Confessions d'un loup-garou ☾ PV. Margaret

Margaret avait devant elle la liste des personnes qu’elle suivait à Poudlard. Son emploi du temps avait été planifié en fonction des cours et comme elle avait un certain nombre de sixième année, elle supposait qu’il n’avait pas dû être facile de tout coordonner. Il semblait que les élèves les plus âgés de cette école avaient tous des vies bien troublées, mais en ces temps sombres, ce n’était guère surprenant. Pourtant, il y avait des cas particuliers. Et celui que Margaret devait voir ce jour-là était un de ceux-là. En lisant le compte-rendu de Madame Pomfresh, Margaret n’avait pu s’empêcher d’être triste pour ce jeune garçon.

Un loup-garou. Il n’était pas si rare qu’on le pensait d’en croiser dans le monde des sorciers. La plupart ne ressemblaient pas à des monstres en dehors des nuits où ils se transformaient. Mais Margaret aurait pu parier qu’on en rencontrait peu à l’âge de ce jeune homme ou plus jeunes. En tout cas, elle n’avait pas eu écho d’autre cas au sein de l’école de sorcellerie depuis qu’elle l’avait intégrée plus de vingt ans auparavant. Mais Remus Lupin avait été mordu dans son enfance, et malgré tout, le professeur Dumbledore lui avait offert une scolarité normale. Cela ne surprenait pas Margaret, pas plus que le fait qu’il fasse partie des élèves qu’elle allait suivre.

Il arriva à l’heure dite. Il entra et s’adressa à elle un peu timidement. Elle l’accueillit avec un sourire. La pièce comprenait un bureau de travail avec des étagères et de nombreux livres y figurant, certain de psychologie, de psychomagie, des livres moldus, des livres sorciers, un bon nombre de livres sur les créatures magiques et bien d’autre chose. Le fond de son bureau avait été aménagé avec des canapés face à face et un espace plutôt paisible et confortable, qui devait faciliter les échanges.

« Bonjour, Monsieur Lupin, soyez le bienvenu. Asseyez-vous par ici » suggéra-t-elle en lui désignant le canapé. « Désirez-vous une tasse de thé ? Un biscuit ? »

Ils s’installèrent dans le canapé et prit un biscuit, s’efforçant de rendre la situation la plus apaisée possible.

« Très bien, Monsieur Lupin, dites-moi, comment allez-vous ? »

Voilà un élève qui commençait sa thérapie de la façon la plus inquiétante qui soit pour une psychomage. Il semblait complètement noué. Pas forcément fermé à la conversation, mais noué. Elle n’allait pas le forcer à boire ou à manger mais il pourrait toujours changer d’avis si jamais il avait faim ou soif pendant la séance. Elle tenait à ce qu’il soit le plus à l’aise possible, même si elle savait pertinemment que la plupart des patients n’étaient jamais complètement à l’aise lors d’une première séance de thérapie. D’ailleurs, même ceux qui venaient avec la meilleure bonne volonté du monde se demandaient généralement par où commencer.

Remus Lupin ne semblait en tout cas pas désireux de cacher ce qu’il éprouvait. Sa réponse à la question de Margaret était des plus franches, quoiqu’un peu confuse, elle devait bien l’admettre. Compte tenu de la période du mois où l’on se trouvait, il était suffisamment loin de la pleine lune pour qu’elle le considère dans une période neutre où elle pourrait évaluer son état à peu près objectivement. Mais elle savait que ce ne serait pas chose facile compte tenu de sa situation spéciale. Il lui demanda si elle savait et elle décida de ne pas le lui cacher, il serait plus facile pour lui de se livrer ensuite.

« Oui, l’infirmière m’en a parlé et puis, votre dossier le mentionne. Je suppose que c’est quelque chose qui doit beaucoup vous tourmenter au quotidien. Je sais que des dispositions ont été prise pour que vos transformations se passent en toute sécurité, mais cela reste une épreuve. Si vous êtes ici aujourd’hui, c’est aussi pour ça, mais pas seulement. »

Elle n’aimait pas qu’on considère des situations comme unilatérales, surtout en psychomagie. Dans c domaine, il y avait de multiples facteurs et de tout aussi multiples résultats. En conséquence, pour elle, la lycanthropie de Remus ne résumait pas à elle seule qui il était et ce n’était qu’en percevant toute la complexité de son identité qu’elle trouverait comment l’aider concrètement.

