Mieux vaut un ennemi sage qu'un ami stupide. [pv Brooklyn]

C

haque année, c'était la même chose, il suffisait de quelques jours pour que le jeune homme ait le sentiment que cela faisait des mois déjà qu'il était revenu dans l'école de magie. Très vite, il s'était laissé absorber par ce bon vieux rythme caractéristique de Poudlard : les cours, les conversations animées dans la salle commune des serpentards, les devoirs à répétition, les entraînements de Quidditch. En bref, la routine était de rigueur, et le jeune homme ne faisait pas grand-chose pour y déroger.

Pourquoi en prendrait-il la peine, d'ailleurs ? Il l'appréciait, cette routine en question, il la trouvait même rassurante... Ce même s'il était plus qu'impatient de quitter une bonne fois pour toutes les bancs de l'école de magie pour enfin pouvoir rejoindre les rangs de l'homme qu'il admirait et était plus qu'mpatient de servir. Chaque chose en son temps, néanmoins. Et pour le moment, il devait admettre qu'il se contentait tout de même entièrement de ce qu'il avait à l'heure actuelle. Et qu'est-ce qu'il avait, précisément ? Des habitudes, un certain confort, et la volonté d'exceller dans le plus de domaines possibles.

Son dernier cours de la journée - un cours de botanique qu'il n'avait pas trouvé spécialement stimulant - s'était achevé, et le jeune homme avait l'intention de se rendre sur le terrain de Quidditch afin de s'entraîner un peu avant de rejoindre ensuite sa salle commune. Il avait fait un petit détour par les abords du lac. A cette heure de la journée, l'endroit était plaisant. Les reflets d'un soleil proche de se coucher scintillaient à la surface sombre du lac. Regulus n'était pas forcément le plus grand amateur de paysages bucoliques que l'on puisse imaginer, mais il savait les apprécier, à ses heures perdues.

Perdu dans ses pensées diverses et variées, il n'avait pas tout de suite constaté la présence de Rosier, non loin. Dans le cas contraire, il se serait sans mal épargné sa compagnie. Regulus ne la supportait pas. Elle n'avait de Rosier que le nom, mais en réalité, elle faisait sans l'ombre d'un doute honte à son sang pur. Et comme si ça ne suffisait pas, elle remplissait à elle seule tous les critères qui ne pouvaient que faire d'elle une ennemie naturelle aux yeux du vert et argent.

-Rassure-moi, Rosier, tu n'as pas l'intention de te rendre sur le terrain de Quidditch ? A ce stade, j'ose espérer que tu as compris que tu n'avais aucun talent particulier... Et encore moins celui-là.

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egulus balaya d'un revers de manche la première remarque de son interlocutrice. C'est sûr, il n'avait pas pris la peine de la saluer, ni de savoir comment elle allait. Il dérogeait aux principes de politesse les plus élémentaires... mais en même temps, pourquoi prendrait-il la peine de se plier aux basiques de la bienséance quand il se trouvait en présence d'une personne qui ne méritait que son mépris ? Si son interlocutrice avait voulu qu'on la traite avec justesse et sympathie, elle aurait dû faire d'autres choix de vie, tout simplement. Regulus était tout à fait capable de faire montre de respect et de déférence, mais pour cela, il fallait lui en inspirer, il fallait le mériter. Et pas un seul instant le jeune homme n'estimait que son interlocutrice se montrait à la hauteur du fragment de considération qu'il était effectivement capable de lui adresser.

Dans tous les cas, la joute verbale était engagée, et c'était bien là le seul intérêt que l'héritier des Black et fier de l'être serait bien capable de trouver à la bleue et bronze qu'il estimait autrement être insipide : elle avait un minimum de répondant. Regulus admettait quand même qu'il était plus satisfaisant de s'en prendre verbalement à une personne capable de rétorquer plutôt qu'à une plante verte, qui vous observerait en chien de faïence ou prendrait la tangente sans demander son reste sous prétexte que vous auriez heurté ses sentiments ou quelque chose du genre (et puis quoi encore ?).

-Ca t'arrange, hein, de croire qu'on passe notre temps à tricher ? J'imagine que ça rend vos défaites constantes un peu moins amères.

