu'elle voulait. Mais la rouge et or ne réussissait pas à s'empêcher de discerner dans ces propos une pique potentielle. Mary était du genre susceptible, il ne lui fallait pas grand-chose pour prendre une remarque personnellement. Et forcément, là, c'était tentant de supposer qu'il cherchait juste à lui faire comprendre qu'elle n'était pas la bienvenue. D'autant plus que le fait qu'il ne daigne même pas lever le regard de ses notes pour lui parler n'arrangeait rien à l'affaire. Mais forcément, il était très probable qu'elle se monte le bourrichon pour absolument rien.

Dans tous les cas, on en revenait au même point, il n'y avait de toute façon pas d'autre place libre, alors malgré sa réticence, elle s'installa. Et elle le regretta presqu'aussitôt en entendant la question de Xeno. Il ne lui demanda pas comment elle allait. Il lui demanda si elle allait mieux. Elle pourrait le prendre comme une question maladroite, relative à la mort de son père, mais elle ne pensait pas qu'il s'agisse de ça, plutôt de cette histoire stupide de joncheruines. Non mais... est-ce qu'il allait lui lâcher la grappe avec ça ?

-J'ai toujours été parfaitement bien, répliqua-t-elle assez sèchement.

Ce qui était faux, car en vérité, Mary était en souffrance, plus qu'elle ne daignait le montrer, mais ce n'était certainement pas au bleu et bronze qu'elle en ferait la confidence, surtout si c'était pour s'entendre dire qu'une foultitude de créatures minuscules lui rongeaient tranquillement le cerveau. Merci, mais très peu pour elle.

-Et je n'ai jamais rien eu dans la tête, ajouta-t-elle aussitôt.

Bon, la formulation maladroite admettait qu'il lui manquait quelques neurones, mais passons.

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I

l n’y avait pas pire réponse aux yeux de Mary qu’un « si tu le dis ». Pour elle, c’était une non-réponse, qui devait bien vouloir dire « cause toujours » ou quelque chose du même acabit, et c’était quelque chose qui lui déplaisait profondément. Dans le fond, elle savait que Xenophilius ne pensait pas à mal, que c’était juste sa manière de faire et de s’exprimer, et qu’en prendre ombrage n’était pas la bonne solution. Mais son seuil de tolérance avait été dépassé depuis un moment déjà, il faut bien le reconnaître, quand il était question du bleu et bronze, si bien qu’elle ne lui laissait presque rien passer en fin de compte. Malgré tout, elle choisit de se taire plutôt que de s’emporter. Son caractère pouvait être explosif, parfois, mais elle savait tout de même se contenir quand la situation l’exigeait, ou simplement quand elle n’avait pas envie de prendre la tête avec Xeno. En vérité, avec quelqu’un comme son interlocuteur, ça ne servirait à absolument rien. Elle savait que non seulement l’objet de son emportement ne réagirait pas, mais qu’en plus, elle finirait plus frustrée qu’autre chose au bout du compte, et elle n’en avait pas la moindre envie.

Elle le laissa donc parler, et dut reconnaître être surprise quand le jeune homme lui dit que si elle avait envie de parler, il était prêt à lui accorder une oreille attentive. Elle ne s’y était pas attendue, à celle-là. Pas qu’elle s’imagine que le jeune homme ne soit pas capable de faire preuve de considération, mais disons que la situation faisait qu’ils étaient loin de s’entendre parfaitement, et que Mary se voyait bien mal attribuer au bleu et bronze le rôle de confident, même en faisant beaucoup d’efforts pour cela.

-Si j’avais besoin de parler, Lovegood, je choisirais n’importe qui à part toi pour le faire.

Elle fut tentée d’ajouter un « le prends pas mal, hein », mais en fin de compte, le jeune homme pouvait bien le prendre comme il voulait. Oh, elle appréciait l’attention, dans le fond, et elle voulait bien accepter de croire, même, que le jeune homme se montre en vérité bienveillant à son adresse, mais c’était tout de même un fait que jamais, ô grand jamais, elle n’envisagerait de se confier à son interlocuteur. Parler, de manière générale, était de toute façon excessivement difficile pour la jeune femme. Même avec ses amis les plus proches, elle avait tendance à se braquer, à se renfermer, à ne pas faire l’effort. Elle n’y parvenait tout simplement pas. Il fallait qu’elle éprouve un degré de confiance totale pour réussir à parler un peu, et ce n’était pas toujours assez. Il suffisait de demander à Lily et Tilden ce qu’il en était pour bien rapidement le comprendre. Donc non, elle comptait garder pour elle ses pensées, n’en déplaise à son interlocuteur. Elle avait l’intention de ne pas en dire plus, et elle aimerait juste que le jeune homme la voit sans se dire qu’elle était forcément mal ou préoccupée. Ça lui faciliterait la vie.