« Vous êtes ici parce que nous craignons, moi, mais aussi le reste des personnes qui sont responsables de vous, que vous ne viviez pas votre scolarité au mieux de ce qui est possible. Et nous voulons être certain que vous aurez toujours la conviction qu’une aide vous sera apportée si vous en avez besoin. Et notamment ici, une écoute. Aussi, j’aimerais que vous me parliez un peu de vous et de votre quotidien, sauf s’il y a des choses précises dont vous souhaitez que nous parlions auparavant ? »

Elle était toujours ouverte en premier lieu aux besoins de l’élève. Si le jeune homme avait besoin de parler, elle l’écouterait. Autrement, le plus important était de commencer à dresser un portrait de la situation.

Ce n'était pas parce qu'un élève lui disait que tout allait bien, que ce soit pour s'en convaincre ou la convaincre, ou parce qu'il le pensait sincèrement, que Margaret estimait que les séances ne servaient à rien. Toutefois, l’accent de sincérité dans la voix de Rémus, quand il disait que les choses n'auraient pu mieux se passer pour lui en la circonstance, firent plaisir à la psychomage. S’il y avait une chose dont elle était persuadée, c'était qu'il n'était pas facile de s'intégrer quand on avait une particularité tel que monsieur Lupin l’avait. Et s’il se sentait à son aise dans sa scolarité, c'était que le professeur Dumbledore avait fait le nécessaire comme il fallait que ce soit fait. C’était encouragent.

Au moment où il évoqua les amis qu'il avait pu se faire au cours de ces six années d'études, Margaret eut une pensée pour le petit Peter, qu'elle avait en thérapie depuis plusieurs années déjà, et qui lui avait mentionné Remus Lupin comme l'un de ses amis. Bien évidemment, il ne lui avait pas dit qu'il s'agissait d'un loup-garou, même si Margaret était persuadée que son jeune patient le savait bien. Cela dit, lui et ses amis respectaient les secrets des autres, ce qui était quelque chose que Margaret elle-même respectait beaucoup.

« James Potter, Sirius Black et Peter Pettigrew si je ne me trompe pas ? Oh non, je n'ai pas enquêté sur vous », le rassura-t-elle. « Il se trouve seulement que je suis Peter depuis des années et il m'a beaucoup parlé de vous tous. »

Elle sourit gentiment. Il était évident que le jeune garçon n'avait rien raconté de très grave à propos de ses amis, et par ailleurs, elle ne se fierait pas aux avis de quelqu'un d'autre pour l'analyse d'une personne en particulier. Cela lui faisait plaisir aussi de constater qu'il avait pu accéder au rang de préfet. Avoir une telle responsabilité et une telle considération, pour quelqu'un qui avait Un élément de lui-même qui le faisait sentir concerné par la considération des autres, ça devait être une source de réconfort pour le jeune Lupin.

« Et comment ressentez vous votre tâche de préfet ? Est-ce quelque chose qui vous plaît ? »

Le jeune garçon se confia ensuite à propos de son père qui détestait apparemment les loups-garous. Se sentait-il rejeté à cause de ça ? Cela ne surprendrait pas Margaret mais elle ne pouvait se permettre de juger le comportement du père du jeune homme sans savoir exactement comment il se conduisait avec son fils. À priori, il avait quand même l'air de ne pas lui être hostile, mais Remus ne se sentait quand même pas totalement à l'aise chez lui ce qui était un peu gênant.

« Parlez-moi un peu de la relation que vous avez avec vos parents ! »

La gentillesse de ce jeune homme était particulièrement touchante et Margaret n'aurait pas été surprise d'apprendre qu'il veillait tout particulièrement sur Peter. La façon qu'il avait de parler de lui et du soulagement qu'il ressentait à l'idée qu'il suive une thérapie poussait Margaret à penser que le jeune loup-garou était d'une nature particulièrement altruiste et bienveillante. Cela appuyait le fait que, pour elle, son état de loup-garou ne résumait en rien ce qu'il était et elle espérait qu'il ne laissait personne lui dire le contraire. Elle savait qu'il était parfois difficile d'avoir une haute opinion de soi, surtout lorsqu'on portait un si lourd secret, mais c'était justement la raison pour laquelle cette thérapie avait été décidée.