En vérité, il ne fallait pas se leurrer, l'équipe de Serpentard n'était de loin pas la plus fair-play que l'on puisse imaginer. Que voulez-vous, ils voulaient gagner et se donnaient les moyens d'y parvenir, c'est tout. Même si le jeune homme, à son poste d'attrapeur, n'y était pas pour grand-chose de son côté. Regulus accumulait pas mal de tares, mais pas celle d'être un tricheur. Il aimait jouer selon les règles il n'en estimait la victoire que plus satisfaisante au bout du compte.

-Votre équipe se fera laminer dès le premier match, je ne me fais vraiment aucune inquiétude là-dessus. Surtout si elle continue de compter sur des éléments aussi peu prometteurs que toi.

Il n'avait aucune intention de la ménager, bien au contraire, au plus il pouvait la piquer, au mieux il se portait. A ses yeux, c'était bien là le seul sort qu'elle méritait réellement. Elle avait fait les mauvais choix, suivait la mauvaise voie. Qu'on ne vienne pas lui dire qu'elle ne l'avait pas cherché, quelque part. Dans une autre vie, ils auraient peut-être été amis, qui sait. Mais dans cette vie, il ne comptait pas lui faire de cadeau.

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egulus manqua de faire remarquer que si elle parlait du fait que Serdaigle allait remporter la coupe de Quidditch, alors elle n'évoquait ni le passé ni le présent ni même le futur mais une sorte de temporalité conditionnelle qui n'avait pas la moindre chance d'advenir autrement que dans l'imagination un peu trop fertile de sa tête de linotte. Mais il n'eut guère le temps de dire quoi que ce soit. La jeune femme embrayait déjà. Ce n'était pas surprenant. Quand il était question de s'envoyer des piques verbales, ils ne manquaient ni de répondant, ni d'arguments, et c'était toujours à qui en dirait le plus et se montrerait le plus virulent.

Elle embraya, affirmant que les serpentard ne savaient pas jouer sans être de grosses brutes. Bon, ce n'était peut-être pas totalement faux. Quoi que le poste qu'occupait le jeune homme exigeait en revanche beaucoup de dextérité et de précision, pas l'apanage des grosses brutes, somme toute. Oui, d'accord, c'était peut-être vrai, mais en même temps, puisque la manière forte était quoi qu'il en soit efficace, Regulus estimait que ce n'était pas un problème. Les matchs de Quidditch étaient arbitrés. Si on les laissait passer, c'est que c'étaient les autres qui étaient des petites natures au bout du compte, et c'est tout.

Et non, Regulus n'avait pas besoin de voir son interlocutrice jouer pour juger de son inefficacité, il lui suffisait pour cela de faire preuve de toute la mauvaise foi dont il était capable. Et le fait est qu'il était capable d'une immense mauvaise foi quand il avait affaire à des personnes qu'il ne supportait pas... Et oui, qu'il ne supportait pas. Non, il n'y avait rien du tout là-derrière. Plutôt faire un grand plongeon sans retour dans une cuve d'acide que de l'apprécier. Elle était vaguement mignonne, d'accord, mais il ne faut pas déconner, il y en avait de sang pur et qui n'avaient pas complètement foulé au pied leur nom et leurs origines qui en valaient largement plus la peine en comparaison.

-T'aimerais bien, hein ? répliqua-t-il avec un sourire moqueur. Tu te penses irrésistible en plus de douée, c'est ça ? Non mais tu t'es vue au moins ? En même temps, vu ton niveau d'intelligence, il ne fallait sûrement pas s'attendre à autre chose.

Non, il ne l'appréciait pas. Au contraire, il avait une dent particulière contre elle. Et ce n'était pas sans raison. Une rosier qui ne se respectait pas en tant que Rosier, ça valait un Black qui ne se respectait pas en tant que Black. Donc son frère. Donc forcément, la virulence de Regulus s'en voyait exacerbée.