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A

u fond, c'était une chance que Xeno ne soit pas du genre à se vexer, parce qu'on ne pouvait pas franchement dire que la rouge et or le ménageait. En même temps, elle préférait se montrer honnête envers lui plutôt que de hocher la tête à toutes ses élucubrations, en prétendant qu'elle le croyait ou ne trouvait pas ses absurdités parfaitement idiotes, quand elles n'étaient pas proches de dangereuses, en réalité. La jeune femme n'y allait pas avec des pincettes, définitivement pas, mais on ne pouvait pas dire que Xeno se montrait d'une élégance folle de son côté non plus, pour ce qui était de dire franchement ce qu'il pensait sans prendre de gants outre mesure. Plutôt que d'admettre que peu importe ce qui la préoccupait, ça ne le regardait pas, et surtout, elle n'avait pas la moindre envie d'en parler, il préférait insister et enfoncer le clou. Super, vraiment, merci beaucoup Xeno.

Bien évidemment que Mary était préoccupée, pas à cause de ses joncheruines à la noix, mais elle était effectivement préoccupée, et il n'y avait pas réellement besoin de se poser un milliard de question pour comprendre ce qu'il en était. Mary avait perdu son père, c'était de notoriété publique, donc si elle se tracassait pour quelque chose, il n'y avait pas besoin de jouer les psychologues de comptoir pour comprendre de quoi il retournait. Mais c'était son problème, ça la regardait, et elle n'avait pas envie d'en parler, ni à lui ni à personne. Alors, les conseils du bleu et bronze, il pouvait les garder pour lui.

D'accord, ça partait peut-être d'une bonne intention, mais bonne intention ou pas, ça lui était totalement égal, à elle, dans un cas comme dans l'autre, elle voulait que son interlocuteur se mêle de ses problèmes. Après tout, est-ce que elle prenait la peine de s'intéresser aux siens ? Non, et c'était très bien comme ça. Chacun chez soi, et les botrucs seraient bien gardés, voilà. Mary en avait assez d'entendre tout le monde lui dire et répéter qu'il fallait qu'elle parle. Objectivement, elle pouvait reconnaître qu'ils avaient raison, mais elle n'en avait pas envie. Et puis c'est faux, ça lui arrivait de parler, à Marlene, par exemple (au grand dam de Lily)... Elle n'avait pas envie d'exposer ses problèmes à la terre entière. De toute manière, ce n'est pas comme si en parler pourrait servir à quoi que ce soit. Dans tous les cas, son père resterait mort, c'était pas se plaindre et chouiner qui allait le ramener à la vie.

-Toi aussi, tu devrais parler à quelqu'un, si tu veux mon avis, t'es pas tout seul dans ta tête, décréta-t-elle, presque gratuitement mais pas complètement non plus. Je parle aux gens, c'est juste à toi que je parle pas, ajouta-t-elle, de mauvaise foi.

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M

ary leva les yeux en entendant la réponse de son interlocuteur. Bien sûr, elle ne pouvait pas lui donner tort. Techniquement, ils se parlaient, effectivement, mais aux yeux de la rouge et or, ils ne se disaient rien, et c'était là toute la différence. Ils ne se disaient rien et c'était tant mieux, parce que Mary n'avait pas envie de dire quoi que ce soit à son interlocuteur. Déjà parce qu'ils n'étaient pas si proches, même pas proches du tout, ensuite parce que clairement, il ne lui inspirait pas confiance. Si elle devait confier ses états d'âme ce ne serait pas à l'adresse de quelqu'un qu'elle considérait comme dérangé, et à juste titre selon elle. Bref, ils parlaient, oui, mais dans le fond, leur discussion durait sans dote déjà trop. Quoique Lovegood dise, elle ne changerait pas d'avis, ni sur lui, ni sur elle-même... ce même si, dans le fond, les conseils du bleu et bronze étaient tout sauf sans intérêt.

Oui, elle faisait bien ce qu'elle voulait, et encore heureux, selon elle, même si son caractère borné avait de bonnes chances de lui jouer plus d'un tour. Au fond, elle-même le savait, elle devrait écouter et se confier. Xenophilius ne'était pas le premier à le lui dire, c'était de mots que Mary avait déjà entendus, de la part de personnes qu'elle estimait bien davantage, comme Lily, par exemple, qui désespérait de ne pas la voir s'ouvrir davantage quand il était question de s'exprimer sur ce qu'elle avait sur le coeur.

-Au moins, là-dessus, on est d'accord, c'est un exploit, répliqua la rouge et or quand son interlocuteur admit qu'il n'était pas forcément une personne de choix s'il fallait décider de se confier.