« Peter est quelqu'un de formidable, c'est dommage qu'il ne s’en rende pas toujours compte. Je dois avouer que de mon côté, je suis heureuse qu'il ait des amis comme vous. »

Remus semblait éprouver de la fierté à son rôle de préfet. Ça aussi, c'était quelque chose d'encourageant du point de vue de la psychomage qu’était Margaret. En effet, s'il trouvait de la fierté quelque part, c'était qu'il était capable d'être fier de lui-même et il était très important, pour la jeune femme, que les personnes s'aiment et s'acceptent telles qu'elles étaient si elles voulaient être un maximum équilibré dans leur vie. Remus semblait seulement regretter le fait de ne pouvoir tempérer un peu plus ses meilleurs amis, avouant se montrer parfois laxiste avec eux.

« Cela peut se comprendre, vous savez. On est toujours différent avec ceux qu’on chérit tout particulièrement. Il ne reste plus qu’à espérer qu'ils s'assagissent avec le temps, puisque ce n'est pas leur préfet qui pourra les aider à ce sujet », acheva Margaret avec un petit sourire malicieux.

Elle avait eu comme une inquiétude quand Remus avait mentionné les réactions de sa famille par rapport à son état. Elle craignait que la famille du loup-garou n’ait un comportement de rejet vis-à-vis de lui, ce qui aurait pu l'empêcher d'accepter ce qu'il était, déjà que ce n'était pas facile au départ. Même s'il avait mal vécu les mesures qu'il avait prises pour l'empêcher de se faire du mal à lui-même aux autres, il s'avérait que selon lui, ce qui avait été fait n'était que pour son bien et que ses parents l'aimaient. Cette certitude, si elle était avérée et fondée, était plus que rassurante. Mais Margaret se demandait s'il le pensait sincèrement où s'il essayait de s'en convaincre lui-même.

« C'est normal que votre père se sente responsable, mais je ne crois pas qu'il le soit. Certains êtres ont du mal à voir les choses comme les autres. Les loups-garous ne sont pas mauvais en soi, mais certains portent en eux la cruauté avant même d'être mordus. Vous n'avez jamais été cruel, Remus, il est peu probable que vous perdiez une telle humanité que celle que vous avez. Ça ne veut pas dire que vous ne soyez pas dangereux en transformation, mais c'est quelque chose que vous pouvez garder comme un trésor. Néanmoins, vivre avec ce fardeau n'est pas facile et je souhaite qu'ici, vous trouviez l'écoute dont vous pourriez avoir besoin. »

La thérapie avec Remus Lupin s'avérait beaucoup plus paisible qu'avec nombre de ses camarades. Ouvert, franc et conscient d'avoir une part de lui-même qui nécessitait un suivi, il permettait à Margaret d'avoir un dialogue beaucoup plus fluide et empreint de réciprocité. C’était le meilleur moyen pour avoir une continuité thérapeutique et pour pouvoir avancer au mieux sur la psychologie de son patient. En effet, plus le patient était coopératif, plus il leur serait possible ensemble de trouver la meilleure solution au problème que cette personne rencontrait. Quand elle parla de ses amis, le petit sourire qu’il eut toucha Margaret au plus profond d'elle-même.

Cependant, malgré toute sa bienveillance et sa gentillesse, il avait peur et c'était bien normal. Quoi de plus normal, en effet, que d'avoir peur du monstre qui sommeillait au fond de lui-même et qui risque de prendre le contrôle tôt ou tard en ne laissant derrière lui dans le cœur de Remus que tristesse et désolation. Car c'était ainsi que Remus craignait qu’agisse le loup en lui. Même si elle n'avait jamais vécu de transformation de ce genre, n'étant pas un loup-garou, Margaret pouvait comprendre cette peur que tout ce qu'il y avait au fond de soi rende le quotidien sombre et angoissant.