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h oui, quand même. C'en était au point qu'elle en pleurerait presque de rire (pour ne pas dire complètement). Regulus n'avait pas estimé avoir été si désopilant (d'ailleurs, on ne pouvait pas franchement dire qu'il se caractérisait par son sens de l'humour - inexistant -, loin s'en faut). Soit elle se forçait à rire pour l'irriter (ce qui était plutôt efficace au passage), soit elle trouvait vraiment ça drôle, et dans ce cas... ben, grand bien lui fasse. C'était définitivement une chose qu'ils n'avaient pas en commun tous les deux. Mais en même temps, qu'est-ce qu'ils avaient en commun ? En tous les cas, le jeune homme songea à la laisser finir de se marrer dans son coin pour s'affairer à une activité plus intéressante (n'importe quelle activité, donc), mais elle semblait se remettre de son fou rire et reprit la parole.

Pour ce qui était de traîner dans ses pattes, en revanche, Regulus n'estimait pas qu'il en ait fait son activité préférée. Quand il l'avait sous les yeux, elle l'agaçait, et quand quelque chose l'agaçait, il le faisait remarquer. Et puis, il fallait bien l'admettre, il n'y avait pas meilleur palliatif à l'ennui qu'une bonne prise de becs. Chercher le conflit était loin de déranger Regulus, surtout si c'était pour remettre à leur place les personnes qui l'agaçaient le plus. Et comme en plus il était d'une humeur encore plus mordante depuis cet été, forcément, il ne comptait pas ménager ses interlocuteurs, ça lui était égal. Il ne prit même pas la peine de répondre, et il n'avait pas forcément l'intention d'en rajouter. Mais ça, c'était avant que Brooklyn ne lui parle de son frère. Sirius. Le sujet. à. ne. surtout. pas. aborder avec Regulus. Jamais. Encore moins maintenant qu'avant.

-Je n'ai pas de frère, répliqua-t-il sèchement. D'accord, il aimait bien s'en prendre à elle sans raison (ou avec de vagues raisons qui lui permettaient de se défouler) mais qu'elle ne vienne pas lui trouver un bon prétexte à son emportement, ou ça risquait fort de mal finir. Regulus n'était pas capable de faire dans la demi-mesure. C'était un vrai problème pour lui d'ailleurs. Ne parle pas de ce que tu ne sais pas, ou je te jure que tu vas le regretter.

La menace dans sa voix était sincère. Peu importe qu'elle lui rie au nez de nouveau, il y avait des limites avec lui à ne surtout pas franchir. Celle-ci en était.

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egulus serra les poings quand la bleue et bronze observa qu'elle avait touché un point sensible. Sans blague ? Evidemment, que c'était un point sensible. Quiconque le connaissait un tant soit peu savait que Sirius était le dernier sujet qu'il leur fallait aborder. Bon, il lui arrivait de parler de Sirius avec ses camarades - Severus notamment -, pour lui casser du sucre sur le dos, mais ce n'était pas un sujet qu'il aimait autrement aborder.

Cela avait toujours été le cas, mais c'était encore pire depuis que le jeune homme avait quitté le domicile familial, avait été renié pour de bon par sa famille. Au fond de lui, le vert et argent avait toujours espéré que son frère retrouverait le droit chemin, se rappellerait de ce que devaient être ses vraies valeurs une bonne fois pour toutes. Mais non, ce n'était pas le cas, il était perdu pour de bon, et si Regulus répétait sans cesse qu'il n'avait plus de frère, qu'il n'avait pas de frère... Parce qu'il devait se convaincre de cela, jusqu'à oublier Sirius pour de bon. Oui, ce n'était pas un sujet à aborder avec lui. Surtout quand on était son ennemi naturel... ce qu'était bien évidemment Brooklyn.

Alors si elle comptait en rajouter encore, c'était clair et net : Regulus allait attaquer. Le vert et argent n'était pas du genre à attaquer à tort et à travers pour des conséquences qu'il n'avait pas envie d'accuser. Mais si on le cherchait, il ripostait, et s'ils devaient partir au duel, tous les deux, eh bien ils partiraient au duel, tout simplement. Il était prêt à lui en dire davantage, à la menacer, sans aucun scrupule particulier, mais la bleue et bronze la prit de cours en prononçant des mots auxquels il ne s'était clairement pas attendu.