Bien sûr, c'était la vérité. Et c'était logique. Même si elle ne se méfiait pas de lui ou ne s'inquiétait pas de son caractère fantasque, ils n'étaient dans tous les cas pas les meilleurs amis du monde, et ça avait tout de même très peu de chances de changer. Peut-être que si elle s'essayait à l'exercice, elle découvrirait chez son camarade un confident hors pair, mais elle n'avait pas particulièrement envie de vérifier si c'était le cas ou non. Tout ce qu'elle retenait, elle, c'est que Xenophilius Lovegood ferait mieux de se mêler de ses oignons, de ses ronflaks cornus, ou d'elle ne savait quoi d'autre en fin de compte.

-Ecoute, je suis sûre que t'es bien intentionné - c'est peut-être le pire dans tout ça. Mais t'as raison, tu ferais bien d'en rester à ton domaine d'expertise... peu importe ce que c'est.

Parce que s'estimer expert dans des choses qui n'existaient pas, c'était, selon Mary, ne pas être expert du tout.

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M

ary se contenta de hausser les épaules quand le bleu et bronze affirma qu'il n'avait pas l'intention de se détourner de son domaine d'expertise, quoi qu'il puisse être. Si ça lui faisait plaisir... il pouvait bien faire ce qu'il voulait... en revanche, elle ne voulait pas que le domaine d'expertise en question soit de celles qu'il imposait aux autres. Mary n'avait vraiment aucune envie de supporter les lubies de Xenophilius Lovegood si elle pouvait se les épargner. Si lui réussissait à s'en amuser, grand bien lui fasse, mais elle n'avait en revanche pas l'intention de faire ne serait-ce que l'ombre du moindre effort, ce serait beaucoup trop lui demander. Elle avait un peu l'impression qu'ils évoluaient dans deux mondes parallèles.

En soi, y avait pas de mal à ça, mais mieux valait éviter que ces deux mondes se rejoignent, en revanche, parce qu'ils ne semblaient pas compatibles. Bon, c'était peut-être juste l'incompréhension et l'exaspération de Mary qui parlaient, au fond, et elle pouvait tout de même admettre qu'elle ne faisait pas vraiment beaucoup d'efforts - ou pourrait en faire davantage en tout cas, mais à quoi bon ? Elle ne pensait pas qu'ils aient vraiment des atomes crochus ou méritent véritablement d'en avoir... Ils pouvaient juste faire partie de la vie de l'autre à distance, comme les personnages secondaires, voire tertiaires d'un roman. Et ils devraient plutôt s'en contenter. Mais Xeno n'avait pas l'air totalement de cet avis. Du moins, il insistait, et il insistait trop pour que Mary puisse vraiment être capable d'apprécier comme il se devait cequi devait surtout être une tentative de réconciliation.

-Franchement, j'en doute beaucoup.

Et elle devrait s'arrêter là, il était préférable qu'elle s'arrête là, parce que de cette manière, elle pouvait mettre fin à une situation forcément inconfortable, et qu'elle n'avait vraiment aucune raison de s'imposer en tant que telle. Mais elle était curieuse, c'était un de ses principaux défauts, et contre lequel elle n'avait jamais su faire grand-chose. Et donc, elle avait quand même envie de savoir où le bleu et bronze voulait en venir, même si elle redoutait quand même d'entendre une réponse qui n'allait pas du tout lui plaire. Après tout, avait-elle vraiment envie d'avoir quoi que ce soit en commun avec Xenophilius Lovegood ? Pas forcément, non.

-Quoi comme sujets, par exemple ?

Voilà, elle avait posé la question. Elle n'aurait pas dû parce que, clairement, ça allait lui porter préjudice, mais elle avait bien posé la question, et elle ne pourrait s'en prendre qu'à elle-même si la réponse ne lui plaisait pas, que ce soit parce qu'elle serait à côté de la plaque ou parce qu'elle serait justement un peu trop dans le vrai.

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A

lors que Xenophilius soutenait qu'ils seraient capables de s'entendre sur un bon nombre de sujets, Mary se sentait absolument convaincue du contraire, parce qu'elle n'imaginait pas le bleu et bronze capable de s'intéresser à quoi que ce soit de terre à terre, à quoi que ce soit de réel. A ses yeux, il évoluait dans son monde, dans sa bulle, une bulle qu'il ne fallait certainement pas se hasarder à perturber, et qui donc l'exemptait de toute considération plus pragmatique... mais dans le fond, elle ne savait pas grand-chose de son interlocuteur. Elle se contentait de ce que les apparences lui laissaient assez évidemment entrapercevoir, et elle n'allait pas spécialement chercher plus loin. C'était un tort, évidemment, on ne devrait jamais juger autrui sans chercher à le connaître un minimum, mais elle n'était vraiment pas sûre de vouloir mieux connaître l'illuminé de service. Pourtant, quand il daigna prendre la parole et lui répondre, il parvint à la surprendre.