Remus avoua carrément qu'il craignait qu'un jour l'animal prenne totalement le contrôle, l'empêchant de redevenir humain. D’après les experts, il n'était pas possible pour un loup-garou de changer radicalement au point que le loup prenne totalement le contrôle en dehors des périodes de pleine lune. Malheureusement, toutes ces recherches étaient très théoriques et il n'y avait aucune preuve pour étayer ces théories. Et on pouvait comprendre que Remus, qui le vivait personnellement, se fie à ses propres sensations plutôt qu’à des théories dont il n’avait peut-être même jamais entendu parler.

« Je peux comprendre cette crainte que vous avez, je ne suis malheureusement pas en mesure de vous dire que cela n'arrivera jamais. Tout simplement parce que je ne possède pas les connaissances nécessaires pour le savoir. À dire vrai, à ma connaissance, personne ne les a. Cependant, ce que je peux dire c'est que vous avez autour de vous des personnes qui feront tout pour vous donner votre humanité, y compris lorsque le loup prend possession de vous. Je pense vous avez tout intérêt à vous accrocher à ceux qui voient en vous tout ce qu'il y a de plus positif et de plus beau. »

Margaret ne s’inquiétait pas pour Remus Lupin comme elle pouvait le faire pour nombre d’autres de ses patients. Il était volontaire, il arrivait à penser à des choses positives et s’il souffrait de sa condition, il était extrêmement constructif dans ce qu’il exprimait que Margaret trouvait ce premier entretien très encourageant. Pour un loup-garou, il faisait la part des choses et montrait infiniment de mesure. Elle lui sourit gentiment. Il aurait peut-être besoin de continuer régulièrement à parler, mais il était plus éclairé que la majorité de ses patients. Elle était touchée par la sagesse et la présence d’esprit dont il faisait preuve.

Quand il acquiesça au fait de se reposer sur ses amis, tout en affirmant qu’il aimerait pouvoir leur rendre ce qu’ils faisaient pour lui, Margaret accueillit sa détermination avec un sourire. Il était vraiment très doux et très bienveillant, et elle était persuadée que jamais sa part loup-garou ne pourrait faire qu’un tel enfant fasse du mal à qui que ce soit. Il avait trop de belles choses en lui pour se faire dominer par son statut de loup-garou. Elle aurait bien voulu le lui certifier, mais elle n’aurait aucune crédibilité pour le faire. Il devait pouvoir se faire confiance, mais elle savait que ce n’était pas aussi simple.

« Peut-être le faites-vous déjà, mais ne le savez-vous tout simplement pas. On ne se rend pas toujours compte de ce qu’on apporte aux autres, surtout que ce sont pas des sujets faciles à évoquer sans gêne. »

C’était un discours qu’elle tenait à beaucoup de gens, et notamment à Peter d’ailleurs. Mais en général, ils ne l’écoutaient pas. Elle ne savait pas si Remus, lui, l’écouterait davantage. Mais cela lui donnait une idée pour approfondir leur échange, qui pourrait peut-être lui donner des indices sur la façon dont Remus Lupin percevait la vie qu’il menait en général.

« Parlez-moi de vos amis, j’aimerais comprendre la façon dont vous les voyez. Non seulement vos trois meilleurs amis, mais les autres aussi. »

Margaret avait déjà eu des échos concernant James Potter et Sirius Black. Le jeune Black était un des élèves qu'elle avait en thérapie. Tout le monde disait que ces garçons ne se prenaient pas pour rien et qu'ils n’hésitaient pas quand il s'agissait de faire les beaux. Mais Margaret était bien placée pour savoir que rien n'était plus facile que de jouer la comédie au quotidien et de porter un masque pour camoufler ses blessures. Elle était persuadée que ces garçons avaient ce genre de comportement. Si elle se fiait à ce qu'elle connaissait de Sirius Black, ça ne la surprendrait pas plus que ça.

« Il y a beaucoup de provocations dans ces jeunes garçons, mais ce sont des adolescents c'est normal. C’est pour cela que je parlais de votre vision à vous. Elle vous est propre et peut vous aider à avancer. »

Peter avait de la chance d'avoir des amis comme Remus qui le poussaient en avant et qui l'aidaient à croire en lui. Margaret savait que les quatre maraudeurs en faisaient partie, mais elle savait aussi que le résultat n'était pas aussi efficace que ce qu'elle aurait voulu. Le jeune homme était encore bien perturbé et elle savait qu'il faudrait du temps pour qu'il accepte enfin l'idée qu'il n'était pas inutile, s'il l’acceptait un jour. Bien entendu, elle aurait pu demander l'aide au jeune homme qui était devant elle à ce sujet, mais ce n'était pas dans les habitudes de Margaret de demander à un patient d'en aider un autre.

