Un petit déjeuner avec toi [PV Hazel]

Margaret leva le nez de son assiette d’œufs brouillés et de bacon et jaugea la Grande Salle, peu occupée pour le moment. Cela lui faisait tout drôle de la contempler depuis la table des professeurs. C’était quelque chose d’émouvant pour elle qui avait si longtemps déjeuné non loin de là, à la table des Gryffondor. Aujourd’hui, c’était les quatre filous de cette Maison, dont le fils de son amie, Peter, qui y combinaient leurs plans pour faire des farces à toute l’école, au grand désarroi du professeur McGonagall, qui semblait complètement blasée par ces quatre élèves. Une nouvelle génération qui avait fait de Poudlard sa demeure.

Margaret se mit à manger tranquillement en songeant à ce que Poudlard était devenu pour tellement de monde au fil du temps. Ce n’était qu’un château, un édifice de pierres empli de magie, mais les générations qui s’y étaient succédées l’avait rempli d’histoires et d’expériences. Il avait vu la naissance et le développement de sorciers prodigieux tels que le professeur Dumbledore, et ceux de sorciers bien plus sombres, comme ce Seigneur des Ténèbres dont le monde actuel avait tant à redouter. Si Margaret était peinée de constater que quelqu’un avait pu choisir un destin aussi sombre, elle était impressionnée par tout ce que l’école avait pu créer.

Elle s’interrogeait aussi sur les opportunités que cette école lui réservait encore. Elle avait retrouvé Dorcas et Hazel, d’anciennes condisciples de l’école, avec qui elle avait été amies, quand elle était elle-même élève dans l’école, et il lui était assez curieux de se retrouver aux côtés de Minerva McGonagall, qu’elle avait eu en professeur, étant arrivée lors de la deuxième année de la jeune femme. Etre psychomage à Poudlard était prometteur de bien des expériences, et elle ne savait pas encore lesquelles, mais au fond, elle était impatiente de le savoir.

La jeune femme devait bien s'attendre à ne pas rester trop longtemps toute seule à la table des professeurs. On était jour de classe et ceux-ci devaient bien petit-déjeuner avant de commencer leurs cours. Quand arriva justement l'une des personnes à qui elle avait pensé un instant plus tôt, Margaret trouve cela amusant. Elle croisa le regard de Hazel, alors qu'elle lui demandait comment elle allait et lui offrit un grand sourire. Après tout, ça ne coûtait rien, un petit sourire et, en général, ça faisait du bien à celui qui le recevait. Et à voir son visage, Hazel en avait bien besoin. Son air fatigué inquiéta un peu la psychomage.

« Je vais bien et toi ? Tu as l'air un peu fatiguée, tu as des soucis ? »

Certains pourraient râler à l'idée d'entendre des soucis de bon matin, mais ce n'était pas le cas de Margaret. Non pas parce qu'il s'agissait de son travail, mais tout simplement parce qu'elle avait toujours tenu à être là pour ses amis, quelle que soit l'heure de la journée, avant même d'être une psychomage, Margaret avait toujours été une amie fidèle présente pour écouter ceux qui ne se sentaient pas bien.  

Elle cessa complètement de s'intéresser à son assiette pour se concentrer sur sa voisine et lui offrir un regard à la fois doux et encourageant. Elle ne savait pas si Hazel avait envie de partager ce qu'elle ressentait, mais c'était à elle de choisir. La psychomage serait là si elle avait envie d'en parler. De toute façon, dans la conjoncture actuelle, elle avait remarqué qu'il n'y avait pas grand monde qui était vraiment totalement apaisé. La conjoncture pesait sur tout un chacun, elle y compris. Si les nés-moldus venaient à se trouver en difficulté, elle serait aux premières loges.

« Tu peux me dire ce que tu as sur le cœur, si tu veux. Je suis là pour toi. »

La situation était compliquée pour tout le monde et Margaret avait eu l'impression d'entendre cela à répétition depuis les derniers mois, et même, si elle était honnête, depuis les dernières années. Tout devenait compliqué et sujet à inquiétude depuis la montée en puissance des mages noirs. Et comme si cela ne suffisait pas, les personnes commençaient à disparaître, à changer de camp, à se trahir. On ne savait plus vraiment à qui on pouvait faire confiance et de qui il fallait se méfier. Ce mélange et cette incompréhension rendaient difficile la vie quotidienne pour tout le monde. On ne savait plus sur quel pied danser.