Car les sujets qu'il consentit à aborder avec lui n'avaient rien à voir avec ses nargoles, ronflaks cornus et grenouilles lunaires habituels. Non, non, il était là question de tout autre chose. De sujets dans lesquels, en effet, elle était capable de se reconnaître. Certes, s'ils parlaient nourriture, peut-être qu'ils se rendraient compte qu'ils n'aimaient pas du tout les mêmes plats ou aliments, mais au moins, ils étaient deux êtres humains qui mangeaient et sans doute, même, aimaient manger. Rien que ça, c'était déjà un point commun comme un autre, si infime soit-il. Alors oui, il ne se mouillait pas : la nourriture, le fait d'être blasé d'aller en cours, le fait de détester l'immense majorité des serpentards parce qu'ils étaient des crétins absolus, c'étaient quand même des observations qui faisaient logiquement consensus (sauf chez les Serpentard, forcément), cela ne voulait pas dire qu'ils seraient capables de s'entendre comme larrons en foire non plus. Mais ça voulait dire qu'ils étaient capables de s'entendre au moins sur un sujet, et en soi, c'était déjà un bon début, il fallait le remarquer.

Elle voulut dire quelque chose, y réair d'une manière ou d'une autre, mais elle fut prise de court quand Xenophilius reprit la parole, ajoutant quelques mots plus personnels, et auxquels, pour le coup, elle ne s'était absolument pas attendue. Les propos du bleu et bronze la prirent même sacrément de court, d'ailleurs.

-Toi ? Tu as peur de quitter Poudlard ? Je pensais que ce serait le dernier à qui ça ferait peur. Tu dois avoir tout un tas de projets, pour après, non ?

Mais elle était capable de comprendre ce ressenti, en revanche. Certes, elle avait plus de temps devant elle que son camarade, mais la "vraie vie", le monde des adultes, l'angoissaient. A Poudlard, ils étaient protégés, un peu comme dans une bulle. C'était comme si rien ne pouvait les attendre. Mais qui sait combien de temps cela saurait durer.

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ans surprise, ce n'étaient pas les projets qui manquaient à Xenophilius. Le contraire aurait étonné Mary. Elle, elle était une ado comme les autres, énergique et molle en même temps, pas finie et avec rien de spécifique à l'esprit. Avec en plus un semblant de pessimisme parce que avec ce qui était arrivé dans sa famille, elle ne réussissait tout simplement pas à croire en l'avenir glorieux qu'on pourrait avoir envie de leur vendre. Mais Xeno, lui, il n'était pas comme tout le monde. Le grand illuminé qu'il était devait avoir de nombreuses idées à l'esprit. Que des idées franchement contestables, certainement, mais des idées malgré tout.

Il allait se donner les moyens de réussir, c'était ce qu'il affirmait. Mary, elle, considérait que se donner les moyens était rarement suffisant et qu'il fallait savoir se préparer d'avance à être déçu, parce que c'était, à ses yeux, ce qui arrivait forcément, nécessairement, d'une manière ou d'une autre. Mais bon, ce n'était pas comme si elle avait son mot à dire sur la question dans tous les cas, elle n'avait même rien à dire du tout.

-Oui, y a de quoi, l'extérieur, c'est vraiment de la merde.

Elle ne mâchait pas ses mots, mais elle le pensait. Il y avait de quoi redouter les dangers que représentait le monde extérieur, parce que ce monde extérieur était cruel et violent, vraiment. Oui, l'extérieur, c'était définitivement et franchement de la merde, c'est le moins que l'on puisse dire.

-Et oui, un sacré changement, tu l'as dit. C'est pas simple à s'imaginer quand on est dans notre petite bulle, ajouta-t-elle.

Et si elle le disait avec cynisme, elle s'incluait dans le lot. Ici, ils vivaient en vase clos, et même si certains événements les rappelaient à l'ordre, c'était simple d'oublier à quoi ressemblait le monde au dehors et combien il pouvait être différent. Oui, il y avait un sacré changement, très clairement.

-Alors, c'est quoi tes projets, exactement ? La chasse aux ronflaks ?

Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle s'engageait dans une telle conversation alors qu'elle savait très bien que ça allait lui porter préjudice tôt ou tard. Non, elle ne savait pas, mais elle en était là, à présent. Oui, la chasse aux ronflaks, elle trouvait ça ridicule, mais en même temps, elle avait tout de même beaucoup du mal à cacher sa curiosité. Elle n'y pouvait rien, elle pensait vraiment pas que ce genre de choses étaient ridicules, mais en même temps, ça avait le don de l'intriguer presque malgré elle, comme la personnalité de Xenophilius Lovegood, qui se révélait aussi agaçante, par bien des aspects, que curieuse, et donc oui, même si elle n'était pas sûre de vouloir entendre la réponse de Xeno, elle n'avait su s'empêcher de poser la question.

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