Il fronça les sourcils. Il ne comprenait pas. Qu'est-ce qu'elle cherchait, exactement, là ? Elle essayait vraiment de lui faire croire qu'elle avait la moindre intention de rejoindre un jour le seigneur des ténèbres ? Regulus n'y croyait pas une seule seconde. Ce qu'il lui reprochait, ce n'était pas seulement d'être à Serdaigle (ce n'était d'ailleurs pas la pire maison où il pouvait atterrir), c'était d'avoir un caractère et des convictions aux antipodes des préceptes des sangs purs. Bien sûr, il fondait cette opinion sur de sérieux préjugés, on ne va pas se le cacher. Mais ces préjugés avaient la vie dure, justement.

-Ne te fous pas de moi. Même si c'était ce que tu voulais, jamais le seigneur des ténèbres ne voudrais de toi.

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egulus ressentit comme un déclic, une sorte de changement de comportement, quelque chose dans le voix, dans l’attitude de Brooklyn qui le fit tout à coup douter. Est-ce qu’elle était sincère ? Est-ce qu’elle pensait vraiment ce qu’elle avait dit tout à l’heure. D’office, le jeune homme s’était imaginé qu’elle le menait en bateau parce qu’il était juste incapable de concevoir qu’elle puisse être honnête dans ses intentions et dans ses propos. Mais si en fait c’était vrai ? S’il l’avait mal jugée ? Il ne voudrait pas aller trop vite en besogne, mais il se posait des questions quand même. Il était réticent parce qu’il n’avait pas envie de se faire avoir et de passer pour le dindon de la farce, mais quelque part, il avait l’impression qu’il y avait chez son interlocuteur quelque chose qu’il avait trop vite oublié de cerner.

Au fond, que savait-il réellement de Brookyln Rosier ? Pas grand-chose, pour ne pas dire rien du tout. Il avait jugé sans connaître, il s’était focalisé sur les informations les plus évidentes et n’avait pas du tout cherché plus loin. Pour lui, elle était une ennemie naturelle, parce qu’elle n’avait pas été envoyée dans la bonne maison, parce que la plupart des Serpentard l’avaient d’office cataloguée (comme lui-même ne s’en était pas privé), parce qu’elle était dans l’équipe de Quidditch adverse et qu’il était donc normale qu’il l’envoie balader quoi qu’elle fasse ou quoi qu’elle dise. Mais la donne, de toute évidence, était un peu différente.. et il ne savait plus quoi en penser. Il n’arrivait pas à déterminer s’il s’agissait d’une blague, d’un piège dans lequel il tomberait trop facilement, ou d’une vérité qu’il s’était interdit de regarder en face alors qu’elle était très évidente, dans le fond.

-Je te suis pas, Rosier, répondit Regulus – sans répondre vraiment, donc. Qu’est-ce que tu recherches exactement ? Pourquoi tu voudrais devenir une vipère, comme tu dis ? Et qu’est-ce que j’y gagne, si je t’aide ?

Ce n’était pas un non, c’était un pourquoi accompagné d’un peut-être parce que, en réalité, le jeune homme était pris de court par un retournement de situation auquel il n’avait pas du tout été préparé. Il s’était attendu seulement à ce qu’ils se prennent leur tête comme c’était leur habitude, mais il réalisait qu’il se jouait dans leur discussion quelque chose de bien différent au final… et de peut-être beaucoup plus intéressant, en fin de compte. En soi, jouer les Pygmalion maléfiques pour la bleue et bronze l’amuserait assez, mais il n’allait pas s’engager là-dedans sans tout comprendre.

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Q

uand Brooklyn lui répondit que ça devait avoir un rapport avec ses parents, le jeune homme ne se sentit qu'à moitié surpris. Il s'était convaincu que la bleue et bronze, à l'image de Sirius (et de toute évidence, il avait eu trop tendance à comparer la jeune femme à son frère alors que leurs tempéraments étaient finalement assez différents), se fichait bien de l'opinion que ses géniteurs pouvaient bien avoir d'elle et s'amusait même à en rajouter afin de leur faire sortir de ses gonds.