Il poursuivit en mentionnant d'autres personnes qui semblaient un peu plus éloignées de lui mais pour qui il avait tout de même de l'affection. C’était ces personnes-là qui intéressaient maintenant la psychomage qui voulait étendre un peu ce qu'elle connaissait de l'entourage du jeune loup-garou. Ce fut donc sur ces noms qu'elle rebondit.

« Mary McDonald ? » demanda-t-elle. « A moins que vous ne parliez de cette jeune Poufsouffle qui a des talents de guérisseuse, je crois ? »

Elle était dans dans le même dortoir que sa petite protégée et Margaret savait que cette jeune fille faisait très attention à ce que Abigeal ait tout ce qu'il lui faut et se sente bien dans le dortoir.

« Damoclès… Pandora… je ne connais pas ces personnes. Pourriez-vous m'en parler un peu ? »

Elle était curieuse de savoir quel genre de personne il fréquentait et se demandait à quel point cela l'aidait à s'en sortir quand il ne se sentait pas bien.

La psychomage connaissait moins bien O’Neill que McDonald, pour la bonne raison que l'une était avec elle en thérapie et l'autre non. Mais la jeune Poufsouffle était dans le même dortoir que sa protégée et par voie de conséquence, elle était amenée à lui parler. Margaret envisageait d'ailleurs de lui parler plus longuement du fait qu'elle était issue d'une famille de guérisseuse avec apparemment un niveau assez conséquent dans l'acquisition actuelle de son héritage. Elle se demanda quel était le lien entre elles et son patient qui semblait la percevoir comme une amie proche. Elle pourrait être un sujet d'appui pour la thérapie.

« Dites-m’en plus ! Que partagez-vous avec elle ? »

Il y avait une chose assez évidente aux yeux de Margaret, c'était que le jeune homme, malgré ce que l'on pourrait considérer comme un handicap social, ne manquait pas d'avoir beaucoup d'amis. En dehors du fait qu'il toléré avec peu de bienveillance sa différence, il semblait équilibré et bienveillant et il semblait qu'il voulait davantage veiller sur ses amis que causer des soucis ou provoquer du trouble. Bien évidemment, il faisait partie des maraudeurs et à ce titre, participait à beaucoup de leur blagues. Mais pour Margaret, c'était un autre signe encourageant pour un élève comme Remus qui prouvait qu'il était capable de dépasser sa condition.

Elle l’interrogea sur les autres amis qu'il avait mentionné afin de jauger un peu plus sa façon de parler des autres. Elle avait déjà remarqué une certaine bienveillance exemple d'un certain jugement, ce qu'elle respectait. Mais elle se demandait si cela cachait un peu de manque de confiance en soi ou s'il s'agissait juste d'un comportement gentil. En lui parlant, la psychomage avait envie de penser qu'il s'agissait du premier cas, car c'était vraiment la douceur et la bienveillance que lui inspirait le jeune Gryffondor. Il lui répondit d'ailleurs sans essayer de se dissimuler.

« Cela doit vous faire du bien d'avoir quelqu'un à vos côtés qui s'efforce de vous faire voir les choses sous un autre angle, que ce soit quelqu'un de très positif comme Damoclès, ou simplement en s'exprimant à travers un autre filtre comme votre ami Pandora. Et ce n'est pas une mauvaise chose que vos amis vous apportent une autre vision de la vie, le vôtre pouvant être faussée par vos émotions. Ressentez-vous qu’être entouré de toutes ces personnes change quoi que ce soit dans la façon dont vous vous voyez vous-même ? »

Elle ajouta une question qui n'allait pas manquer de troubler et poser quelques problèmes au jeune homme mais c'était volontaire de sa part.