Margaret et Hazel n'avaient jamais beaucoup parlé et elles n'en avaient jamais eu vraiment besoin. Elles faisaient partie de ces personnes qui se comprenaient à demi-mot et qui évitaient de se confier. Même si elles ne savaient pas toujours ce que l'autre ressentait, cela ne les empêchait pas d’accepter les faiblesses et les forces assez naturellement, tout ça parce qu'elles avaient un fonctionnement assez similaire. Mais ça ne voulait pas dire qu'elles n'avaient pas le droit de se confier à quelqu'un lorsque la situation l’exigeait. Et en le faisant l'une avec l'autre, c'était la certitude de ne pas en dévoiler trop autour d'elles.

« Ta famille ? Il y a eu du grabuge ? »

La jeune duchesse avait, elle, la chance que ni ses parents ni ses sœurs n’aient été les cibles de mages noirs. Une famille de moldus dans laquelle des sorciers étaient venus au monde était une cible parfaite. Mais, par chance, ils n'avaient pas encore été repérés ou ils n'étaient pas d'un intérêt suffisant. Ce n'était pas Margaret qui allait les intéresser malgré ses compétences en défense contre les forces du mal, car ils ne pourraient jamais la recruter et elle apparaissait aux yeux de tous comme une simple psychomage. Cela ne la rendait pas très intimidante.

« J'ai de la chance de mon côté. Pour le moment ma famille a été épargnée. »

Il y avait eu tellement de morts annoncées que, la plupart du temps, le Ministère avait renoncé à détailler toutes les identités. Résultat, Margaret savait que de nombreuses personnes avaient trouvé la mort, mais elle n'était pas au courant en ce qui concernait précisément la famille de sa collègue de travail et amie. Elle allait sûrement apprendre beaucoup de nouvelles de ce genre dans les mois à venir, étant donné à quel point Celui Dont On Ne Devait Pas Prononcer Le Nom et ses fidèles semblaient se distraire de la mort et de la désolation. Margaret posa une main sur l'épaule de la jeune femme.

« Je suis désolée, Hazel. je ne savais pas. Si jamais tu as besoin d'en parler, je suis là d'accord ? »

Ce n'était pas seulement en tant qu'amie que la jeune femme lui faisait cette proposition. Dans une telle période de trouble, une psychomage avait énormément de travail à faire pour aider tous ceux qui se retrouvaient confrontés à la perte d'un proche. Elle ne travaillait pas à Poudlard seulement pour les élèves et elle tenait à ce que tous se sentent également le droit de solliciter son soutien s'ils en éprouvaient le besoin. Parler n'était pas toujours suffisant, mais c'était un début vers la guérison. Faire son deuil n'était pas évident et il était parfois plus facile de le faire avec une oreille prête à vous écouter.

La jeune femme n'était pas naïve. Elle savait que ce ne serait qu'une question de temps avant que sa propre famille ne se retrouve la cible de ces sorciers intolérants. C'était un risque que l'on courait de base lorsqu'on était né de parents moldus. De plus, chacune de ses sœurs ne manquait pas de courage et il y avait fort à parier que l’une d’elles se retrouverait un jour une cible pour avoir mis des bâtons dans les roues des mangemorts. Il était même possible que cette personne soit Margaret elle-même. Mais pour le moment, elle avait encore de la chance.

« Nous ne sommes pas des cibles prioritaires. Mais je ne me fais même pas d'illusion. Tôt ou tard, nous nous retrouverons sur leur liste, et il va nous falloir nous défendre. Je ne sais pas comment tout cela va finir, mais cela m’inquiète beaucoup. »

Un petit déjeuner avec toi

But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

Il était toujours compliqué pour Hazel d’évoquer la mort de son frère et de sa belle-sœur, c’était encore tellement frais dans son esprit… et puis, cela avait été brutal, et soudain. Qui imaginait perdre son frère à cet âge-là ? Le seul réconfort qu’elle avait, c’était que Marlene n’avait pas fait partie des victimes, même si sa nièce restait extrêmement traumatisée par la mort de ses parents, ce qui était plus que logique. Elle espérait tout de même que sa filleule finirait par aller mieux, avec le temps, mais il allait justement en falloir, du temps, et Hazel n’était pas la mieux placée pour aider sa filleule à remonter la pente, étant donné que cette dernière lui en voulait.