Mais son discours disait autre chose d'elle : pour la première fois, il voyait en son interlocutrice une jeune femme simplement soucieuse de faire la fierté de ses parents, sur les épaules de laquelle reposait une responsabilité certaine, qu'elle n'était pas en droit de décevoir... Il savait ce que c'était. Il le faisait avec conviction et fierté, mais il était tout de même vrai que s'il tenait tant à avoir les meilleures notes, à exceller en tout, à rejoindre les mangemorts à la fin de sa scolarité, c'était pour que ses parents éprouvent à son égard une fierté entachée par l'attitude de son frère. Il devait être deux fois meilleur pour faire oublier son aîné. Et il ferait ce qu'il fallait pour cela.

Maintenant, il n'était toujours pas certain du fait que son interlocutrice était réellement sincère envers elle. Comment pouvait-il s'assurer exactement de sa sincérité ? Ce n'est pas tout ça, mais si elle la lui mettait à l'envers, il allait se sentir particulièrement stupide. Et bien évidemment, il n'avait aucune envie de faire ce plaisir à son interlocutrice. Même s'il se laissait de plus en plus aller à croire que son interlocutrice faisait preuve avec lui d'une honnêteté dont elle s'était bien gardée jusqu'alors. A voir qui avait le plus à perdre dans l'affaire.

-Si t'abandonnes dès la première seconde, tu vas pas aller bien loin, Rosier, répondit-il alors quand son interlocutrice lui dit de finalement laisser tomber, que sa requête était idiote.

Il ne trouvait pas que ce soit le cas. Pas si elle était sincère, en tout cas. Et si elle était sincère, il avait bien l'intention de venir y mettre son grain de sel, c'était beaucoup trop tentant que de façonner la jeune femme à son image, et le succès de son opération pourrait suffir en elle-même sans qu'il ait vraiment besoin d'une autre compensation, même s'il était de nature à considérait que l'on avait rien sans rien. C'était valable pour lui comme pour n'importe qui d'autre.

-Dis-moi juste pourquoi je devrais te croire.

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our être une perte de temps, ce petit jeu en aurait été une, ça ne faisait absolument aucun doute. Est-ce que, pour autant, cela justifiait que ce n'en soit pas un ? Rien ne le garantissait réellement, après tout, la grande majorité des joutes verbales dont ils avaient eu l'habitude jusqu'ici avaient été jusqu'alors une perte de temps... et finalement, tout, dans la vie, était une perte de temps ou presque... Le jeune homme ne voyait pas vraiment sa scolarité à Poudlard d'un autre oeil. Pour lui, il s'agirait simplement d'attendre que le temps passe, ça et pas grand-chose d'autre, au bout du compte.

Car c'était ce qui l'attendait dehors qui l'intéressait réellement, et tout ce à quoi il s'appliquait en parallèle ne tendait finalement qu'à lui permettre d'accéder à l'honneur suprême de rejoindre les mangemorts. Mais en attendant, il fallait bien que le temps passe, effectivement. Alors oui, elle pouvait, encore et toujours le mentir, elle aurait en vérité de bonnes raisons de le faire. D'un autre côté, il voyait difficilement ce qu'elle y gagnerait. Alors que de son côté, le vert et argent commençait à bel et bien entrevoir une sorte de challenge qu'il apprécierait plutôt de relever, tant qu'à faire. Elle semblait définitivement honnête quand elle lui assurait avoir changé d'avis.

Et si elle voulait se départir de son image pour ainsi dire lisse et bien trop douce, elle était arrivée au bon endroit. Regulus pour sa part n'avait pas vraiment à fournir de grands efforts pour être un jeune homme relativement désagréable, et il serait peut-être difficile de théoriser quelque chose qui était tout naturel pour lui, mais en même temps, ce n'est pas comme s'il avait grand-chose à perdre. Si ce n'est son temps, évidemment... mais pour l'instant, il n'était pas si précieux que cela au bout du compte. Ils avaient au moins une chose en commun et pour sûr. Le regard de leurs parents avait une importance immense à leurs yeux. On ne pourrait le leur ôter, et ça signifiait déjà beaucoup.

-Bon, j'ai rien de mieux à faire de toute manière, concéda-t-il finalement. Je veux bien t'aider, si tu y tiens tellement, ajouta-t-il comme s'il se dévouait véritablement à lui rendre le plus grand et le plus important des services. Mais je fais jamais rien gratuitement.

Il ne manquerait plus qu'il n'en profite pas pour y mettre quelques conditions. Cela paraissait être la moindre des choses, après tout, non ?

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