« Pensez-vous que toutes ces personnes vous verraient différemment si elles connaissaient votre secret ? »

Margaret se souvint maintenant, en entendant les confidences de Remus, qu’elle avait plusieurs fois vu la petite O’Neill dans l’infirmerie. Elle comprit qu’elle profitait de son expérience familiale pour aider l’infirmière de l’école, et notamment à s’occuper du loup-garou. C’était généreux de sa part de donner de son temps libre pour ses camarades dans la peine et dans la souffrance. Et cela faisait visiblement du bien au jeune homme de l’avoir dans sa vie. Le fait qu’elle le traite normalement tout en sachant qui il était donnait de la force à Remus et Margaret savait à quel point ce genre d’amitié pouvait faire la différence en matière d’estime de soi.

A priori, on avait également affaire à une jeune fille clairvoyante, qui ne laisserait pas Remus se cacher derrière des semblants de tout va bien. Il pouvait lui avouer la vérité, et se montrer tel qu’il était sans jugement. C’était important d’avoir de tels amis. Et le fait qu’elle l’ait vu, par ailleurs, dans les états les plus terribles qui soient faisait que si elle l’acceptait maintenant, il pouvait être sûr qu’elle accepterait toujours son amitié. Finalement, c’était plus simple quand tout était clair et que les choses n’étaient pas forcées d’être dissimulées.

« Effectivement, cette amitié ne peut vous faire que du bien. Il est précieux d’avoir une personne en qui vous pouvez avoir confiance en toute circonstance et quelle que soit votre… apparence. »

Elle ne tenait pas spécialement à mettre l’accent sur l’état post lune, mais c’était lors de ces périodes qu’il avait forcément le plus besoin de soutien. Margaret avait conscience que ce n’était pas forcément facile pour lui d’augmenter son estime de lui-même, y-compris quand on avait des amis qui vous épaulait et vous acceptait. En fait, quand on avait un tel secret que celui du loup-garou, il était particulièrement difficile de se croire être quelqu’un de bien. Et c’était bien pour mettre en évidence qu’il l’était que Margaret lui parlait de ses amis.

Mais ce fut lorsqu’il avoua que tous ses amis étaient au courant de ce qu’il était, sauf Damoclès. Margaret en fut surprise, mais toutefois agréablement surprise. Elle se demanda toutefois si c’était lui-même qui avait parlé de son secret ou si cela avait été d’autres circonstances. Cela n’en dirait pas la même chose en ce qui concernait la psychologie de Remus, mais les conséquences seraient les mêmes. Il avait autour de lui des gens qui le savaient et qui ne fuyaient pas. Dans tous les cas, c’était quelque chose d’extrêmement positif.

« Comment l’ont-ils su ? Est-ce vous qui le leur avait dit ? »

Il n’était pas facile de posséder certaines caractéristiques qui vous faisaient être stigmatisé par la population. En tant que Née-Moldue, Margaret avait un peu vécu cela à l’époque de son adolescence, car les Sangs-purs avaient tendance à s’intéresser à elle du fait de son éducation. Cela dit, elle annonçait avec fierté ses origines car elle était fière de qui elle était et de sa famille, même née de Moldus. Après tout, elle avait dansé avec le prince d’Angleterre. Ces sangs-purs prétentieux ne pouvaient en dire autant. Mais cette particularité, son sang moldu, elle le partageait avec un bon nombre des siens. Les sorciers de parents moldus, il y en avait beaucoup.

Les loups garous étaient, certes, nombreux, plus que certains ne le pensaient. Mais ce n’était pas le cas à Poudlard et puis, la majorité des lycanthropes n’étaient pas des plus doux et paisibles. La rumeur qui voulait que tous les loups garous soient de sanglants prédateurs était exagérée. En revanche, il restait difficile de trouver des lycanthropes qui ne soient pas avides de sang et avec qui quelqu’un comme Remus aurait pu échanger pour se rassurer ou simplement pour en savoir plus. Et Margaret n’avait évidemment pas ce genre de contact. Elle ne pouvait l’aider sur ce point.

Mais il était inquiet que son secret ne s’évente. Il y en avait déjà, heureusement, des amis sincères, qui avaient découverts sa véritable nature. Ces personnes l’avaient accepté parce qu’elles connaissaient toutes l’homme derrière le loup. Mais il ne pouvait être sûr que toute personne qui découvrirait la vérité aurait la même compréhension à ce sujet, et c’était bien normal. Les lycanthropes faisaient peur. Ils faisaient assez peur pour que Remus ait peur de lui-même. Si même lui ne pouvait s’assurer à lui-même qu’il ne changerait pas à-cause de cela, des inconnus ne pouvaient le faire.