« Je suis désolée, Hazel. je ne savais pas. Si jamais tu as besoin d'en parler, je suis là d'accord ? »

La sorcière hocha la tête, mais elle n’avait pas envie d’en parler. Ce n’était pas contre Margaret, c’était juste qu’elle préférait, et de loin, penser à autre chose. Quant au fait qu’elle n’en savait rien, c’était un peu étonnant, parce que cela avait fait la une des journaux, mais tant mieux, au moins, elle avait été un peu épargnée, avant d’apprendre la nouvelle. Ce qui était le plus dramatique, c’était que ce genre de nouvelles étaient de plus en plus fréquentes, et cela n’allait pas aller en s’arrangeant, si personne ne faisait rien. Mais il était sans doute plus que probable que les Aurors étaient sur le coup, mais pour le moment, ce n’était pas un franc succès.

« Oui, je te remercie. »
« Nous ne sommes pas des cibles prioritaires. Mais je ne me fais même pas d'illusion. Tôt ou tard, nous nous retrouverons sur leur liste, et il va nous falloir nous défendre. Je ne sais pas comment tout cela va finir, mais cela m’inquiète beaucoup. »

L’avenir était incertain, c’était une évidence. Cependant, Hazel restait convaincue qu’il ne fallait pas se laisser envahir par la peur. Apprendre à se défendre était une chose, et c’était important (même si l’ennemi était très puissant) mais il ne fallait pas non plus devenir paranoïaque. Il était impossible de prévoir qui seront les prochaines cibles, si ce n’est des gens qui défiaient délibérément le mage noir et ses disciples.

« Sans doute, mais je suppose que c’est ce qu’il veut, instaurer un climat de peur. »

black pumpkin

HJ : Cette réponse aussi vraiment désolée !

Margaret savait qu'il fallait parfois se montrer patient pour qu'une personne en vienne à parler de ce qu'elle éprouvait. Aussi dur que cela puisse être, elle n'avait pas l'intention d'obliger Hazel à se confier à elle. Elle lui avait proposé son écoute et sa bienveillance, c'était tout ce qu'elle pouvait faire pour son amie dans la mesure de ses moyens. Elle savait que cette offre était réciproque et que si elle avait besoin d'aide un jour, Hazel serait là pour elle aussi. Son amie la remercia mais ne sembla pas désireuse d'ouvrir le sujet et de se confier davantage à la psychomage. Margaret décida donc de ne pas insister pour l'instant.

« Il n'y a pas de quoi. »

Malheureusement, il était évident que même si Margaret et ses sœurs n'avaient pas encore causé d'ennui à ce mouvement, leur simple nature de Née-Moldues les mettrait tôt ou tard sur la liste des personnes à éliminer. Elle espérait que cela arriverait le plus tard possible, e problème étant que cela ne lui ferait pas peur de décider de prendre parti à pour le combat contre ces personnes, mais que cela aurait pour effet direct de mettre en péril sa propre famille. Ce n'était pas un choix facile à faire et si elle se retrouvait confrontée à ce choix, Margaret savait qu'elle n’hésiterait pas un seul instant et prendrai le risque. Ses sœurs savaient se défendre et il était peu probable que l'on aille chercher ses parents.

Bien évidemment, si une ou plusieurs des sœurs Janeway prenaient ce chemin, elle mettrait avant tout en place des protections pour sécuriser le château. Ni l'une ni l'autre ne prendrait le risque que leurs parents se fassent attaquer, même si c'était fortement improbable. Mais elle devait tout de même reconnaître que Hazel avait raison sur le fait que le climat de peur qui était instauré par les fidèles de Celui-Dont-On-Ne-Devait-Pas-Prononcer-Le-Nom rendait les choses encore plus difficiles et qu'il devenait presque impossible de savoir qui était de vos alliés ou de vos ennemis. Il allait être de plus en plus difficile de garder confiance les uns envers les autres.