« C’est complexe, car les loups garous font partie du programme d’enseignement de Poudlard, en Défense contre les Forces du Mal, ainsi que la façon de les reconnaître. Le rythme de vos absences, associé à la période du mois correspondant est déjà un gros indice. Cela dit, vous devez bien garder en mémoire que peu de gens se préoccupent réellement de qui fait quoi, et quand. Tout le monde n’est pas en train de surveiller vos faits et gestes et l’on peut espérer que seuls ceux qui vous fréquentent beaucoup s’en rendent compte. C’est en tout cas, je le sais, l’espoir du professeur Dumbledore. »

Elle garda le silence un instant avant de poursuivre, afin de mesurer ses propos et de ne pas lui faire peur. Elle ne tenait pas à l’inquiéter plus que nécessaire. Elle cherchait surtout à le tranquilliser un maximum.

« Quoi qu’il advienne, n’oubliez pas que les études sont un droit que vous avez. Bien entendu, la sécurité est de mise, et si elle était mise en péril, les responsables devraient être punis, mais ce responsable ne saurait en aucun cas être vous, à moins que vous ne soyez à l’initiative d’une malveillance sur un camarade, ce qui ne vous ressemble pas. Aussi, gardez bien en tête que vous êtes légitime à Poudlard et nul n’aurait droit de dire le contraire, tant que votre comportement ne contrevient pas aux règlement de l’école et que vous vous soumettez au protocole spécialement prévu pour vous. »

Ce n’était pas une réalité que Margaret avait voulu lui mettre en face de la figure, mais c’était pourtant quelque chose des plus concrets. La plupart des personnes qui se trouvaient à Poudlard n’avaient pas spécialement envie de fouiller dans la vie d’un des élèves, au point de pouvoir deviner que Remus était un loup-garou, et ce n’était pas plus mal, au fond. Il devrait être rassuré de ne pas être une cible potentielle pour des gens curieux. Mais la psychomage avait plutôt l’intuition qu’il utilisait cette réalité pour se diminuer encore. La faculté de Remus Lupin de se considérer comme inutile était sans limites.

« C’est plutôt une bonne chose. Nous n’avons pas envie que tout le monde sache et que cela vienne aux oreilles de personnes malintentionnées. »

Le plus important, c’était qu’il prenne conscience que sa présence à Poudlard était normale et logique du fait qu’il était un sorcier. Il avait le droit d’y étudier. D’ailleurs, si tel n’avait pas été le cas, Dumbledore ne l’aurait jamais fait venir à l’école et il n’aurait pas tout mis en place pour que Remus puisse étudier en toute sécurité pour lui-même et pour les autres. Le simple fait qu’il ait eu tout ce qu’il y avait en œuvre pour l’aider, cela prouvait qu’il était légitime, même si le lycanthrope avait forcément du mal à s’en convaincre. Il manquait décidément de confiance.

« Gardez-le en mémoire, c’est très important, Monsieur Lupin. »

En réalité, tant qu’il était à Poudlard, il bénéficiait d’une certaine considération, d’un certain appui, d’un certain soutien. Mais ceux-ci disparaîtraient ensuite pour lui permettre d’entrer dans le monde des adultes. Mais le monde des adultes ne serait pas aussi bienveillant envers un loup-garou que Poudlard. Il ne servait à rien de tenter de lui mentir ou de lui cacher la vérité. Il valait mieux résoudre cet état de fait en avance, dès maintenant, plutôt qu’il se voile la face et affronte le drame quand il quitterait l’école. Il était lucide, il ne fallait pas l’inciter à replonger dans un rêve.

« Je ne vous raconterai pas d’histoires, Monsieur Lupin. La vie des lycanthropes adultes n’est pas simple. Mais vous êtes fort, vous avez des amis qui ne vous lâcheront pas, et vous avez un grand potentiel. Vous devez faire confiance à vos acquis et, si vous le pouvez, vous en construire d’autres. C’est ce qui vous permettra de tenir debout, le moment venu. »