« La stratégie de la division pour pouvoir mieux conquérir est loin d'être nouvelle et elle a fait ses preuves. L’essentiel est de rester soudé et de croire les uns en les autres, c'est le seul moyen pour ne pas se sentir seul et pour être sûr d'avoir des alliés si on a besoin de se battre à un moment ou à un autre. »

Margaret n'était pas du genre à imposer son aide à quelqu'un qui n'en voulait pas sur le moment. Toute personne à qui elle l'offrait savait généralement que ce n'était pas une offre avec échéance et qu'elle pouvait toujours revenir plus tard vers elle si le besoin s'en faisait sentir. Margaret était persuadée que forcer les gens à parler n'était pas la solution pour les faire se sentir mieux. C’était peut-être son expérience métier qui parlait mais elle n'avait jamais rien obtenu en obligeant les gens à lui parler de sa vie. On ne pouvait aider une personne que si celle-ci l'acceptait. Ceux qui essayaient autrement s'épuisaient pour rien.

Elle avait signifié à son amie qu'elle était à l'écoute. Le reste dépendrait d'elle. Et puis, elles avaient bien d'autres choses à discuter, et notamment en ce qui concernait la politique actuelle et le danger représenté par le pouvoir du mal qui commençait à prendre son envol en Angleterre. Elle était totalement consciente qu’il y avait une grande partie de la population ne désirant pas succomber à la noirceur de ce sorcier. Mais sa stratégie Impliquait de troubler le jeu à un tel point qu'il serait difficile de savoir si l'on pouvait vraiment avoir confiance en les différentes personnes qui faisaient partie de notre vie.

Là où elle ne pouvait qu’être d'accord avec la jeune femme, c'était sur le fait que quelque soit le camp dans lequel on se battait, il y avait une possibilité que la peur règne en maître et que ce soit le chemin que le gouvernement choisisse, quel que soit son camp. Ce n'était pas un chemin que Hazel et Margaret souhaitaient suivre ni l'une ni l'autre. Mais elles n'auraient peut-être pas le choix. Pourtant, le monde pour lequel Margaret se battrait quoi qu'il advienne serait un monde de justice et de paix et elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour que rien ne vienne entacher cet objectif d'avenir.

« Je sais que c'est le risque mais je ne suis pas désireuse de voir un tel monde s'installer, que ce soit celui de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom ou celui du ministère de la magie, je refuse que la peur et la contrainte soient le système de notre monde. Si on en arrive là, aucune décision ne sera meilleure que l'autre. »-

Margaret avait laissé s’installer un sujet qui ne manquait pas d’être de circonstance, mais aussi particulièrement angoissant. Elle avait conscience que son avis sur la question était à la fois ferme et dénué de toute puissance. Même si elle était capable de se battre, elle ne pouvait pas deviner si elle allait devoir le faire ou pas, et tout cela inquiétait Hazel. Ca inquiétait évidemment Margaret aussi, mais elle savait que sa façon de le gérer n’était pas tout à fait la même que pour sa collègue. Il valait mieux ne pas trop en rajouter et changer de sujet de conversations.

« Tu as raison, on ne peut pas savoir. Il vaut mieux attendre en espérant pour le meilleur. »

Finalement, un sujet plus tranquille serait certainement les occupations du moment de l’une et de l’autre. Les élèves n’étaient sans doute pas un sujet aussi compliqué à gérer. Margaret avait suivi les cours d’Arithmancie avec Hazel lorsqu’elles se trouvaient à Poudlard, mais elle n’avait pas eu la même passion pour la matière. Ho, elle n’avait pas été mauvaise. Mais elle se maintenait généralement à-peine au-dessus de la moyenne dans cette matière, alors que pour d’autres, elle performait beaucoup plus. Elle pouvait tout-de-même entendre que pour son amie, ce soit une véritable passion. Cette matière pouvait prendre tout son sens dans de nombreux projets.

Margaret se demandait si Hazel avait su trouver des passionnés de son niveau. En général, les élèves qui poursuivaient l’Arithmancie au-delà de la cinquième année étaient véritablement passionnés par la matière, qu’ils aient envie ou pas de l’inclure dans leur métier. Mais pour les plus jeunes, c’était parfois par défaut que cette matière était choisie et il advenait donc parfois que certains ne soient pas aussi motivés et attentifs que les autres. Mais en général, Hazel parvenait assez bien à les intéresser d’une manière ou d’une autre. Margaret supposait que beaucoup de choses dépendaient des choix d’activités des enseignants durant la classe.

« Prête pour tes cours de la journée ? Comment ça se passe avec tes élèves ? »